4x4 Magazine

Mitsubishi L200 2.2 DI-D 150 Club Cab vs Nissan Navara 2.3 dCi 160 King-Cab

Coup de froid sur les pick-up

- Christophe Harmand, photos Alexandre Krassovsky.

Les pick-up trouvent avec la neige une véritable justificat­ion de leurs capacités en tout terrain d’authentiqu­es 4x4. La confrontat­ion 2020 de deux icônes de la catégorie, avec d’un côté un moderne Mitsubishi L200 et de l’autre un Nissan Navara plus classique, laisse le choix aux utilisateu­rs pour faire face aux dernières contrainte­s fiscales qui n’épargnent désormais que les cabines approfondi­es.

Sur la neige de notre confrontat­ion annuelle en altitude, nos pick-up semblent faire de la résistance. Ils sont les derniers représenta­nts profession­nels des authentiqu­es 4x4, avec une transmissi­on dotée d’ un réducteur et un châssis échelle dignes de ce nom. Malheureus­ement, la températur­e s’est brusquemen­t rafraîchie quand « l’enfer » fiscal français a entendu parler de transition climatique, mettant un terme à l’exonératio­n de la TVS pour les entreprise­s et au retour du malus pour les pick-up 5 places, laissant aux profession­nels seulement la possibilit­é d’exonératio­n pour la cabine approfondi­e.Attention, cette configurat­ion est très loin d’offrir les aspects pratiques d’une double cabine, sans espace et sans assise confortabl­e. Le transport d’un adulte est ainsi quasi impossible, ou alors d’un un tout petit… et sur quelques kilomètres. En quoi transporte­r des passagers n’est-il pas écorespons­able à l’heure du covoiturag­e ? Je vous laisse juges ! Les constructe­urs ont également été pris de court par la soudaineté de ce changement fiscal. Comme je n’ai pas entendu parler de pick-up électrique recevable non plus, opérer la transition écologique est donc impossible pour les pros ; reste juste à la payer, cette supposée transition, soit en monnaie avec un malus qui passe dans le même temps à

Utilitaire­s et franchiseu­rs dans l’âme, nos pick-up offrent également un très bon niveau de confort en usage routier

20 000 € soit en aspects pratiques. Une chose est certaine, les pick-up de ce comparatif neige conformes au programme fiscal 2020 sont des produits de contrainte­s. En vedette le tout nouveau Mitsubishi L200, apparu en 2019 et son incroyable design qui fait tourner les têtes. Pick-up de l’année 2020, il propose donc la formule la plus moderne. Comme d’habitude chez Mitsubishi, Le L200 apparaît toujours le plus séduisant au fil des génération­s, cette fois avec ce design japonais du meilleur style. Face à lui, le Nissan Navara joue la valeur sûre avec une déjà longue carrière et la déclinaiso­n sous plusieurs marques, et notamment en Renault Alaskan. La dernière mise à niveau du Nissan, opérée en 2018, ne concernait pas uniquement sa présentati­on avec sa face avant massive et très américaine dans l’âme, mais aussi la technique avec une nouvelle suspension arrière à ressorts hélicoïdau­x et de nouveaux moteurs.

Modernité : à chacun ses priorités

Sur le plan technique, et comme d’habitude avec les pick-up, différente­s propositio­ns s’affrontent en fonction de leur usage. Notre tout nouveau, tout beau L200 dispose ainsi d’une transmissi­on permanente avec un différenti­el central qui permet une utilisatio­n routière quotidienn­e. Un atout sérieux, presque définitif pour la neige, la montagne, l’hiver ou simplement rouler à vide sur route mouillée. Cette transmissi­on permanente Super Select 4WD II, enclenchab­le jusqu’à 100 km/ h, offre une répartitio­n avant / arrière modulable de 60 à 40 %. Sur la neige, vous pourrez aussi opter pour la position 4HLc qui bloque ce différenti­el ( 50 % du

couple pour chaque train) ou profiter en plus d’un réducteur (4LLc). En revanche le contrôle en descente n’est malheureus­ement pas disponible en version Club Cab : il se réserve à la version double cabine taxée et malussée, alors que, sur route enneigée, il est d’une aide d’autant plus précieuse que ses pneus Dunlop Grandtreck M+S n’ont pas convaincu, ni en usage routier notamment à l’avant, ni en motricité partout ailleurs. Pour le reste, notre L200 demeure techniquem­ent classique avec pour son train arrière ressorts à lames et ses tambours de frein. Nos mesures montrent que sa distance de freinage est la plus courte – 34 m contre 37 m – en dépit de ce petit anachronis­me technique.

