La RATP veut prendre le train de l’intelligence artificielle
La régie expérimente des caméras capables d’envoyer des images en temps réel
Un algorithme permettra-t-il bientôt de détecter un colis suspect dans un RER ou une femme victime de harcèlement sexuel dans un bus? C’est en tout cas le voeu formulé par Valérie Pécresse. «L’intelligence artificielle sans identification personnelle doit pouvoir être déployée rapidement dans les transports en commun », a insisté la présidente (Libres) de la région et d’Ile-de-France Mobilités, jeudi, en marge de la présentation par la RATP d’un nouveau type de caméras de surveillance.
Moduler les interventions
Expérimenté dans trois bus de la ligne 170, ce dispositif a pour spécificité de transmettre en temps réel les images de surveillance au PC sécurité. Les agents peuvent ainsi moduler les interventions en fonction des difficultés rencontrées. Et, à terme, la régie des transports souhaite pouvoir s’appuyer sur l’intelligence artificielle pour affiner ce dispositif de vidéosurveillance. «En pratique, il suffirait d’ajouter un programme pour filtrer les images, repérer, par exemple, des gestes brusques qui pourraient être ceux d’une bagarre», précise sa présidente, Catherine Guillouard. En clair : un algorithme permettrait un traitement plus efficient des images, en orientant l’opérateur sans surcharger le PC sécurité. Depuis plusieurs années, la RATP nourrit l’idée d’utiliser l’intelligence artificielle pour améliorer la sécurité dans les transports. En mai, des caméras capables de détecter la présence d’un carré de tissu sur le visage avaient été déployées dans la station Châtelet-Les-Halles afin de mesurer le bon respect du port du masque. Un test avorté au bout d’un mois, la Commission nationale de l’informatique des libertés estimant que le «droit d’opposition», qui permet de refuser d’être filmé, n’était pas garanti.
Valérie Pécresse s’est d’ores et déjà dite favorable à la création d’une peine complémentaire d’interdiction de paraître dans les transports pour les délinquants multirécidivistes. Depuis la fin du premier confinement, les actes de délinquance y ont fortement augmenté : rien qu’au mois de septembre, les vols à la tire ont bondi de 18 %.