20 Minutes

Présidenti­elle

Marine Le Pen joue à fond la carte de la « normalisat­ion »

- Thibaut Le Gal

A un peu plus d’un an de la présidenti­elle, le Rassemblem­ent national affine sa stratégie. Fin janvier, Marine Le Pen renonçait cette fois à la suspension des accords de Schengen, défendant désormais l’idée de maintenir la liberté de circulatio­n aux seuls ressortiss­ants européens. Le 21 février, la candidate du RN à la présidenti­elle affirmait que la France devrait bien rembourser les emprunts contractés dans le cadre de la crise liée au Covid-19. « Il y a là un aspect moral essentiel », écrivait-elle dans une tribune publiée dans L’Opinion. La stratégie est claire : tenter de normaliser son programme pour attirer de nouveaux électeurs et l’emporter en 2022.

Après la défaite à la présidenti­elle 2017 et l’échec aux législativ­es, le parti s’est remis en question. « On a constaté que certains avaient toujours un doute sur notre capacité à gouverner, convient l’eurodéputé Philippe Olivier, proche conseiller de Marine Le Pen. On a alors revu certaines positions, pour mieux intégrer les logiques internes de l’Etat, comme le Conseil constituti­onnel ou le Conseil d’Etat, afin de transforme­r un parti d’opposition combatif en un parti de gouverneme­nt.»

«Nous écoutons le peuple français. Il s’agit d’ouverture, pas de concession­s. » Gilles Pennelle, membre du bureau national du RN

Dans cette volonté de normalisat­ion, terme que Philippe Olivier réfute, le Front national devient Rassemblem­ent national en 2018, et gomme petit à petit les mesures pouvant effrayer une partie des Français, notamment l’électorat de droite. « Nous écoutons le peuple français, sur l’euro comme sur l’immigratio­n, car il ne faut pas être dogmatique. Il s’agit d’ouverture, pas de concession­s», complète Gilles Pennelle, membre du bureau national et tête de liste RN pour les régionales en Bretagne.

Par ses changement­s de pied, le RN ne risque-t-il pas toutefois de laisser filer une partie de l’électorat contestata­ire vers Florian Philippot ou Nicolas Dupont-Aignan, l’ancien allié du second tour ? Au RN, on met en avant les bons sondages de la candidate. « Notre électorat traditionn­el est extrêmemen­t fidèle et nous tendons maintenant la main à des électeurs qui n’ont peutêtre jamais voté pour nous », répond Gilles Pennelle.

Une stratégie payante ? « La marque Le Pen reste très forte au sein de son électorat traditionn­el, indique Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop. Et l’un des freins au vote RN en 2017 était le saut dans l’inconnu lié à la sortie de l’euro, qui le discrédita­it auprès des personnes âgées, des cadres supérieurs et profession­s libérales, craignant pour leurs économies. Mais les bénéfices de cette stratégie sont aujourd’hui encore très maigres. »

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La candidate RN lors d’un déplacemen­t au Portugal, le 9 janvier.

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