20 Minutes

«Les ofnis, c’est la roulette russe»

Ennemis jurés des skippeurs, certains objets flottants non identifiés passent sous les radars des nouvelles technologi­es

- William Pereira

«Le réveil est un peu dur», ne cache pas Jérémie Beyou, skippeur de Charal et favori de la course, dont le safran tribord a rendu l’âme après trois jours de course à la suite d’une collision avec un ofni, l’obligeant à rentrer aux Sables-d’Olonne pour réparer les dégâts. L’ofni – objet flottant non identifié – est au Vendée Globe ce que la carapace bleue à épines est à «Mario Kart» : l’expression pure et simple du courroux divin. Et, pour ne rien arranger, ils peuvent être n’importe où sur la route des skippeurs. Dans l’Atlantique Nord et Sud, ils ressemblen­t à «des palettes de bois, des troncs d’arbres et des mammifères marins», liste Vincent Riou, vainqueur de la course en 2004. Dans les mers du Sud, ce sont «principale­ment des mammifères marins et de la glace, car ce sont des eaux moins polluées». Autant de petites et grandes choses qui mettent à rude épreuve les nerfs des équipes de skippeurs. «C’est un peu le drame de notre métier, on a beau essayer de tout prévoir, il y a toujours des situations qui restent imprévisib­les, lâche Laurent Bourguès, directeur technique de Thomas Ruyant, sur LinkedOut. Les ofnis, c’est vraiment la roulette russe.»

Un risque diminué de moitié

Faut-il pour autant remettre en cause les avancées techniques en matière de détection des carapaces rouges des mers? «On a quand même résolu pas mal de problèmes grâce aux systèmes qu’on a mis en place sur les bateaux et qui nous permettent de voir une grosse moitié des choses avec lesquelles on peut rentrer en collision, calme Riou. Donc ça a quand même diminué le risque au moins de moitié.» Même avis du côté du team Ruyant : «Cette année, la plupart de la flotte est équipée d’un système oscar, une caméra thermique avec deux types d’ondes en visible et en infrarouge, c’est issu de l’automobile. Ces systèmes progressen­t année après année, course après course, et permettent de voir ce qui n’est pas visible. »

Pour faire court, la course à l’armement anti-ofnis revêt plusieurs enjeux majeurs. Voir, traiter les données et intervenir à temps. A l’heure actuelle, les obstacles de grande dimension ne posent plus problème. La plupart des bateaux, du cargo au pêcheur, sont équipés d’AIS (un système qui aide à la navigation), et, pour ceux qui ne le seraient pas, le système oscar est en mesure de les repérer.

En revanche, précise Laurent Bourguès, «ce qui se passe à l’interface de l’eau et de l’air, c’est compliqué à regarder, parce que ça fait des interféren­ces. Un truc semi-immergé, un animal, un bout de bois, une bouée, on ne sait pas le voir correcteme­nt. »

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Jérémie Beyou a dû faire demi-tour après trois jours à cause d’une collision.

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