Si la côte assure, les hauteurs aussi
Loin du bord de mer, le moyenpays bénéficie d’une qualité de vie inimitable à un prix abordable
Sur la place des Arcades de Valbonne, les façades ocre supportent des volets à persiennes. Les pavés se déforment lentement sous la force des racines des arbres et, le vendredi, le marché provençal s’anime. Plus loin, près de la rivière, les anciens jouent à la pétanque. Le vieux village de Valbonne coche toutes les cases du cliché provençal. C’est ce cadre de vie qu’ont choisi 13 000 Azuréens. Entre mer et montagne, et intégrée à la technopole Sophia Antipolis, Valbonne séduit. Plus accessible et tranquille que le bord de mer, plus vert et confortable que les grandes villes, le moyen-pays a des arguments à faire valoir.
« Après les deux confinements, on a vu le retour du souhait de campagne et de nature. » Fnaim Côte d’Aur
Cyril Messika,
Quand Claire Domissy parcourt les ruelles, elle se souvient de son arrivée. C’était il y a quatorze ans. « Je suis assez représentative des Valbonnais, relatet-elle. Je suis née à Cannes. Mais en vieillissant, quand j’ai eu des enfants, je me suis éloignée pour accéder à la propriété. » Restauratrice, Claire Domissy est aussi adjointe (SE) à la qualité de vie. « C’est le bon compromis. On se sent comme dans un cocon et on est à vingttrente minutes d’Antibes et de Cannes. Pour les bouchons, le télétravail améliore les choses. Et nous sommes en train de faire les jonctions des pistes cyclables pour aller à vélo à Sophia Antipolis. » Fondée en 1969, la première technopole d’Europe génère 37 000 emplois, 1 000 supplémentaires par an avant le Covid. C’est autant de déplacements en voiture, les 2 500 entreprises étant réparties sur 2 400ha de forêt. Pour les relier, le tram-bus et la voiture connectée sont des promesses d’amélioration.
De fait, la commune voit sa population doucement augmenter. « Après les confinements, l’activité de recherche de biens était soutenue, analyse Cyril Messika, président de la Fnaim Côte d’Azur. On a vu le retour du souhait de campagne, de nature. » Avec, en vedettes des résidences secondaires au prix pas forcément plus avantageux que sur le bord de mer. Pourtant, la mixité existe : des villas cossues côtoient un quartier populaire et des maisons de village. Car Valbonne cultive ses ambivalences. Près de la moitié des foyers sont connectés à la fibre mais les sangliers ravagent les jardins. Un chocolatier meilleur ouvrier de France s’est installé à deux rues d’un tatoueur. En regardant vers les montagnes, c’est le blanc de la neige qui apparaît. Et sur la pointe des pieds, depuis certaines propriétés, on peut apercevoir la mer.
Quand Emma cherchait à s’installer, elle aurait pu opter pour Nice (la grande capitale azuréenne) ou pour Cannes (la clinquante ville du cinéma). Elle a coupé la poire en deux. Emma habite depuis 2016 à Antibes (74 000 habitants), dans une maison avec jardin et quatre colocataires. « Antibes est au confluent de ce que je cherchais. Je peux me rendre facilement partout. C’est une ville à taille humaine : plus petit, plus mignon, moins étouffant. » Et cela sans abandonner la vie culturelle. La commune dispose du premier théâtre de France après la ComédieFrançaise et d’événements d’envergure internationale comme Jazz à Juan ou les Voiles d’Antibes.
Car Antibes est tournée vers la mer. On peut se promener sur ses 23 km de littoral, du sentier des douaniers aux premières plages de sable. Mais choisir Antibes à un coût. Le cap reste quasiinaccessible, regorgeant de villas de luxe entre pinède et Méditerranée. Ailleurs, le prix au mètre carré est fixé à 4 636€. C’est 5% plus cher qu’à Nice. Mais,« le gros point noir, c’est les bouchons, maronne celle qui se retrouve sur la route avec une partie des 37 000 salariés de Sophia Antipolis. Tous les matins, je mets au moins ving-cinq minutes pour rejoindre l’autoroute, qui est à quelques kilomètres. » Pour désengorger, un bustram est en construction, argumentet-on du côté de la mairie.