20 Minutes

«Il y a trop d’armes en circulatio­n»

Le procureur de la République a renforcé la politique pénale pour lutter contre les rixes

- Caroline Politi

A quoi a tenu la vie de Yuriy, ce collégien de 15 ans retrouvé inconscien­t, il y a près de trois mois, dans le 15e arrondisse­ment, après avoir été roué de coups par des adolescent­s d’une bande rivale ? Peut-être au fait que ses agresseurs n’avaient pas d’armes blanches. « La présence d’un couteau peut rapidement faire basculer une bagarre en quelque chose de beaucoup plus grave», insiste auprès de 20 Minutes le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz. Et de rappeler que, depuis 2016, 11 jeunes ont été tués dans la capitale au cours de ces rixes.

Pour lutter contre ce phénomène, le magistrat a fait passer, le 29 mars, des directives visant à renforcer la lutte contre le port d’arme. Consigne a été donnée au parquet que toutes les personnes interpellé­es avec une arme blanche, qu’elles soient ou non sur le lieu d’une rixe, soient quasi systématiq­uement déférées.

« Il y a trop d’armes en circulatio­n », insiste le magistrat, qui espère jouer sur l’aspect préventif d’une telle mesure et poursuivre un travail de fond engagé depuis quelques années avec la préfecture de police, la Mairie, l’Education nationale, les bailleurs sociaux, etc., pour lutter contre les phénomènes de bandes. « Il ne faut pas grand-chose pour qu’une bagarre devienne extrêmemen­t grave. Mais l’inverse est également vrai, on peut assez facilement empêcher un passage à l’acte », poursuit-il, soulignant que la majorité des jeunes impliqués dans des rixes sont inconnus des services de police, bien insérés, parfois bons élèves. Lorsqu’ils ont lieu, les passages à l’acte sont toujours très violents. Et si ce n’est pas avec un couteau, c’est avec tout ce qui tombe sous la main des participan­ts : battes de baseball, pierres ou tournevis sont fréquemmen­t utilisés dans ces affronteme­nts. « Il y a une distorsion entre les profils de ces jeunes, la futilité des motifs et la gravité des conséquenc­es», insiste le procureur de la République. Or, sur ce point, la prévention est plus difficile à mettre en oeuvre puisque, rappelle Rémy Heitz, ces objets deviennent des armes par l’usage qu’on en fait. L’affaire Yuriy en témoigne : 11 jeunes, presque tous mineurs, ont notamment été mis en examen pour tentative d’assassinat.

Les personnes interpellé­es avec une arme blanche seront désormais déférées.

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20 Minutes a rencontré Rémy Heitz, le procureur de la République de Paris.

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