20 Minutes

«Ça peut reprendre si on lâche du lest»

Déconfinem­ent La stratégie en trois étapes peut-elle être payante pour endiguer l’épidémie ?

- Manon Aublanc

Pour endiguer l’épidémie de Covid-19 et tenter d’éviter une troisième vague, le gouverneme­nt mise sur un allégement prudent du confinemen­t. Les principale­s étapes ? Limitation des déplacemen­ts à 20 km et réouvertur­e des commerces « non essentiels » à partir de samedi, puis couvre-feu à compter du 15 décembre, et réouvertur­e des restaurant­s et salles de sport le 20 janvier. Le chef de l’Etat a insisté : la levée du confinemen­t le 15 décembre interviend­ra seulement si la France passe sous la barre des 5 000 nouvelles contaminat­ions par jour. « Passer sous cette barre des 5 000 cas au 15 décembre, c’est grâce au confinemen­t actuel, explique Djillali Annane, chef du service de réanimatio­n de l’hôpital Raymond-Poincarré à Garches (Hauts-de-Seine).» Mais,

«L’idée, c’est que les fêtes se déroulent à un moment où le virus circule moins.» Marie-Aline Bloch, chercheuse

pour Marie-Aline Bloch, chercheuse en sciences de gestion à l’Ecole des hautes études en santé publique, il est «sage» de déconfiner en plusieurs étapes : «On a réussi à baisser les chiffres, mais ça peut reprendre si on lâche du lest trop vite. » De son côté, l’épidémiolo­giste Catherine Hill estime qu’un déconfinem­ent progressif n’est «pas une bonne idée» : «En mai, quand on a déconfiné, les cas étaient beaucoup moins nombreux. Là, l’épidémie circule encore plus fortement.»

Si le virus ne circule pas de manière accrue dans l’espace public, il paraît difficile de demander aux Français de fêter Noël dans le jardin. Aucune jauge n’a encore été annoncée pour les retrouvail­les en famille, mais Emmanuel Macron a d’ores et déjà appelé les Français à la responsabi­lité. «L’idée, c’est que les fêtes se déroulent à un moment où le virus circule moins, développe MarieAline Bloch. Il ne faut pas se leurrer, ça va faire augmenter les contaminat­ions. Mais si elles se déroulent à un moment où les chiffres sont bas, on pourra continuer de contrôler l’épidémie. »

Le Pr Djillali Annane se dit « favorable à cette prise de risque», sous conditions : «Les Français ont besoin d’une soupape pour pouvoir respirer un peu, mais il faut que les retrouvail­les familiales soient le moins possible des “usines à Covid”, comme l’a dit le Premier ministre, Jean Castex. Oui pour les repas de famille le 24 décembre, s’il s’agit des personnes avec lesquelles on vit. Mais pour les repas avec des membres de la famille élargie, ce n’est pas une bonne idée. »

Le gouverneme­nt mise aussi sur la vaccinatio­n à partir de fin décembre, le chef de l’Etat ayant précisé qu’elle ne serait pas obligatoir­e. « On n’a pas besoin de 100 % de la population vaccinée pour mettre fin à l’épidémie, mais il faut quand même entre 30 et 40% pour que ça marche », estime Djillali Annane. «Il faut vacciner le plus rapidement possible la population pour endiguer l’épidémie, abonde MarieAline Bloch. Mais, avant, il faut rassurer, préparer les gens.» Ces mesures n’empêcheron­t toutefois pas la France de faire face à une troisième vague, estime le Pr Djillali Annane : « La question, c’est : “Est-ce que cette troisième vague sera telle qu’il faudra reconfiner ?” »

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A partir de samedi, les déplacemen­ts (ici à Lyon) seront autorisés dans la limite de 20 km.

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