4x4 Magazine

Toyota HDJ 80 ou KDJ 150 ?

Une vie après le 80

- Pierre-Louis Quemin, photos Audrey Mansalier.

C’est une évidence, nos légendaire­s Land Cruiser muent au rythme du marché et s’embourgeoi­sent au fil des génération­s. Si le dernier-né des Toyota s’achète par nécessité ou bien par passion, force est de constater qu’il commence tout juste à pointer son nez sur les pistes les plus reculées. A contrario, l’ancêtre présenté ici jouit d’une cote impression­nante, pour ne pas dire insolente.

Soixante ans d’histoire

Le positionne­ment marketing du Land Cruiser est identique depuis le BJ de 1951 : « Du coeur de la ville aux grands espaces sauvages, ce 4x4 reste un véhicule conçu et sans cesse amélioré pour relever les défis de conduite les plus extrêmes », dixit Toyota. Sa réputation de fiabilité en a fait une référence du domaine. Mais soyons plus précis. La famille des 4x4 Toyota est nombreuse et ces deux représenta­nts sont issus de branches bien distinctes. D’une part, le HDJ 80 qui appartient à la lignée des station wagons née en 1967 avec le FJ 55. Si son actuel descendant, le VDJ 200 à moteur V8, comble ses occupants par une débauche de luxe ; il agace certains pilotes par trop d’assistance électroniq­ue. Et d’autre part, le KDJ 150 qui s’inscrit, quant à lui, dans une autre lignée, celle des Light Duty (ou Prado) apparue en 1986 avec le LJ 71.

Gabarit : un Light aux dimensions de SW…

Bonne nouvelle pour les raiders, le petit neveu est maintenant pratiqueme­nt aussi volumineux que son grandoncle. Empattemen­t, voies avant et arrière sont quasi identiques, ce qui permet d’offrir au KDJ 150 une habitabili­té proche de celle du HDJ 80. Avantage tout de même au station wagon pour la taille de sa soute arrière.Une fois à bord, le jeune met une claque à l’ancien. Equipement­s de sécurité et d’agrément, qualité perçue, finition et précision des assemblage­s sont incomparab­les. Bien que les plastiques et les moquettes du HDJ 80 restent des modèles de longévité, ils ne

peuvent soutenir la comparaiso­n avec ce que proopose un 4x4 récent.A bord du KDJ 150, on se sent comme dans un cocon. Les commandes sont douces et agréables ; silence de fonctionne­ment et confort supérieur sont au rendezvous. Avantage au KDJ 150 qui marque des points.

Des surprises côté moteur

Le station wagon est moins puissant de vingt chevaux, malgré une cylindrée bien supérieure. Sur le papier, il est également moins coupleux malgré ses deux pistons de plus.Avec un supplément de deux cents kilos sur la balance, le rapport poids/puissance bascule nettement en faveur du KDJ 150. Pourtant, au volant, le 6 cylindres du SW conserve l’avantage en agrément. Plus rond et parfaiteme­nt équilibré, le bloc Yamaha n’a pas pris une ride pour un écart de conso qui n’est que de 2 l/100. Fiabilité, onctuosité et musicalité du 4,2 litres sont sans commune mesure avec celles du 4 cy-lindres, dont les montées en régime apparaisse­nt ternes et étouffées par l’échappemen­t et le FAP. Dommage.

Comporteme­nt routier : l’ancien s’incline

Si les longues distances à bord d’un Toyota HDJ 80 restent un vrai plaisir, il marque en toute logique le pas face au dernier-né des Japonais qui place la barre très haut. Les progrès réalisés, notamment sur l’aérodynami­que, rendent le KDJ 150 moins sonore et plus confortabl­e sur les grands trajets. Bien aidé par son train avant plus précis, il jouit de surcroît d’une meilleure agilité. Mieux, son comporteme­nt devient joueur lorsque le rythme s’accélère. Stable et efficace, le KDJ 150 s’inscrit bien dans les courbes et revient parfaiteme­nt en ligne à chaque sortie de virage. Certes, le changement de suspension­s y est pour beaucoup, puisqu’il s’agit des modèles haut de gamme de P2S conseillés par Frédéric Bertrand, de Modulauto qui a réalisé la préparatio­n de ce KDJ 150.

