Les grands principes contre les secrets inavouables
Du haut de ses 86 ans, il est forcément entré d’un pas lent dans le prétoire. Le temps que le silence s’installe. Henri Leclerc, ancien président de la Ligue des droits de l’homme, est venu dire, jeudi à la barre de la 32e chambre du tribunal judiciaire de Paris, pourquoi il ne faut pas écouter les conversations entre un avocat et ses clients. «Pour sauver la démocratie », a-t-il lâché. Il faut dire que, si un client ne peut pas avoir confiance en son avocat, il perd le droit inaltérable à être défendu.
Refus de répondre
C’est le noeud gordien de l’affaire Paul Bismuth, qui vaut à Nicolas Sarkozy de comparaître pour corruption active. Il est accusé d’avoir noué un pacte avec un magistrat pour obtenir des informations sur le dossier Bettencourt. Et les seules preuves sont les conversations enregistrées avec son avocat d’alors, Thierry Herzog. L’ex-chef de l’Etat conteste la portée des propos qui ont été enregistrés. Thierry Herzog conteste le principe même d’avoir été enregistré. Jeudi, il a donc refusé de répondre aux questions portant sur ces « interceptions », au nom des grands principes. Après deux semaines d’audience, voilà le tribunal coincé entre les grands principes et les quelques éléments concrets figurant dans ces fameuses écoutes. Seul Nicolas Sarkozy peut encore lui permettre d’y voir clair. Il doit être entendu lundi. Et il a déjà promis qu’il répondrait à toutes les questions.