Jugé pour avoir attaqué des policiers avec un marteau
La radicalisation de Farid Ikken a stupéfié son entourage
Ex-journaliste, interprète en langues arabe et suédoise, doctorant. Et jugé à partir de ce lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris pour tentative d’assassinat à caractère terroriste. C’est peu dire que le profil de Farid Ikken, érudit algérien de 43 ans, installé en France depuis 2014, surprend. L’affaire remonte au 6 juin 2017. Il est près de 16h20 lorsque cet homme au visage anguleux arrive sur le parvis de Notre-Dame (4e). Au milieu de la foule, il repère trois policiers. Armé d’un marteau, il se précipite vers l’un d’eux en hurlant : «C’est pour la Syrie!» et lui assène un coup à l’arrière du crâne. Alors que Farid Ikken menace de le frapper à nouveau, un des fonctionnaires riposte, le blessant au thorax. Mais l’homme continue d’avancer en direction du policier blessé. Ce dernier parvient à se relever et tire à son tour, stoppant l’assaillant.
Lors de ses auditions, Farid Ikken, dont le casier est vierge, a réfuté avoir eu l’intention de tuer, affirmant avoir frappé «mollement» sa victime. Celui qui se présente comme un « moudjahidin » explique avoir voulu attirer l’attention sur la situation en Syrie et en Irak et dénoncer l’intervention de l’armée française. Si les juges d’instruction ont noté une «adhésion sans faille aux thèses et à l’idéologie » de Daesh, l’annonce de sa radicalisation a fait l’effet d’un coup de tonnerre dans son entourage. «C’est incompréhensible, confie aux enquêteurs son directeur de thèse. Cette attitude est diamétralement opposée aux idéaux que je lui connais.»
«Pétage de plombs»
Quand Farid Ikken a-t-il basculé dans l’islam radical? L’intéressé indique que sa pratique religieuse s’était intensifiée une dizaine de mois avant son passage à l’acte. Pour tenter de comprendre sa radicalisation, ses proches pointent la vie qu’il menait depuis son arrivée en France. Sa thèse piétinait, il vivait seul dans un petit studio, n’avait pratiquement aucune relation sociale. Son seul ami connu attribue son geste à un « pétage de plombs dû à son isolement social». Farid Ikken encourt trente ans de réclusion criminelle.