Travail au bercail, aïe, aïe, aïe
De nombreux salariés souffrent d’être cloisonnés chez eux, notamment à cause du manque de contacts humains
Depuis mars 2020, à cause de la crise sanitaire liée au Covid-19, le télétravail s’est imposé de force dans la vie des entreprises et des salariés. Du jour au lendemain, des personnes habituées à la vie de bureau se sont retrouvées seules (ou avec leurs enfants) devant leur écran d’ordinateur. Malheureusement, certains n’en peuvent plus. Jeunes, seniors, hommes, femmes… De nombreux profils, très variés, ont répondu à l’appel à témoins lancé par 20 Minutes sur l’overdose de télétravail.
Pour eux, rester à la maison est devenu un vrai cauchemar. «Depuis le premier confinement, je ne suis retournée sur site qu’au cours de l’été, nous explique Marion, 36 ans, responsable d’un site Web. Je ressens un phénomène d’usure, bien que mon boulot me passionne. J’ai pourtant des temps d’équipe : partage, séminaires à distance, formation, entretien. Mais ça ne remplace pas le contact humain. » « Je ne supporte plus le télétravail, je manque de motivation, se désole pour sa part Marie-Christine, juriste de 61 ans. Je ne sais plus quel jour on est. »
Des conséquences qui n’étonnent pas Michel Lejoyeux, professeur de psychiatrie à l’université de Paris. « Le télétravail à haute dose peut créer une vraie souffrance, surtout lorsqu’on n’arrive plus à bien séparer les temps de vie : travail, loisirs, repas. Il faut des vraies coupures. »
Le télétravail entraîne des souffrances psychiques, mais aussi des difficultés d’organisation. «Nous avons parfois atteint les limites de ce qui est faisable en télétravail, écrit Didier, responsable de laboratoire. Qui n’a pas rencontré des difficultés dans la gestion des équipes sur le terrain ? Loin du quotidien des personnels, combien d’informations “anodines” ne sont plus délivrées et entraînent des blocages ou des difficultés ? »
Face à toutes ces limites, certains ont décidé d’en finir, au moins partiellement, avec le 100% télétravail. « J’ai obtenu l’autorisation de revenir au bureau, car je suis au bord de la dépression, témoigne Erwan, âgé de 49 ans. Travailler toute la journée dans sa chambre avec un casque n’est pas sain. Avec le couvre-feu, je ne sortais même plus de la journée. » « C’est extrêmement important de garder de vraies relations en dehors des visioconférences, insiste Michel Lejoyeux. Il faut vraiment passer du temps, chaque jour, avec une ou deux personnes, au moins au téléphone. Cela peut être un collègue qu’on aime bien, un ami. Il faut retrouver cette sociabilité. »
«J’ai obtenu l’autorisation de revenir au bureau, car je suis au bord de la dépression.» Erwan, 49 ans