Le recul de l’espérance de vie pourrait être «très net»
La pandémie a souligné les inégalités dans la région, souligne Valérie Féron, statisticienne
En 2019, l’espérance de vie a progressé en Ile-de-France : 81,4 ans pour les hommes et 86,1 ans pour les femmes, selon une étude publiée fin mars par l’Observatoire régional de santé. Si à première vue ces données peuvent paraître obsolètes au regard de la crise sanitaire, elles éclairent grandement la situation présente, explique Valérie Féron (photo), autrice de cette étude.
Vous notez qu’en 2019 l’Ile-de-France est la région où l’on vit le plus vieux, mais qu’elle présente des disparités… Le lien entre l’espérance de vie et le profil sociodémographique est très important. Plus on appartient à une catégorie socioprofessionnelle élevée, plus on a de chances de vivre vieux. Or on note d’importantes disparités, sociales et économiques, à l’échelle de la région. D’une manière générale, il y a plus de deux ans d’espérance de vie de moins en Seine-Saint-Denis qu’à Paris.
Comment expliquer de telles disparités alors même que l’accès aux soins est gratuit en France ?
Pour se faire soigner, il faut avoir le temps de le faire. Des personnes qui font face à des problèmes sociaux ou économiques importants ne vont pas forcément avoir un suivi régulier. Par ailleurs, l’offre de soins n’est pas la même partout : la Seine-Saint-Denis est un désert médical.
A-t-on une idée des conséquences de la crise sanitaire sur l’espérance de vie dans la région ?
Selon une étude de l’Insee publiée récemment, on estime que, en 2020, l’espérance de vie a reculé en France de six mois pour les femmes et de sept pour les hommes. Nous n’avons pas encore les chiffres régionaux, mais le recul pourrait être encore plus marqué en Ile-de-France puisque la région a subi de plein fouet les trois vagues. Cela sera probablement une baisse ponctuelle, comme lors de la canicule de 2003, qui avait causé une surmortalité importante, mais elle sera nette.