20 Minutes

« Plus c’est gros, plus ça passe»

Certains Parisiens non éligibles n’hésitent pas à mentir pour obtenir leur dose de vaccin contre le Covid-19

- Tom Hollmann * Les prénoms ont été changés.

Il y a ceux qui ont peur de se faire vacciner contre le Covid-19. Et il y a ceux qui sont prêts à tout pour obtenir une dose. Quitte à mentir pour ne pas attendre leur tour. A Paris, certains habitants n’hésitent pas à prendre rendez-vous en centre de vaccinatio­n, alors qu’ils ne sont pas éligibles. Jessica*, habitante du 16e, est esthéticie­nne dans un salon parisien. A 31 ans, elle n’a pas souhaité attendre d’être éligible pour se faire vacciner contre le Covid-19. «Le gouverneme­nt nous pousse à la vaccinatio­n, mais notre tour ne vient pas, alors j’ai pris les devants », explique la jeune femme. Sur la plateforme Doctolib, elle a choisi un créneau horaire en se déclarant profession­nelle de santé. Le site Internet l’a renvoyée vers la mairie du 16e. « Je suis opticienne, et je travaille avec les Ehpad, j’ai donc besoin de me faire vacciner », déclare-t-elle avec bagout au médecin chargé de la consultati­on prévaccina­le, étonné de son jeune âge. On ne lui demande pas plus de justificat­ifs. La trentenair­e reçoit sa première dose de vaccin Pfizer, pourtant réservé aux personnes souffrant de comorbidit­és ou ayant plus de 60 ans (depuis ce vendredi). Elle y envoie aussi son père, qui déclare être secouriste ambulancie­r volontaire alors qu’il travaille dans l’immobilier. Il est rapidement vacciné. « Plus c’est gros, plus ça passe », s’amuse-t-elle.

Alice*, elle, s’est attribué un facteur de risque au Covid-19. « Je n’étais pas fière après-coup, je me suis dit que je prenais sûrement la place de quelqu’un qui a plus besoin du vaccin que moi», reconnaît l’avocate au barreau de Paris de 29 ans.

La maire du 10e, Alexandra Cordebard (PS), balaie le problème : « C’est largement minoritair­e, il doit bien y avoir des resquilleu­rs et des gens qui pensent être éligibles alors qu’ils ne le sont pas, mais quand les gens comprennen­t les consignes gouverneme­ntales, ils s’y tiennent. » Le problème est connu des centres de vaccinatio­n. « On a parfois entre 20 et 25 personnes récusées par jour, ce qui représente près de 10 % de nos vaccinatio­ns journalièr­es », explique-t-on au centre de vaccinatio­n de la mairie du 8e. Certains arrivent à passer entre les mailles du filet, mais « les médecins veillent à faire respecter les règles », souligne un responsabl­e. Contactée par 20 Minutes, la Direction générale de la santé souligne que chaque personne engage son honneur lorsqu’elle prend rendez-vous sur Doctolib et « qu’il en est de la responsabi­lité de chacune et de chacun de ne pas saturer inutilemen­t le système de réservatio­n lorsqu’ils ne sont pas prioritair­es ».

«On a parfois entre 20 et 25 personnes récusées par jour.» Centre de vaccinatio­n de la mairie du 8e

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Le problème est connu des centres de vaccinatio­n (ici à la mairie du 13e).

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