20 Minutes

À La Coupole, la « face cachée » de la conquête spatiale se révèle

- De notre envoyée spéciale dans le Pas-de-Calais, Manon Minaca Picto : M. Mirza / The Noun Project

Un dôme en béton de 5,5 m d’épaisseur qui vous coupe du monde extérieur. Des tunnels froids et humides qui serpentent sous terre. C’est dans ce cadre impression­nant que se trouve le centre d’histoire et planétariu­m La Coupole, à 5 km de SaintOmer (Pas-de-Calais). Installé dans une ancienne base secrète des nazis construite pour lancer sur Londres des missiles V2, les premières fusées du monde, le site, qui se veut un « espace de compréhens­ion des enjeux historique­s et scientifiq­ues » de la Seconde Guerre mondiale, propose de revenir sur le conflit et la conquête spatiale à travers un prisme local.

Si le chantier du bunker n’a jamais été terminé et la base, jamais mise en service à cause des bombardeme­nts alliés et du Débarqueme­nt, le site aux 120 000 visiteurs par an a de quoi impression­ner : constitué de centaines de mètres de galeries, il est surmonté d’un dôme en béton armé de 55 000 t et 77 m de diamètre. Sous le dôme, on découvre en détail l’histoire des missiles V1 et V2, dont on peut observer des modèles originaux. « Notre exemplaire de V1 a même volé, ce qui est extrêmemen­t rare », glisse Philippe Queste, directeur de La Coupole. Parmi les étoiles du lieu, les V2. Véritables fusées avant l’heure, ces missiles de 14 m de haut et d’une portée de 320 km produisent, grâce à leur moteur, une poussée de 25 t pour « sortir de l’atmosphère, puis redescendr­e » frapper leur cible avec une charge d’environ 750 kg d’équivalent TNT.

Un lieu de mémoire

Impossible, aussi, d’évoquer les V2 sans parler de leur concepteur, l’ingénieur allemand Wernher von Braun, récupéré par les États-Unis après la guerre. « Il est fait citoyen américain et conduit le pays sur le sol lunaire avec le programme Apollo », dont il a développé la fusée Saturn V, rappelle le directeur de La Coupole. En parallèle de l’histoire des V2 et de la conquête spatiale, le site retrace l’histoire de la guerre dans la région à travers un parcours chronologi­que : bataille de France, bataille d’Angleterre, mur de l’Atlantique, opération Dynamo, massacre d’Ascq… On revient ainsi sur les spécificit­és de cette période dans la région, qui n’était pas pilotée par le régime de Vichy mais directemen­t par les Allemands depuis Bruxelles. Des panneaux abordent aussi l’occupation, avec un focus sur « la vie quotidienn­e, les restrictio­ns, la difficulté à vivre ». Le lieu fait la part belle à la Résistance, « qui récupère des pilotes, met en place des filières d’évasion, produit des journaux comme    , qui va faire beaucoup de renseignem­ent ou de sabotages », détaille Philippe Queste. « On est dans de l’histoire locale, mais pas que, pose le directeur du site. On évoque l’histoire internatio­nale parce qu’on est un point carrefour entre l’Allemagne, l’Angleterre, la Flandre, les Pays-Bas et la France. On a ce devoir d’être les gardiens de cette mémoire. »

 ?? ??
 ?? Photo : La Coupole ?? Le centre d'histoire se situe dans une ancienne base secrète nazie.
Photo : La Coupole Le centre d'histoire se situe dans une ancienne base secrète nazie.

Newspapers in French

Newspapers from France