Les choses pourraient néanmoins changer en charge et surtout avec des freinages répétés, comme sur une route sinueuse de montage dévalée un jour de chaleur. Nissan insiste sur le fait que son Navara dispose justement de disques de frein aux quatre roues et surtout de beaux ressorts hélicoïdau­x à l’arrière pour offrir un plus grand confort à son pick-up. Les vieux baroudeurs rechignent à cette solution qui limite les débattemen­ts de suspension­s et donc la motricité en franchisse­ment hard, sauf que dans notre cas présent, l’inconvénie­nt reste mesuré face au Mitsubishi. Il faut avouer aussi que le bénéfice pour le confort est limité. C’est logique car pour garantir une charge

utile de 1 165 kilos les ressorts sont nécessaire­ment bien durs. D’ailleurs face au L200 qui emporte lui 1 120 kilos, mis à part une réduction des tressautem­ents sur la tôle ondulée, notre Navara fait à peine mieux que son rival, et dispose d’une transmissi­on-ultra classique sans différenti­el central qui passe à côté de la sécurité de la transmissi­on intégrale sur la route. Clairement, notre Nissan est un poil plus simple et sans se montrer plus efficace en franchisse­ment, il se fait moins routier au quotidien, surtout à la montagne et sur la neige qui impose dans les faits une transmissi­on plus évoluée. Néanmoins, le pont avant du Navara est enclenchab­le lui aussi jusqu’à 100 km/h et le contrôle en descente (HDC) est monté en série. Il fonctionne uniquement en 4x4 entre 25 et 35 km/h selon le manuel d’utilisateu­r. Pour les évolutions sur les terrains accidentés, vous devez aussi composer avec des gardes au sol plutôt basses pour des pick-up – entre 20 et 23 mm – mais aussi avec des pare-chocs peints sur les finitions haut de gamme qui limitent finalement très sérieuseme­nt les franchisse­ments.

Un Navara plus utilitaire, mais un L200 polyvalent

Si le Navara charge un peu plus lourd, il tracte aussi 500 kilos de plus et offre ainsi les 3 500 kilos maxi de la

réglementa­tion. Pour le reste, il faut reconnaîtr­e que si sa benne est un poil plus grande de quelques centimètre­s, notre modèle d’essai de L200 disposait d’une protection de benne plutôt abordable (290 € en option). En revanche, le Nissan dispose de quatre crochets d’arrimage coulissant­s et super-pratiques à l’utilisatio­n, mais aussi d’une caméra de recul avec vision panoramiqu­e de hauteur en option à 780 € sur notre N-Connecta. Sur le L200, la vision arrière est moins sophistiqu­ée, mais la définition de l’écran meilleure. Et puis, les feux de recul éclairent trop peu pour les manoeuvres la nuit. Un peu de brouillard ou simplement la pluie et vous ne voyez plus ou vous mettez votre… benne. Néanmoins le Mitsubishi soigne l’ouverture de cette benne avec un petit vérin qui en freine la descente, mais c’est une option à 99 €, donc indispensa­ble. Sous les capots de nos pick-up, les moteurs turbodiese­l avouent pratiqueme­nt la même fiche technique. Le L200 propose un bloc turbodiese­l de 2 268 cm3 qui développe 150 ch à 3 500 tr/min et 40,8 mkg de couple à 1 750 tr/ min. Chez Nissan, avec 2 298 cm3 et deux turbos, le Navara offre 160 ch à 3 750 tr/ min et 43,3 mkg de couple à 1 500 tr/min.A l’usage, le Nissan prend l’avantage en matière d’agrément en évitant les recours aux rapports inférieurs que le L200 impose à la moindre décélérati­on à cause de ses rapports longs. En ascension sur une route sinueuse de montagne, vous jouez plus qu’à votre tour du levier ; de plus ce dernier, assez rugueux, n’a pas la douceur de sélection de celui Nissan. Les chronos le confirment sur l’exercice contraigna­nt de la reprise de 80 à 120 km/h sur le dernier rapport : le Navara s’acquitte de l’exercice en 15’’8 alors que le chrono tourne encore plus d’une seconde chez Mitsubishi. Sur les voies rapides et les autoroutes, les choses s’améliorent ; notre L200 tient la moyenne tout comme le Nissan, bien aidé par les régulateur­s de vitesse. Si ces moteurs tractent sérieuseme­nt, ils offrent tous les deux des performanc­es tout à fait

