Un préfet loin d’être le préféré
Après l’évacuation controversée de migrants lundi, des élus appellent à la démission de Didier Lallement
En août, Le Canard enchaîné et Le Point annonçaient son départ imminent, sur demande expresse de Jean Castex, le chef du gouvernement. Quelques mois plus tard, Didier Lallement est toujours à son poste. Mais le préfet de police de Paris est une nouvelle fois – une énième fois – sur la sellette.
En cause : la manière dont a été menée, lundi soir, l’opération d’évacuation de la place de la République. Des migrants sortis de force de leurs tentes, un policier qui fait un croche-pied à l’un d’eux, un autre qui violente le journaliste Rémi Buisine. Limoger un préfet de police pour éteindre un incendie politique et médiatique est monnaie courante. C’est d’ailleurs parce que son prédécesseur, Michel Delpuech, en a fait les frais en pleine crise des « gilets jaunes» que Didier Lallement a accédé à ce poste en mars 2019. Ce Lyonnais de 64 ans, qui était auparavant en poste à Bordeaux, a été personnellement choisi par Emmanuel Macron pour devenir celui que l’on surnomme le «flic le mieux informé de France». Mais, vingt mois après sa prise de fonction, rarement un préfet de police a été la cible de tant de critiques. En privé, l’homme s’en amuse. ««a va, vous n’avez pas trop peur de moi?», aimet-il lancer à ceux qu’il rencontre pour la première fois. « Il est beaucoup plus sympathique que l’image qu’il veut donner, assure un policier qui le côtoie régulièrement. Il est cash, c’est vrai, mais il est très à l’écoute.»
Il y a pourtant ces petites phrases qui ont fait tomber de leur chaise des observateurs qui se tiennent d’ordinaire éloignés des polémiques. Comme celle-ci, en avril : «Ceux qui sont aujourd’hui hospitalisés, ceux qu’on trouve dans les réanimations, ce sont ceux qui, au départ du confinement, ne l’ont pas respecté. »
Mais si ses saillies n’améliorent pas sa cote de popularité, c’est avant tout pour ses positions en matière de maintien de l’ordre que le préfet est vivement décrié. L’homme a rompu avec la doctrine visant à tenir éloignés au maximum les forces de l’ordre des manifestants. L’heure est désormais au «contact» (lire l’encadré). «Il est moins politique que ses prédécesseurs, sa cote de popularité lui importe peu, il va donc au bout de ses idées», analyse un fonctionnaire. Et un autre de préciser : «Cette rigidité de façade est une manière d’incarner le job.»
En privé, l’homme s’en amuse. «Ça va, vous n’avez pas trop peur de moi?»