Attal travaille ses réseaux
Le porte-parole du gouvernement investit les plateformes Web pour sensibiliser les jeunes à la crise sanitaire
Création d’un compte Twitch, live Instagram, émission sur Fun Radio… Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, a investi ces dernières semaines les canaux d’information privilégiés des jeunes pour tenter de les sensibiliser à la crise sanitaire. « Il y a eu une demande de l’Elysée, du président de la République, de mobiliser le gouvernement “pour parler” aux jeunes, explique à 20 Minutes l’entourage du secrétaire d’Etat. Gabriel Attal a été missionné pour communiquer avec eux afin de faire de la pédagogie.» Pour s’adresser à cette partie de la population, le benjamin du gouvernement a donc investi les grandes plateformes Web. « On a essayé d’adopter une stratégie de communication différente visà-vis de ce public, explique son entourage. Gabriel Attal a créé un compte Twitch, il a aussi sa chaîne YouTube, des comptes Twitter et Facebook, et il a une communication très proactive via son compte Instagram. »
« Le gouvernement se comporte comme une vieille marque qui souhaiterait devenir tendance.» Philippe Moreau Chevrolet, enseignant en communication
Le porte-parole du gouvernement a également décidé de se tourner vers des influenceurs, aux centaines de milliers d’abonnés. La youtubeuse française Marie Lopez, alias EnjoyPhoenix, connue pour ses tutos beauté, a animé le 1er novembre un live avec Gabriel Attal, axé sur la crise sanitaire. Le direct, sous forme de questions-réponses, a été vivement critiqué par les internautes. «Organiser ce genre d’opération de communication risque surtout d’attirer des trolls, explique à 20 Minutes Philippe Moreau Chevrolet, enseignant en communication politique à Sciences po. Il ne suffit pas d’être sur les réseaux sociaux pour parler aux jeunes. Il serait plus utile de maîtriser les codes d’Internet plutôt que de faire appel à des influenceurs. On a l’impression que le gouvernement se comporte comme une vieille marque qui souhaiterait devenir tendance. Mais si vous n’avez pas une appétence naturelle pour les réseaux, ça se voit tout de suite et ça provoque un effet de rejet.» « Nous nous inspirons beaucoup de ce qui se fait aux Etats-Unis, précise le cabinet du porte-parole. Les trois quarts des campagnes se font là-bas sur les réseaux sociaux. » Il reste du chemin à parcourir pour en arriver là en France. « Boris Johnson en Grande-Bretagne, Matteo Salvini en Italie et Donald Trump aux Etats-Unis savent utiliser le langage des réseaux sociaux et parler aux plus jeunes, reprend Philippe Moreau Chevrolet. Les politiques français ne savent pas le faire. Ils considèrent encore la culture numérique, celle des jeunes, comme une sous-culture. Pourtant, aujourd’hui, c’est là que tout se passe. »