20 Minutes

«Le monde de demain s’invente à la campagne»

L’entreprene­ur Nicolas Hazard met en lumière les territoire­s ruraux dans un ouvrage

- Propos recueillis par Jean Bouclier

Il y a Tulipe, dans les Hautes-Pyrénées. Ou Jean-François, dans le Pas-deCalais. Au total, ils sont une trentaine, comme le nombre de solutions mises en avant par Nicolas Hazard (photo) dans Le bonheur est dans le village (éd. Flammarion), paru en février. Santé, agricultur­e, mobilité, démocratie… Selon le fondateur du groupe Inco, qui prône une économie solidaire et sociale, le monde de demain ne sera pas forcément citadin.

Dans votre ouvrage, vous mettez en lumière « 30 histoires de femmes et d’hommes » qui agissent, à leur niveau, dans les territoire­s de France. Pourquoi cette démarche ? J’ai fait un tour de France à l’été 2020. L’idée était de se dire : « Pendant le confinemen­t, de nombreuses personnes sont parties des grandes métropoles, de Paris, notamment. Pourquoi tout le monde avait-il envie de partir à la campagne ? » Je me suis rendu compte que le monde de demain est déjà en train de s’y inventer.

Vous dites que quitter la ville permet de « reprendre le temps de vivre ». Est-ce compatible avec la crise actuelle, où les entreprise­s sont tentées de demander davantage à leurs employés pour relever la tête ? «a, c’est le modèle d’hier et d’aujourd’hui. Le principe de l’économie, de la mondialisa­tion, c’est la concurrenc­e, la course à la productivi­té. Mais nous ne sommes pas obligés d’être dans ce schéma productivi­ste. On peut créer de la richesse, des emplois en relocalisa­nt, en travaillan­t sur les circuits courts, en retrouvant de la souveraine­té sur certains secteurs, tels que l’alimentati­on.

Le développem­ent du télétravai­l est l’un des faits marquants de la pandémie. Est-ce une bonne nouvelle pour le monde rural ?

Tout à fait. Pour les travailleu­rs, mais aussi et surtout pour les chefs d’entreprise. J’en suis un, et j’étais sceptique. Mais le télétravai­l génère une productivi­té supplément­aire, car on ne subit pas les temps de transport. Le modèle est validé, même s’il faut un peu de présentiel, car le contact humain reste fondamenta­l. Et tous les secteurs d’activité ne peuvent pas se faire en télétravai­l.

La crise va-t-elle engendrer un exode de la ville vers la campagne ?

Il y a encore des stéréotype­s sur la vie à la campagne. Et les possibilit­és économique­s, qu’on le veuille ou non, sont encore dans les métropoles. Je ne dis pas que cet exode est un fait statistiqu­e, mais une envie profonde. Il faut le faciliter, investir dans les zones rurales avec la 4G et la 5G, la santé, les mobilités, les commerces de proximité. Les conditions ne sont pas encore réunies, mais je pense que 3 ou 4 millions de personnes pourraient franchir le pas si on les aide.

Au fil des pages, une notion revient fréquemmen­t : la décentrali­sation…

Je ne crois plus aux politiques nationales, qui repensent le territoire d’en haut. Je crois, au contraire, aux initiative­s locales, qui vont créer des changement­s profonds de la société. Les autorités locales et les maires sont la clé, car on voit comment des élus peuvent, à partir de peu, redynamise­r leurs territoire­s. Il y a des recettes pour le faire.

Quels conseils donneriez-vous à un ménage citadin souhaitant s’installer en milieu rural ?

La vie à la campagne, ce n’est pas tout rose. Il faut construire son projet de vie, voir les opportunit­és économique­s. Qu’a-t-on envie de faire ? Comment ? Ce n’est pas un projet de rêveur. Puis il faut le faire à fond, avec passion. «a prend du temps, comme partout. Mais ça paie.

«Je crois aux initiative­s locales, qui vont créer des changement­s profonds. »

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Dans Le bonheur est dans le village, Nicolas Hazard s’intéresse à des personnes proposant des solutions à la campagne.
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