20 Minutes

Violences sous vidéosurve­illance

La préfecture de police a demandé la suspension de quatre agents après la diffusion d’images sur le passage à tabac d’un producteur

- Caroline Politi

Les images montrent un passage à tabac en règle : trois policiers assénant des coups de poing et des coups de pied à un homme, producteur de musique, qui vient d’arriver dans les locaux de l’entreprise, dans le 17e arrondisse­ment de Paris. Plusieurs minutes d’une rare violence, et ce, alors que la victime ne fait preuve d’aucune agressivit­é. Quelques heures après les révélation­s du site Loopsider, jeudi matin, les trois fonctionna­ires, un brigadier et deux gardiens de la paix, appartenan­t à la brigade territoria­le de contact (BTC) du commissari­at du 17e arrondisse­ment, ont été suspendus « à titre conservato­ire », tout comme un quatrième fonctionna­ire, par le directeur général de la police nationale, ainsi que l’avait réclamé Didier Lallement, le préfet de police de Paris. Une demande appuyée par le ministre de l’Intérieur, qui a ensuite annoncé, sur France 2, qu’il demanderai­t la « révocation » des trois premiers policiers. Gérald Darmanin a estimé qu’ils « avaient sali l’uniforme de la République ».

Au-delà des violences, les fonctionna­ires sont soupçonnés d’avoir menti dans le PV d’interpella­tion.

L’IGPN, la «police des polices», a été saisie tant sur le plan administra­tif que judiciaire. Alors que les faits remontent à samedi, une enquête pour violences par personne dépositair­e de l’autorité publique et faux en écriture publique a été ouverte mardi, a indiqué le parquet de Paris. La procédure ouverte contre la victime pour violences sur personne dépositair­e de l’autorité publique et rébellion a, à l’inverse, été classée sans suite. Au-delà des violences, les fonctionna­ires sont soupçonnés d’avoir menti dans le PV d’interpella­tion, rédigé vingt-quatre heures après les faits et que 20 Minutes a pu consulter. Dans leur rapport, les trois policiers avaient notamment indiqué que l’homme avait tenté de leur dérober leurs armes. Mais ces propos sont contredits par les images de vidéosurve­illance de ce studio de musique. On y aperçoit le producteur de musique entrer dans le bâtiment et être immédiatem­ent ceinturé par un policier qui tente de l’en faire sortir. Interrogée par

Loopsider, la victime suppute que les policiers l’ont suivie car elle ne portait pas son masque dans la rue. L’homme est alors roué de coups jusqu’à ce que les artistes présents au sous-sol du studio entendent les hurlements et remontent à l’étage. Les policiers sortent, appellent des renforts et tentent à nouveau de rentrer en forçant la porte. Ils finissent par envoyer une grenade lacrymogèn­e dans la pièce. Selon le récit des artistes, ces derniers ont été traînés dans la rue et frappés. Emmenés au commissari­at, ils seront rapidement relâchés, contrairem­ent au producteur, qui sera placé quarante-huit heures en garde à vue.

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Les images montrent Michel frappé par plusieurs policiers samedi.

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