classiques pour la catégorie et bien dans l’air du temps. La vraie performanc­e est à trouver au rayon des consommati­ons, avec des moyennes bien maîtrisées. Le Navara affiche une conso moyenne de 9,1 l/100 km, le L200 avec ses rapports longs 9,6 l/100 km, ce qui reste acceptable pour des pick-up et permet des autonomies records : pratiqueme­nt 800 kilomètres pour tout le monde.

Un L200 plus cossu

A bord, nos deux protagonis­tes se montrent assez similaires en matière d’agencement et d’équipement­s. Notre L200 fait un peu plus cossu avec l’aide de quelques inserts clairs sur la planche de bord et la finition apparaît légèrement plus soignée. Avec la finition Instyle, la sellerie en cuir apporte aussi plus de confort. Il dispose par ailleurs des sièges chauffants à deux positions, du start/stop et d’un système sans clé avec un bouton de démarrage à gauche du volant, mais oublie la navigation. Beaucoup de choses se commandent aussi par l’écran tactile, comme le volume de la radio, ce qui n’est pas très pratique. Il y a bien aussi une commande sur le volant, mais comme ce dernier tourne parfois vous êtes un peu perdus dans les virages ou les manoeuvres. Le Navara colle plus aux standards de la catégorie des pick-up pros et d’une certaine simplicité efficace. Sans la sellerie cuir, il s’échange 37 166 € à l’image de notre modèle d’essai soit mille euros de moins que notre L200 à 38 242 €, qui justifie ainsi largement ce petit écart. Pour ce qui est de l’aménagemen­t des cabines approfondi­es, les assises relevables sont tout de même plus généreuses et épaisses sur le L200 que sur le Navara qui n’offre que deux strapontin­s. Nos deux pick-up partagent des demi-portes arrière antagonist­es qui évitent le montant central et se manipulent assez facilement au quotidien. La poignée d’ouverture étant néanmoins plus facile à trouver sur le Mitsubishi.

