France, le Doubs
La Franche-Comté au coeur
De sa source à son embouchure, il n'y a que 100 km à vol d'oiseau, pour autant le Doubs serpente et parcourt 453km à travers son département. Ses verts paysages sont jurassiens, ponctués de reculées, de montagnes, de falaises, de forêts,
de chutes d’eau et de lacs.
Besançon compte de nombreux vestiges gallo-romains. La cité a toujours été au croisement de grandes routes commerciales. Si l’on ajoute à cela une topographie exceptionnelle, des lieux, on comprend son intérêt stratégique et militaire.A la demande de Louis XIV, Vauban réalise les plans de la citadelle en 1668, mais la même année le Traité d'Aix-la-Chapelle restitue la FrancheComté aux Espagnols. En 1674, l'armée française avec à sa tête Vauban conquiert définitivement la région. Celui-ci modifie et achève les travaux entamés par les espagnols et fortifie la ville. Perchée sur le mont Saint-Etienne, la citadelle de Besançon surplombe de plus de 100 mètres la boucle parfaite que forme à cet endroit un méandre du Doubs autour de la vieille ville de la capitale comtoise. Des visites guidées sont proposées, dont une animée par un acteur en costume jouant Vauban. Un spectacle multimédia de 15mn dans la chapelle permet de saisir l'histoire des lieux de Jules César (la ville s’appelait alors Vesontio) à aujourd'hui. Le site accueille également un musée Comtois ainsi qu'un déchirant musée de la résistance et de la déportation. Ville de Victor Hugo, de Charles Nodier et des frères Lumière qui virent le jour sur la même place, la capitale de la Franche-Comté est uncentre horloger, qui assurait 90% de la production française de montres en 1880. Le Musée du Temps est installé dans le magnifique palais Granvelle, de style renaissance, que fît construire le puissant Nicolas Perrenot de Granvelle, homme de confiance, chancelier puis garde des sceaux de Charles Quint. D'impressionnantes tapisseries évoquant la vie de l'empereur dans lesquelles apparait Granvelle y sont exposées. La collection affiche mille cinq cents montres et une centaine d'horloges anciennes au compteur. On y admire entre autres une horloge astronomique comptant pas moins de trente mille pièces et cinquante-sept cadrans ou encore la montre Leroy 01, la plus compliquée du monde, datant de 1904.
Le tour de la FrancheComté en trois heures
C’est en tout cas ce que propose le musée de plein air des maisons comtoises de Nancray, à travers une trentaine d'édifices dont quinze fermes démontées de leurs lieux d'origine puis remontées et restaurées sur ce site de 15ha.A travers les paysages verdoyants et vallonnés du parc, la visite permet de comprendre les modes de vies et leurs évolutions en Franche-Comté de la fin du XVIIe au milieu du XXe siècle. La Saline royale d’Arc-et-Senans est une ancienne manufacture classée au Patrimoine mondial par l'Unesco. Chef d'oeuvre de l'architecte Claude-Nicolas Ledoux, elle fut construite entre 1774 et 1779. Ce majestueux hémicycle est composé de onze bâtiments, comptant les pavillons d'habitation des ouvriers et leurs jardins, les ateliers et la maison du directeur. L'or blanc était alors soumis à la gabelle. Il était produit en chauffant la saumure en provenance de Salins-les-Bains relié par un « Saumoduc » souterrain de 21 kilomètres en épicéa.
La chauffe au feu de bois durait de un à trois jours avant que les ouvriers puissent récolter le sel cristallisé par des températures de l'ordre de 45° C à 50° C. La proximité de la forêt de Chaux décida de son emplacement. Voulue par Louis XV, elle fonctionna de 1779 à 1895, employant 250 personnes dont 80 vivant sur place. La surveillance permanente, pour éviter le vol, est symbolisée par l'énorme oeil-de-boeuf coiffant le fronton de la cyclopéenne et centrale maison directoriale.
