«On souffre des politiques appliquées sur des préjugés»
Un documentaire revient sur la première marche des fiertés en banlieue, à Saint-Denis
L’événement était inédit. Le 9 juin 2019, plus d’un millier de personnes défilaient pour la première marche des fiertés en banlieue, à Saint-Denis. En tête des revendications, la dénonciation des discriminations contre les personnes LGBT habitant en banlieue. Mercredi, tandis que la ministre déléguée à l’Egalité femmes-hommes, Elisabeth Moreno, a présenté son plan contre les discriminations anti-LGBT, est sorti en salles un documentaire sur cette manifestation, La Première Marche.
«Quand on est banlieusard, on naît et on grandit en sachant qu’on n’est pas grand-chose dans le monde, explique Youssef, femme trans militante, un des piliers du projet. A travers ce film, on veut montrer que les banlieusards sont des êtres humains dotés de profondeur. On veut faire comprendre aux gens qu’il est temps d’arrêter d’appliquer des politiques publiques sur des préjugés, parce qu’on en souffre dramatiquement. »
Professeur de lettres depuis quinze ans à Saint-Denis et ex-président d’Act UpParis, Jérôme Martin a participé à cette marche «réussie». «Nous sommes dans un Etat qui ne reconnaît pas les trans, où les homos se font agresser quotidiennement, raconte-t-il. Il est impossible de nier la réalité systémique de l’homophobie et de la transphobie. »
«Investir l’espace public»
«Ce qu’il faut, c’est demander des comptes à l’Etat, sensibiliser, éduquer et légiférer en direction des LGBT », estime Youssef. Pour elle, seul l’accès aux ressources sur ces questions permettra d’avancer. «En banlieue, il y a quand même un tissu associatif, certes menacé par le manque de financements, qui aide les gens», indique Youssef. Maintenant, il faut investir l’espace public à fond. » Pour l’heure, toutes les interventions prévues ont été mises en suspens à cause de la crise sanitaire. L’équipe espère toutefois pouvoir organiser une nouvelle édition de leur marche banlieusarde.