Vecteur d’accessibilité, le télétravail est aussi motif d’inquiétude
L’adoption progressive du télétravail par les entreprises n’a pas que des avantages pour les salariés en situation de handicap
Des habitudes chamboulées. L’instauration du confinement en mars a bousculé le rythme de vie des Français en banalisant le télétravail. Près d’un quart de la population (24 %) l’a pratiqué régulièrement pendant le confinement, selon un baromètre Odoxa paru en avril, et un Français sur sept continuait de le pratiquer en septembre. Chez les personnes en situation de handicap, ce travail à distance a permis de gérer plus facilement un quotidien difficile, mais a aussi créé des inquiétudes pour ce public à la situation professionnelle plus fragile.
Pour Catherine Pioud, le télétravail a surtout marqué la fin des trajets en tram, alors qu’elle se rendait au bureau en transports en commun dans son fauteuil roulant. Ce changement d’organisation a été l’occasion de souffler. « J’étais beaucoup moins fatiguée », reconnaît cette adjointe administrative. Quant aux malades chroniques, ce nouveau rythme leur a aussi facilité la vie. « «a permet de mieux gérer temps de travail et soins », confirme Véronique Bustreel, directrice stratégie à l’Agefiph, association d’insertion professionnelle des personnes handicapées. Pourtant, le tableau n’est pas complètement rose. Pour Olivier Malecki, malvoyant, le confinement a marqué un coup d’arrêt. Salarié dans une entreprise de communication, il ne disposait pas des logiciels nécessaires pour travailler chez lui et, contrairement à ses collègues valides, il a été mis en congé pendant un mois et demi. « «a a été dur », reconnaît-il. Aujourd’hui, il peut de nouveau exercer sa profession en partie à distance en utilisant un ordinateur portable fourni par l’entreprise. Malgré les réunions en visioconférence, le travail à la maison a provoqué un sentiment d’isolement chez de nombreux salariés. «Certaines personnes handicapées savent qu’elles sont dans une situation professionnelle fragile, ajoute Véronique Bustreel. Elles ont pu se sentir vulnérables. » Aujourd’hui, Olivier se félicite d’avoir retrouvé son entreprise, mais espère garder un jour de télétravail par semaine. ««a me permet de m’organiser différemment et de m’occuper de ma fille», préciset-il. Le voeu de beaucoup de salariés, en somme.
« Certaines personnes ont pu se sentir vulnérables. » Véronique Bustreel, directrice stratégie de l’Agefiph