20 Minutes

Roublard et rigolard, les mille et une faces de Le Cam

Déjà héros de son cinquième Vendée Globe, Le Cam traverse les mers et les âges

- William Pereira

Vieux loup de mer, aventurier, trublion des mers… Depuis aussi longtemps qu’il navigue, soit à peu près quarante-cinq ans, Jean Le Cam s’est vu affublé de nombreuses étiquettes plus ou moins en accord avec sa personnali­té. En sauvant Kevin Escoffier à la croisée des océans atlantique et indien dans la nuit de lundi à mardi, le Breton en ajoute une de plus à sa collection, celle de sauveur. Le skippeur sur PRB et son compagnon d’infortune ont ainsi enchaîné pas moins de 30 télés françaises et étrangères dans un marathon médiatique qui s’est soldé par un Zoom avec Emmanuel Macron, fan assumé de Le Cam, mardi soir.

« Le Cam, c’est le talent à l’état pur. Ce sera toujours comme ça.»

Vincent Riou, navigateur

L’improbable échange, fruit d’une initiative de l’Elysée, a été coordonné en sous-main par l’organisati­on de la course puis par Anne Le Cam, l’épouse de Jean, qui, selon elle, parle de la même manière au président qu’au jardinier. Le Cam n’a de haute estime que pour les mers et océans du Globe dont il se sait à la merci chaque fois qu’il part faire un tour du monde sur son voilier. «C’est sa vie, c’est son travail, c’est son outil, raconte Anne Le Cam.

Les océans, les mers, ça fait partie de sa profession. Il sait qu’il n’a pas un rapport poétique avec la mer. Parfois, il est émerveillé, il trouve que c’est beau, mais il ne va pas en faire des tonnes. » En outre, son palmarès force le respect : trois solitaires du Figaro, une Jacques Vabre, une Barcelona World Race et une 2e place sur le Vendée Globe. «Le Cam, c’est le talent à l’état pur, lâche le navigateur Vincent Riou. «a a toujours été et ça sera toujours comme ça. Il était agacé au départ parce qu’on l’avait mis dans la case des aventurier­s, dans la case des vieux loups de mer alors qu’au final pas du tout. Même s’il navigue avec un vieux bateau, il avait préparé sa course comme un compétiteu­r en l’optimisant, ne lâchant rien sur le sportif, sur la technique. Je crois qu’il était content de montrer à tout le monde qu’il est toujours là.» Avant l’opération Escoffier, Le Cam était encore contre toute attente aux portes du podium derrière les foilers de dernière génération qu’il compare à des

Ferrari, par opposition à sa 4L. Une analogie efficace qui a le don de mettre en exergue ses mérites autant que la faillite des machines hyper sophistiqu­ées.

Un avant-gardiste

Anne Le Cam ne veut cependant pas que l’on tombe dans la caricature du vieil aigri antimodern­iste : « Jean a été le premier à faire de l’hydroptère. Il les connaît par coeur, les foils. Ce n’est pas les petits jeunes qui vont lui dire qu’il est d’arrière-garde. C’était le premier à faire des bateaux très rapides. Il sait ce que c’est l’océan Indien, quatre à cinq mètres de creux, des mers méchantes, dures et cassantes. » En début de course, il s’était d’ailleurs étonné de voir ses jeunes concurrent­s contourner l’obstacle. «La première dépression ils l’ont tous évitée en disant “oh, au secours maman”, ils le disent eux-mêmes, conclut Anne Le Cam. Personne y a été à part les deux vieux, Alex Thomson et Jean…»

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 ??  ?? Jean Le Cam a secouru Kevin Escoffier, dont le bateau était en train de couler.
Jean Le Cam a secouru Kevin Escoffier, dont le bateau était en train de couler.

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