A la découverte de La vie est Belt, entreprise à impact triplement positif
La société transforme les pneus usagés en accessoires de mode avec l’aide de salariés handicapés
Redorer le blason de la consommation, une idée saugrenue en 2020 ? Pas tant que cela si l’on en croit l’aventure La vie est Belt. Fondée il y a presque quatre ans par Hubert Motte, cette entreprise lilloise s’attelle à démontrer que le cycle de consommation peut être vertueux. Grâce à une production raisonnée basée sur le recyclage de matières premières et une fabrication confiée à des adultes en situation de handicap, le jeune patron tente de nous prouver qu’une entreprise peut avoir un impact positif. Parce que justement « produire positif, c’est réconcilier les gens avec une consommation responsable et raisonnable », assure Hubert Motte, le créateur de La vie est Belt. Son produit phare, c’est la ceinture en pneus de voitures et de vélos recyclés. A l’origine de cette idée, un constat alarmant : « Chaque année en Europe près de 10 millions de pneus en tout genre sont mis à la poubelle et incinérés. » Un processus de destruction à la fois coûteux pour les entreprises et extrêmement polluant pour la planète. Sorti d’une école d’ingénieurs et riche d’une expérience dans une entreprise française de grande distribution de sport et de loisirs, Hubert voit alors dans ce tas de déchets une mine d’or.
Un constat dramatique
Sa matière première en poche et après avoir lui-même confectionné ses premières ceintures depuis sa colocation lilloise, le chef d’entreprise veut aller encore plus loin dans sa vision positive de l’entrepreneuriat. Il se nourrit alors d’un autre constat dramatique : en France près de 500 000 personnes en situation de handicap sont au chômage en 2017. Raison pour laquelle il décide de s’associer à la société AlterEos, qui propose un travail protégé à des adultes fragilisés par le handicap. « Travailler avec des personnes en situation de handicap coulait de source pour moi et s’inscrivait parfaitement dans les valeurs que je voulais insuffler à La vie est
Belt », explique le jeune entrepreneur. Christophe a été le premier à rejoindre l’aventure en 2017. Formé à l’époque par Hubert Motte lui-même, il est aujourd’hui le plus expérimenté et a « largement dépassé le maître ». Suivront ensuite Gaëtan, Anne et Kamel qui n’avaient, pour aucun d’entre eux, jamais travaillé dans la maroquinerie. « Moi je suis parti de zéro et aujourd’hui je sais fabriquer une ceinture de A à Z », raconte fièrement Gaëtan, salarié de l’atelier depuis trois ans.
Une collaboration qui prend du temps, qui doit s’installer dans un climat de confiance et qui n’est pas toujours évidente, de l’aveu de tous. « Former des personnes en situation de handicap demande plus de patience, c’est certain », confie Hubert. « Nous avons dû stopper toutes les ventes et la production des ceintures le temps de former Christophe par exemple », ajoute-t-il. De son côté, Gaëtan confesse que les changements de gabarits ou de modèles de ceinture peuvent parfois être difficiles à assimiler pour lui mais, comme il l’assure, « il finit toujours par s’en sortir ». Malgré la crise sanitaire qui a stoppé quelques semaines sa production, La vie est Belt peut se targuer aujourd’hui d’être une entreprise complètement autosuffisante, qui n’a pas besoin de se serrer la ceinture. Leur gamme de produits s’est d’ailleurs élargie avec des masques et caleçons fabriqués à partir de vieux draps recyclés. Côté équipe, Hubert espère pouvoir la faire grandir rapidement avec comme objectif, pour 2021, de rendre la vie plus belt, évidemment.
« Je suis parti de zéro, et aujourd’hui je sais fabriquer une ceinture de A à Z. » Gaëtan,
Ecologique, sociale et locale, la PME d’Hubert Motte se veut triplement vertueuse.