Verdict en tout-terrain

Chaud devant… Le KDJ 150 se retrouve dans une situation à la fois favorable et ambiguë. Sa conception à deux roues avant indépendan­tes le prédispose à coller aux pistes et à se venger dans le sinueux. Là encore les progrès réalisés sur les liaisons au sol du Light Duty sont impression­nants. Sur les pistes rapides, la suprématie du HDJ 80 est mise à mal. Plus pataud, le SW souffre de son inertie et le condamne au roulis. Il est moins réactif et parfois capricieux en rappel de direction. C’est la rançon de son architectu­re à deux ponts rigides, qui avaient fait de lui un solide pistard. Sur terrain meuble, la motricité du série 15 se disperse et les anitpatina­ges finissent par ralentir sa progressio­n. Attention aux excès d’optimisme, sous peine de laisser ses deux pare-chocs au fond d’un trou. Dommage car, dans sa version Le Cap, le KDJ 150 boîte « méca » est bien disposé. Ici, peu d’assistance électroniq­ue : le Toy conserve son âme de pur et dur avec son châssis échelle séparé, sa boîte courte et son blocage arrière manuel. Si son poids contenu et son agilité lui autorisent quelques franchisse­ments dignes de sa lignée, il ne peut égaler son aïeul qui pourra toujours compter sur ses deux ponts rigides et ses trois blocages en cas de coup dur. Le KDJ 150 gagne en performanc­es pures mais devra s’incliner en off-road intensif. Au final, ces deux plaisancie­rs de l’aventure s’opposent mais offrent des kilomètres de voyages en première classe. De son côté, le HDJ 80 tient son rang malgré ses vingt ans et ses 400 000 km de plus. Il reste un pilier du monde du tout-terrain et nous donne encore rendez-vous dans vingt ans pour fêter son million de kilomètres. Digne héritier malgré les apparences d’un endimanché, le KDJ 150 est un vrai Land Cruiser bon pour le service. Hyper-polyvalent, il revendique la dynamique d’un gros SUV tout en allant taquiner le HDJ 80 sur le terrain. Le KDJ 150 remporte ce match, mais un stop à la case « préparatio­n » est incontourn­able pour qui souhaite sortir des sentiers battus. Il devient alors redoutable et constitue une vraie alternativ­e au raider qui se pose la question du remplaceme­nt de son vieux HDJ 80.

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 ??  ?? Doté d'une vraie réduction, le 150 surprend en off-road. Attention tout de même aux pare-chocs.
Doté d'une vraie réduction, le 150 surprend en off-road. Attention tout de même aux pare-chocs.
 ??  ?? Avec ses trois blocages et son couple de camion, le 80 est impérial en franchisse­ment.
Avec ses trois blocages et son couple de camion, le 80 est impérial en franchisse­ment.
 ??  ?? Malgré la qualité de ses plastiques, le SW ne peut rivaliser face au Light, qui offre un véritable cocon à ses passagers.
Malgré la qualité de ses plastiques, le SW ne peut rivaliser face au Light, qui offre un véritable cocon à ses passagers.
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 ??  ?? Bien qu'issus de lignées différente­s, ces deux Land Cruiser perpétuent la légende des dignes baroudeurs de Toyota.
Bien qu'issus de lignées différente­s, ces deux Land Cruiser perpétuent la légende des dignes baroudeurs de Toyota.
 ??  ?? Equipé de suspension­s hautes performanc­es P2S, le KDJ est rivé à la piste et remporte le match. Mais atteindra t-il le kilométrag­e du HDJ ?
Equipé de suspension­s hautes performanc­es P2S, le KDJ est rivé à la piste et remporte le match. Mais atteindra t-il le kilométrag­e du HDJ ?
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