L’Origine du monde
Le Musée Gustave Courbet a ouvert ses portes en 2011 à Ornans, dans la maison familiale du peintre. Les motifs des 41 oeuvres qui y sont exposées sont à découvrir in situ, au fil de sept balades et randonnées à pied ou à vélo dans les environs, entre paysages verdoyants et falaises des montagnes du Jura. Sa tombe se trouve dans le cimetière qui lui inspira sa célèbre toile de 1850 un
enterrement à Ornans, que le monde entier admire aujourd'hui au musée d'Orsay à côté de l’origine du monde, qui n'a pas fini de faire couler de l'encre. Dans un autre genre, le musée de l'aventure Peugeot à Sochaux célèbre, lui, la marque au lion. Outre l’épopée automobile, Peugeot a produit durant son histoire une multitude d'objets mécaniques : moulins à café ou à poivre, tondeuses, cyclomoteurs, scooters, bicyclettes, scies à ruban, machines à coudre, corsets, patins à glace, moteurs d'avion, grille-pain, fers à repasser, gaufriers, machines à laver... Une formidable aventure industrielle commencée en 1810, en forme d’inventaire à la Prévert, que l'on visite dans un espace d'exposition faisant la part belle à l'automobile avec plus de 200 véhicules, allant de la 205 Turbo 16 double championne du Monde des Rallyes à une papamobile. Les vertus médicinales de l'absinthe sont connues depuis l'antiquité. Si la boisson fut inventée en Suisse c'est à Pontarlier qu'elle connut son heure de gloire. L'aventure commence en 1890.
De quatre distilleries en 1826, à Pontarlier, on passe à vingt-deux en 1913. C'est un boum économique pour la ville et la région.A l'époque le produit est expédié jusqu'en Chine et titre entre 65 et 72 degrés. Un verre coûte deux sous, d'où son succès. L'absinthe cultivée alors dans la région était associée à de l'anis vert provenant d'Espagne, chacun ayant son secret de fabrication. En 1901, Pernod, la plus grosse distillerie de la région s’enflamme. Les cuves sont vidées dans les eaux du Doubs par un ouvrier pour sauver la ville des flammes et des explosions.Tandis que la distillerie brûle, la population trinque à même la rivière. L'absinthe colore le Doubs puis la source de la Loue, empruntant les soussols karstiques typiques du Jura, démontrant que la seconde est une résurgence du premièr. C'est le puissant lobby viticole qui vint à bout de l'absinthe et mena à son interdiction en 1915. « L'absinthe rend fou et criminel, elle fait de l'homme une bête et menace l'avenir de notre temps » entendait-on alors. La molécule accusée de rendre fou est la thuyone, qui donne son parfum à la boisson. En 1988, Pierre Guy cherche à revaloriser son produit original et fait des essais avec le laboratoire atomique de Saclay, démontrant que la thuyone n'y est pour rien : c'est l'alcool frelaté utilisé alors qui est incriminé. Depuis 2011, la maison redistille de l'absinthe utilisant foudres et alambics de la première heure. Tous les premiers week-ends d'octobre ont lieu les Absinthiades de Pontarlier. Le château de Joux fièrement perché sur un éperon rocheux, à l'entrée de la cluse de Pontarlier, domine d'une centaine de mètres le Doubs et la route commerciale qui, depuis l'antiquité (Jules César l'emprunta pour as- siéger Alésia), relie le Jura à la vallée de la Saône, la Bourgogne à la Suisse, les Flandres et la Champagne à l'Italie. Maison des seigneurs de Joux au XVe, il passe aux mains des ducs de Bourgogne puis de l'Espagne, avant de devenir français sous Louis XIV et de tomber dans le giron de Vauban qui paracheva son système défensif ne comptant pas moins de cinq murs d'enceinte et trois pont-levis.
Mille ans d’histoire
militaire
Prison d'Etat au XVIIIe qui retint Mirabeau et Toussaint-Louverture, son rôle de sentinelle fut conforté au XIXe par Joffre avec la construction d'un fort enterré.Aujourd'hui, il abrite l’une des plus belles collections d'armes anciennes d'Europe qui regroupe plus de650 pièces de l'Ancien Régime à la IIIe République. En juillet et en août, le château s'anime : reconstitutions historiques, journées de fauconnerie, concerts nocturnes. Le Comté est un fromage de garde inventé pour pallier la saisonnalité du lait par la conservation de grosses meules. Le fromage d'origine était appelé « Vachelin ». La première fruitière remonte à 1260. Elles furent inventées à des fins de mutualisation. Le fort Saint-Antoine est situé entre le Lac de Saint-Point et le Mont d'Or, à 1 100m d'altitude. Il a été construit entre 1879 et 1882. La famille Petite, un nom bien connu des amateurs de cette AOP, le loue à la commune depuis 1966.A l’intérieur, Claude Quéry, affineur, veille depuis 27 ans sur une cathédrale de 100 000 meules. Empilées les unes sur les autres elles surpasseraient l’Everest. Les cinq affineurs du Fort notent sur le fromage, en grattant la croute, des signes qu’eux seuls comprennent et se transmettent : ils indiquent la qualité, la destination, le prix, l’âge, les arômes... Certaines meules dorment ici pour des clients prestigieux dans le plus grand secret...