20 Minutes

L’affaire DSK, et après ça

La série documentai­re sur la chute de Dominique Strauss-Kahn révèle combien notre regard a changé sur l’affaire

- Aude Lorriaux

Près de dix ans après, « l’affaire DSK » embarrasse encore. A tel point que la plupart des responsabl­es politiques de l’époque refusent d’en parler. On ne trouvera donc dans « Chambre 2806, L’affaire DSK », série documentai­re qui sort sur Netflix le 7 décembre sur la chute de l’ancien patron du FMI, ni François Hollande, ni Nicolas Sarkozy, ni Dominique Strauss-Kahn lui-même. Mais une galerie de personnage­s passionnan­ts, au-dessus desquels trône Nafissatou Diallo, son accusatric­e, qui avait raconté une tentative de viol.

L’étincelle de MeToo

L’occasion de mesurer la distance parcourue depuis tout ce temps en matière de perception des violences sexuelles, alors que cette affaire apparaît aujourd’hui, pour nombre de spécialist­es, comme l’étincelle qui a enclenché la révolution MeToo. Les JT de l’époque répètent en boucle par exemple, que DSK est accusé de tentative d’agression sexuelle, alors qu’il s’agit de tentative de viol. On le présente comme un Don Juan, un séducteur. « Nous ne pouvons pas croire à sa culpabilit­é », affirme même un ancien premier secrétaire du Parti socialiste, sans compassion pour son accusatric­e. Dans les micros-trottoirs filmés, citoyens et citoyennes rejettent aussi violemment cette hypothèse : c’est sans doute un complot. «Le rêve DSK est trop beau pour disparaîtr­e. Personne ne veut que cela s’effondre. Lâcher son favori paraît inimaginab­le», résume Philippe Levasseur, qui a eu l’idée de proposer cette série sur DSK à Netflix.

Dix ans plus tard, « le point de vue des gens a changé, et tant mieux », avance Jalil Lespert, le réalisateu­r. « Chambre 2806, L’affaire DSK » ne prétend pas soutenir l’une ou l’autre version des faits. Philippe Levasseur tient d’ailleurs à rappeler que DSK n’a pas été condamné. « C’est très nébuleux pour tout le monde, conclut Jalil Lespert. C’est le type d’affaire où chacun a sa vérité. Mon envie était donc d’éclairer au maximum les faits pour que les Français puissent se dire : “C’était donc ça”. »

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DSK à l’époque des faits, en mai 2011, au tribunal pénal de Manhattan.

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