20 Minutes

Un préfet loin d’être le préféré

Après l’évacuation controvers­ée de migrants lundi, des élus appellent à la démission de Didier Lallement

- Caroline Politi

En août, Le Canard enchaîné et Le Point annonçaien­t son départ imminent, sur demande expresse de Jean Castex, le chef du gouverneme­nt. Quelques mois plus tard, Didier Lallement est toujours à son poste. Mais le préfet de police de Paris est une nouvelle fois – une énième fois – sur la sellette.

En cause : la manière dont a été menée, lundi soir, l’opération d’évacuation de la place de la République. Des migrants sortis de force de leurs tentes, un policier qui fait un croche-pied à l’un d’eux, un autre qui violente le journalist­e Rémi Buisine. Limoger un préfet de police pour éteindre un incendie politique et médiatique est monnaie courante. C’est d’ailleurs parce que son prédécesse­ur, Michel Delpuech, en a fait les frais en pleine crise des « gilets jaunes» que Didier Lallement a accédé à ce poste en mars 2019. Ce Lyonnais de 64 ans, qui était auparavant en poste à Bordeaux, a été personnell­ement choisi par Emmanuel Macron pour devenir celui que l’on surnomme le «flic le mieux informé de France». Mais, vingt mois après sa prise de fonction, rarement un préfet de police a été la cible de tant de critiques. En privé, l’homme s’en amuse. ««a va, vous n’avez pas trop peur de moi?», aimet-il lancer à ceux qu’il rencontre pour la première fois. « Il est beaucoup plus sympathiqu­e que l’image qu’il veut donner, assure un policier qui le côtoie régulièrem­ent. Il est cash, c’est vrai, mais il est très à l’écoute.»

Il y a pourtant ces petites phrases qui ont fait tomber de leur chaise des observateu­rs qui se tiennent d’ordinaire éloignés des polémiques. Comme celle-ci, en avril : «Ceux qui sont aujourd’hui hospitalis­és, ceux qu’on trouve dans les réanimatio­ns, ce sont ceux qui, au départ du confinemen­t, ne l’ont pas respecté. »

Mais si ses saillies n’améliorent pas sa cote de popularité, c’est avant tout pour ses positions en matière de maintien de l’ordre que le préfet est vivement décrié. L’homme a rompu avec la doctrine visant à tenir éloignés au maximum les forces de l’ordre des manifestan­ts. L’heure est désormais au «contact» (lire l’encadré). «Il est moins politique que ses prédécesse­urs, sa cote de popularité lui importe peu, il va donc au bout de ses idées», analyse un fonctionna­ire. Et un autre de préciser : «Cette rigidité de façade est une manière d’incarner le job.»

En privé, l’homme s’en amuse. «Ça va, vous n’avez pas trop peur de moi?»

 ??  ?? ##JEV#118-70-https://tinyurl.com/y3rzxyu9##JEV#
Le préfet de police de Paris est une nouvelle fois sur la sellette.
##JEV#118-70-https://tinyurl.com/y3rzxyu9##JEV# Le préfet de police de Paris est une nouvelle fois sur la sellette.

Newspapers in French

Newspapers from France