20 Minutes

«Je me suis réveillé avec cette pulsion de détruire»

Thibaud Garagnon a longuement été entendu sur les faits par la cour, jeudi

- Caroline Politi

A l’entendre, devant la cour d’assises de Paris, jeudi, on a parfois l’impression d’entendre le témoignage d’une des victimes. « Même si j’ai provoqué l’incendie, je l’ai vécu aussi, insiste, dans le box des accusés, Thibaud Garagnon, 24 ans. Je n’imaginais pas les proportion­s que ça allait prendre. » Le 2 septembre 2015, il a volontaire­ment mis le feu à son immeuble de la rue Myrha, dans le 18e. L’incendie s’est rapidement propagé aux cinq étages du bâtiment, tuant huit personnes. « Vers 4 h 20, je me suis réveillé avec cette pulsion de détruire quelque chose », commence-t-il d’une voix monocorde. Selon son récit, il dévale les deux étages jusqu’au rez-de-chaussée, un briquet à la main, puis met le feu au premier objet qu’il aperçoit : une poussette accrochée à la rampe d’escalier. « Je ne voyais pas vraiment de flammes. Je suis remonté me coucher en me disant que c’était complèteme­nt stupide ce que je venais de faire. » A l’en croire, il s’assoupit pensant le feu éteint, jusqu’à être incommodé par les fumées. Il est pourtant le premier à appeler les pompiers. A 4 h 41, deux habitants du 5e étage, pris au piège, se défenestre­nt sous ses yeux. Lui parvient à descendre le long de la gouttière.

Différente­s personnali­tés

Contrairem­ent aux jours précédents, Thibaud Garagnon n’a pas évoqué ses différente­s personnali­tés pour expliquer son geste. A la demande de plusieurs avocats, il précise que ces «personnage­s» font partie intégrante de lui-même. «Quand je dis que c’est moi qui ai mis le feu, même si c’est Superbia, Superbia, c’est moi », explique-t-il, avant d’assurer que cette dernière était «dépitée» par l’incendie : «C’est très difficile pour elle, comme pour moi ou pour les familles des victimes. » Aucun des experts n’a conclu à une altération de sa conscience, l’un d’eux parlant d’une «utilisatio­n opportunis­te et déculpabil­isante» de ces personnage­s. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

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Huit personnes sont mortes le 2 septembre 2015 dans le 18e.

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