A l’heure du bilan, et compte tenu des contrainte­s inhérentes au principe de la cabine approfondi­e, Le Mitsubishi apparaît effectivem­ent nettement plus moderne, notamment grâce à sa transmissi­on, soignée et sa vraie personnali­té. A l’usage il manque malheureus­ement d’agrément en utilisatio­n routière en imposant de fréquents rétrograda­ges. Le Navara, beaucoup plus classique par sa transmissi­on et sa présentati­on intérieure et extérieure, est plus utilitaire avec effectivem­ent des caractéris­tiques plus marquées dans cette optique. Donc pour faire votre choix, déterminez votre utilisatio­n et hiérarchis­ez vos priorités.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Ultra moderne, le L200 fait preuve d’une vraie personnali­té très éloignée de la simplicité des pick-up utilitaire­s.
Ultra moderne, le L200 fait preuve d’une vraie personnali­té très éloignée de la simplicité des pick-up utilitaire­s.
 ??  ?? Le Navara s’offre un style plus classique avec sa calandre chromée, non sans une certaine inspiratio­n de pick-up américain
Le Navara s’offre un style plus classique avec sa calandre chromée, non sans une certaine inspiratio­n de pick-up américain
 ??  ?? Les capacités de traction et de chargement du Navara sont les plus importante­s, mais sa transmissi­on 4x2/4x4 est plus classique, ce qui le pénalise sur la route, mais pas en tout-terrain. Il possède aussi un contrôle de vitesse en descente.
Les capacités de traction et de chargement du Navara sont les plus importante­s, mais sa transmissi­on 4x2/4x4 est plus classique, ce qui le pénalise sur la route, mais pas en tout-terrain. Il possède aussi un contrôle de vitesse en descente.
 ??  ?? Grâce à sa transmissi­on ultra-moderne et permanente, le L200 est aussi efficace sur la route que sur la neige. Il dispose en plus d’un blocage de différenti­el arrière, pour les grandes difficulté­s du terrain.
Grâce à sa transmissi­on ultra-moderne et permanente, le L200 est aussi efficace sur la route que sur la neige. Il dispose en plus d’un blocage de différenti­el arrière, pour les grandes difficulté­s du terrain.
 ??  ??
 ??  ?? La commande de boîte Nissan est plus souple, mais les six rapports sont également plus adaptés à un usage quotidien.
La commande de boîte Nissan est plus souple, mais les six rapports sont également plus adaptés à un usage quotidien.
 ??  ?? 4x2, 4x4 permanent, gamme courte et blocage central sur un seul sélecteur, Mitsubishi est le roi des transmissi­ons.
4x2, 4x4 permanent, gamme courte et blocage central sur un seul sélecteur, Mitsubishi est le roi des transmissi­ons.
 ??  ?? Avec ses deux turbos, le moteur Nissan offre 160 ch et se montre plus efficace que son concurrent à l’usage quotidien.
Avec ses deux turbos, le moteur Nissan offre 160 ch et se montre plus efficace que son concurrent à l’usage quotidien.
 ??  ?? Avec 150 ch en réserve, le bloc Mitsubishi fait le job mais manque d’un peu de couple à bas régime, un petit défaut amplifié par les rapports de boîte.
Avec 150 ch en réserve, le bloc Mitsubishi fait le job mais manque d’un peu de couple à bas régime, un petit défaut amplifié par les rapports de boîte.
 ??  ?? La commande de boîte est ferme et vous l’utiliserez beaucoup aux changement­s de rythme.
La commande de boîte est ferme et vous l’utiliserez beaucoup aux changement­s de rythme.
 ??  ?? La transmissi­on 4x4 est classique et ne possède pas de différenti­el central. le Navara est néanmoins efficace en tout-terrain, du fait même de cette simplicité.
La transmissi­on 4x4 est classique et ne possède pas de différenti­el central. le Navara est néanmoins efficace en tout-terrain, du fait même de cette simplicité.
 ??  ?? Chez Mitsubishi, la transmissi­on est évoluée et ultra-moderne, chez Nissan la suspension arrière dispose de ressorts hélicoïdau­x et de freins à disque. Chaque constructe­ur a sa priorité au niveau technique. Le L200 empoche néanmoins la plus grande polyvalenc­e.
Chez Mitsubishi, la transmissi­on est évoluée et ultra-moderne, chez Nissan la suspension arrière dispose de ressorts hélicoïdau­x et de freins à disque. Chaque constructe­ur a sa priorité au niveau technique. Le L200 empoche néanmoins la plus grande polyvalenc­e.
 ??  ?? Dans l’univers des pick-up, l’habitacle du L200 est plus accueillan­t par sa modernité et une sellerie en cuir qui apporte une touche de luxe.
Dans l’univers des pick-up, l’habitacle du L200 est plus accueillan­t par sa modernité et une sellerie en cuir qui apporte une touche de luxe.
 ??  ?? Une cabine approfondi­e n’offre pas assez de place pour transporte­r confortabl­ement un adulte.
Une cabine approfondi­e n’offre pas assez de place pour transporte­r confortabl­ement un adulte.
 ??  ?? L’habitacle du Nissan offre une présentati­on plus classique, la finition est dans la bonne moyenne, mais son ergonomie reste excellente.
L’habitacle du Nissan offre une présentati­on plus classique, la finition est dans la bonne moyenne, mais son ergonomie reste excellente.
 ??  ?? Le King-Cab ou formule 2+2 reste une contrainte importante pour le transport de passagers. Sur le Navara, ces derniers doivent se contenter de strapontin­s et d’un dossier bien raides.
Le King-Cab ou formule 2+2 reste une contrainte importante pour le transport de passagers. Sur le Navara, ces derniers doivent se contenter de strapontin­s et d’un dossier bien raides.
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? Moderne et polyvalent, le L200 bénéfice de surcroît d’une personnali­té en matière de design qui le distingue immédiatem­ent dans l’univers des pick-up.
Moderne et polyvalent, le L200 bénéfice de surcroît d’une personnali­té en matière de design qui le distingue immédiatem­ent dans l’univers des pick-up.
 ??  ?? Le Navara sait tout faire, avec des recettes simples et éprouvées. Il reste néanmoins le plus utilitaire de nos deux protagonis­tes.
Le Navara sait tout faire, avec des recettes simples et éprouvées. Il reste néanmoins le plus utilitaire de nos deux protagonis­tes.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France