20 Minutes

«Je gagnais bien ma vie avec mon trafic de stupéfiant­s»

Mohamed Farès, soupçonné d’avoir fourni des armes, était entendu mercredi

- Caroline Politi

Encore aujourd’hui, Mohamed Farès ignore qui a livré son nom à la justice. Qui, deux ans après les attentats de janvier 2015, a écrit à la juge d’instructio­n chargée des investigat­ions pour l’inviter à s’intéresser à lui, dealeur notoire de la région lilloise? «J’ai bien quelques hypothèses, peut-être dans le réseau familial, mais je n’ai aucune certitude », confie l’accusé qui encourt vingt ans de réclusion criminelle, devant la cour d’assises spéciale. Mohamed Farès ne s’en cache pas, il a menti tout au long de l’instructio­n, c’était même sa «ligne de défense». «J’ai fait l’idiot», reconnaît le trentenair­e tout en expliquant avoir eu peur que son nom soit mêlé à une affaire de terrorisme. C’est pour cette raison qu’il a nié à plusieurs reprises connaître deux autres accusés, Saïd Makhlouf et Amar Ramdani. Confronté à des indices provenant de l’analyse de sa téléphonie, il a finalement reconnu que ces derniers étaient venus le voir à Roubaix à trois reprises entre octobre et décembre 2014. Pendant cette période, lui-même s’est rendu deux fois en pleine nuit dans la région parisienne. Aux yeux de l’accusation, ces allées et venues étayent l’hypothèse que les trois hommes ont joué les intermédia­ires entre des vendeurs d’armes en Belgique et Amedy Coulibaly.

«Zéro élément matériel»

Mohamed Farès jure qu’il s’agissait en réalité d’un trafic de drogue. «Les armes, c’est une peine à deux chiffres, insiste l’accusé. Avec mon trafic de stupéfiant­s, je gagnais bien ma vie, j’avais pas besoin de ça.» Qui croire au milieu de cet enchevêtre­ment de mensonges? «Dans le volet armes, si on compte le nombre de versions des uns et des autres, c’est effarant», soupire le président. Après une matinée d’audition, les zones d’ombre semblent plus épaisses encore. Mohamed Farès a-t-il réellement joué les intermédia­ires? «Il y a zéro élément matériel», déplore son avocate, Safia Akorri, qui affirme que le dossier n’est bâti que sur du déclaratif.

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L’accusé a nié avoir joué les intermédia­ires devant la cour.

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