Prochain arrêt vaccination
Un bus sillonne les quartiers populaires des Hauts-de-Seine pour inoculer le vaccin aux populations éloignées du circuit classique
Il est à peine 10 h et, déjà, une longue file d’attente s’étire devant la place du marché à Nanterre. Jeudi matin, pourtant, les étals sont vides, les commerçants, absents. « J’ai reçu un papier dans ma boîte aux lettres me disant qu’il y avait une possibilité de se faire vacciner sans rendez-vous, je ne voulais pas rater cela », explique Jean-Michel, 75 ans.
Sur liste d’attente depuis le mois de février, le retraité n’avait jusqu’alors pas obtenu de place pour se faire inoculer le précieux sérum contre le Covid-19. Son fils n’est pas non plus parvenu à lui dégoter un créneau sur Doctolib. «Et puis, j’ai pas très envie d’aller me faire piquer à l’hôpital, parce que je pourrais l’attraper là-bas », confie Jean-Michel. Depuis mardi, la préfecture des Hautsde-Seine et l’agence régionale de santé d’Ile-de-France ont mis en place un bus transformé en vaccinodrome ambulant pour aller à la rencontre des habitants des quartiers populaires qui peinent parfois à suivre le chemin traditionnel de la vaccination. Après Villeneuve-la-Garenne mercredi, et avant Bagneux, ce vendredi, c’est dans le chef-lieu des Hauts-de-Seine, à deux pas des hautes tours du quartier du Chemin de l’Ile, qu’il a fait étape pour la journée.
N’oublier aucun quartier
Parmi les 204 doses disponibles, la moitié sont accessibles sans rendez-vous. Les autres sont réservées à des habitants qui se trouvaient sur la (très) longue liste d’attente dressée par la municipalité. Parmi les 600 noms de cette liste, une centaine de personnes ont été contactées : les plus âgés et les habitants des quatre principaux quartiers populaires de Nanterre. « On sait depuis longtemps qu’en matière de santé, pour une réelle égalité, il faut aller au-devant de certaines populations plus éloignées de l’offre de soins, les accompagner », souligne le maire, Patrick Jarry (DVG). Selon son équipe, dans les quartiers populaires de la ville, le pourcentage de personnes cibles vaccinées – c’est-à-dire les plus de 70 ans et celles souffrant de comorbidités – dépasse à peine les 10%, là où il est de 25 % dans le centre-ville ou du côté du Mont-Valérien.
Le circuit est bien rodé : après un rapide entretien avec les agents municipaux – notamment pour s’assurer que les candidats sont bien éligibles –, les habitants font la queue entre les stands vides pour accéder au rendez-vous prévaccinal. Dans la file, certains râlent : pour accéder au premier entretien, il faut parfois deux à trois heures. Une fois le rendez-vous passé, la suite est plus fluide : trois sapeurs-pompiers se relaient pour piquer, puis les volontaires de la Protection civile surveillent pendant un petit quart d’heure les nouveaux vaccinés. «Même si on attend deux heures, on aurait attendu deux semaines, peut-être deux mois, pour avoir le vaccin sans ce bus, donc ça vaut le coup», sourit Jean-Michel, quelques instants après avoir reçu sa dose.