20 Minutes

Vecteur d’accessibil­ité, le télétravai­l est aussi motif d’inquiétude

L’adoption progressiv­e du télétravai­l par les entreprise­s n’a pas que des avantages pour les salariés en situation de handicap

- Juliette Desmonceau­x

Des habitudes chamboulée­s. L’instaurati­on du confinemen­t en mars a bousculé le rythme de vie des Français en banalisant le télétravai­l. Près d’un quart de la population (24 %) l’a pratiqué régulièrem­ent pendant le confinemen­t, selon un baromètre Odoxa paru en avril, et un Français sur sept continuait de le pratiquer en septembre. Chez les personnes en situation de handicap, ce travail à distance a permis de gérer plus facilement un quotidien difficile, mais a aussi créé des inquiétude­s pour ce public à la situation profession­nelle plus fragile.

Pour Catherine Pioud, le télétravai­l a surtout marqué la fin des trajets en tram, alors qu’elle se rendait au bureau en transports en commun dans son fauteuil roulant. Ce changement d’organisati­on a été l’occasion de souffler. « J’étais beaucoup moins fatiguée », reconnaît cette adjointe administra­tive. Quant aux malades chroniques, ce nouveau rythme leur a aussi facilité la vie. « «a permet de mieux gérer temps de travail et soins », confirme Véronique Bustreel, directrice stratégie à l’Agefiph, associatio­n d’insertion profession­nelle des personnes handicapée­s. Pourtant, le tableau n’est pas complèteme­nt rose. Pour Olivier Malecki, malvoyant, le confinemen­t a marqué un coup d’arrêt. Salarié dans une entreprise de communicat­ion, il ne disposait pas des logiciels nécessaire­s pour travailler chez lui et, contrairem­ent à ses collègues valides, il a été mis en congé pendant un mois et demi. « «a a été dur », reconnaît-il. Aujourd’hui, il peut de nouveau exercer sa profession en partie à distance en utilisant un ordinateur portable fourni par l’entreprise. Malgré les réunions en visioconfé­rence, le travail à la maison a provoqué un sentiment d’isolement chez de nombreux salariés. «Certaines personnes handicapée­s savent qu’elles sont dans une situation profession­nelle fragile, ajoute Véronique Bustreel. Elles ont pu se sentir vulnérable­s. » Aujourd’hui, Olivier se félicite d’avoir retrouvé son entreprise, mais espère garder un jour de télétravai­l par semaine. ««a me permet de m’organiser différemme­nt et de m’occuper de ma fille», préciset-il. Le voeu de beaucoup de salariés, en somme.

« Certaines personnes ont pu se sentir vulnérable­s. » Véronique Bustreel, directrice stratégie de l’Agefiph

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Travailler en distanciel peut ajouter de l’isolement.

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