C’est une mesure dans l’air du temps
L’efficacité du port du masque à l’extérieur, obligatoire à Paris et dans la petite couronne depuis le 28 août, est difficile à évaluer
Il y a d'abord eu quelques rues commerçantes, puis certains quartiers particulièrement fréquentés. Enfin, depuis le 28 août, c'est dans toute la capitale et la petite couronne que le port du masque est obligatoire en extérieur. Une décision prise pour tenter de limiter le rebond épidémique et la saturation du système de santé. Plus de six semaines après sa généralisation, comment évaluer l'efficacité de cette mesure ?
« Les pouvoirs publics ont pris presque simultanément tout un arsenal de mesures [notamment la fermeture des gymnases et des bars] pour freiner la progression de l'épidémie, note Michèle Legeas, enseignante à l'Ecole des hautes études en santé publique. Nous n'avons pas de recul pour dire laquelle a été efficace. » Dans les lieux clos, l'obligation du port du masque a été relativement bien acceptée, faisant la quasi-unanimité dans les milieux politique et scientifique, mais la question de son extension dans l'espace public a suscité de plus amples polémiques. D'abord parce qu'il n'existe aucune étude scientifique sur le sujet, mais aussi car la question même des contaminations en extérieur reste hypothétique. Une étude japonaise menée au printemps sur 110 cas estime que le risque de contamination dans un environnement intérieur est 18,7 fois supérieur qu'en extérieur.
Principe de précaution
Interrogée, l'agence régionale de santé (ARS) n'a relevé aucun cluster en Ilede-France impliquant un événement exclusivement extérieur. « Lors des “contacts-tracings”, certaines personnes nous disaient que la soirée avait seulement eu lieu dans le jardin, mais on sait bien que, même lorsque des convives ont passé le plus clair de leur temps dehors, ils sont parfois à l'intérieur, précise l'ARS. On ne peut pas savoir précisément où ils ont été contaminés. »
Les autorités sanitaires plaident néanmoins pour le principe de précaution, notamment dans les zones densément peuplées, dans lesquelles la distanciation sociale est difficilement applicable. «Il y a encore beaucoup de choses que nous ignorons sur ce virus, insiste l'agence régionale de santé. Il vaut mieux être dans le “trop” que dans le “pas assez”. »