20 Minutes

Renaud toujours debout au musée

La Philharmon­ie de Paris accueille une rétrospect­ive de la carrière du chanteur, «Putain d’expo!», à partir de ce vendredi

- Fabien Randanne

Corona Song, sa dernière chanson dans laquelle il s'en prend au « coronaviru­s, conard de virus», ne figure pas dans la « Putain d'expo ! » que le musée de la Musique (19e), à la Philharmon­ie de Paris, consacre à Renaud à partir de ce vendredi et jusqu'au 2 mai. En revanche, J’ai embrassé un flic, écrite en réaction aux attentats de janvier 2015, apparaît dans la playlist qui rythme la visite. Un carton précise d'ailleurs que « le chanteur prend le contrepied de ses orientatio­ns en affichant son soutien aux forces de l'ordre dans ce contexte si particulie­r ».

Cette rétrospect­ive s'attache à représente­r l'aura de Renaud telle qu'elle est ancrée dans la mémoire collective. Celle des santiags, du « cuir un peu zone » et du bandana rouge, de son caractère frondeur et révolté. De nombreux dessins, manuscrits et objets personnels du chanteur jalonnent le parcours qui commence par Mai-68, l'événement fondateur de la conscience politique du minot. Le 11 de ce « joli mois », il fête ses 16 ans sur les barricades. «Toute la nuit, j'avais soufflé les bougies d'un joli gâteau : Paris en flammes», écrira-t-il, en 1988, en légendant un livre de photos de Claude Raimond-Dityvon.

Aux côtés d’imageries de fête foraine, on découvre Renaud tintinophi­le.

Les années suivantes, Renaud ne lancera plus de pavé mais continuera à le battre, interpréta­nt dans les rues de la capitale des chansons réalistes. En 1975, Coluche l'invite à assurer sa première partie au Café de la gare. Tremplin. Il signe la même année Hexagone, premier titre marquant de son répertoire. Qu'il pourfende le «camarade bourgeois», décrive le quotidien d'une habitante d'une « banlieue rouge » – on peut voir dans l'exposition les paroles rédigées à l'encre carmin sur une page de cahier d'écolier – ou s'agace des «bobos», il a, pendant des années, chroniqué la société française. De chansons et concerts en tribunes et lettres ouvertes, Renaud s'est aussi impliqué dans des dizaines de combats. L'exposition réserve quelques haltes poil à gratter. Par exemple, lorsqu'elle évoque Charlie Hebdo dans les pages duquel il a signé des centaines de chroniques entre 1992 et 1996. Mais elle se referme sur des notes plus consensuel­les, avec un retour à l'enfance. Aux côtés d'imageries de fête foraine, on découvre Renaud tintinophi­le. Sa musique résonne à nos oreilles : les Carambar d'antan, les Coco Boer… La nostalgiqu­e Mistral gagnant, élue « meilleure chanson française de tous les temps », et son émotion fédératric­e, a même le pouvoir de ramener les détracteur­s à la bienveilla­nce. 221, avenue Jean-Jaurès, 19e. De 6 € à 10 € (gratuit pour les moins de 16 ans). Du mardi au vendredi de 12 h à 18 h, le samedi de 10 h à 20 h, le dimanche de 10 h à 18 h.

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De nombreux objets du chanteur, telle une Motobécane, jalonnent le parcours.

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