Mitsubishi L200 2.2 DI-D 150 Club Cab vs Nissan Navara 2.3 dCi 160 King-Cab
Coup de froid sur les pick-up
Les pick-up trouvent avec la neige une véritable justification de leurs capacités en tout terrain d’authentiques 4x4. La confrontation 2020 de deux icônes de la catégorie, avec d’un côté un moderne Mitsubishi L200 et de l’autre un Nissan Navara plus classique, laisse le choix aux utilisateurs pour faire face aux dernières contraintes fiscales qui n’épargnent désormais que les cabines approfondies.
Sur la neige de notre confrontation annuelle en altitude, nos pick-up semblent faire de la résistance. Ils sont les derniers représentants professionnels des authentiques 4x4, avec une transmission dotée d’ un réducteur et un châssis échelle dignes de ce nom. Malheureusement, la température s’est brusquement rafraîchie quand « l’enfer » fiscal français a entendu parler de transition climatique, mettant un terme à l’exonération de la TVS pour les entreprises et au retour du malus pour les pick-up 5 places, laissant aux professionnels seulement la possibilité d’exonération pour la cabine approfondie.Attention, cette configuration est très loin d’offrir les aspects pratiques d’une double cabine, sans espace et sans assise confortable. Le transport d’un adulte est ainsi quasi impossible, ou alors d’un un tout petit… et sur quelques kilomètres. En quoi transporter des passagers n’est-il pas écoresponsable à l’heure du covoiturage ? Je vous laisse juges ! Les constructeurs ont également été pris de court par la soudaineté de ce changement fiscal. Comme je n’ai pas entendu parler de pick-up électrique recevable non plus, opérer la transition écologique est donc impossible pour les pros ; reste juste à la payer, cette supposée transition, soit en monnaie avec un malus qui passe dans le même temps à
Utilitaires et franchiseurs dans l’âme, nos pick-up offrent également un très bon niveau de confort en usage routier
20 000 € soit en aspects pratiques. Une chose est certaine, les pick-up de ce comparatif neige conformes au programme fiscal 2020 sont des produits de contraintes. En vedette le tout nouveau Mitsubishi L200, apparu en 2019 et son incroyable design qui fait tourner les têtes. Pick-up de l’année 2020, il propose donc la formule la plus moderne. Comme d’habitude chez Mitsubishi, Le L200 apparaît toujours le plus séduisant au fil des générations, cette fois avec ce design japonais du meilleur style. Face à lui, le Nissan Navara joue la valeur sûre avec une déjà longue carrière et la déclinaison sous plusieurs marques, et notamment en Renault Alaskan. La dernière mise à niveau du Nissan, opérée en 2018, ne concernait pas uniquement sa présentation avec sa face avant massive et très américaine dans l’âme, mais aussi la technique avec une nouvelle suspension arrière à ressorts hélicoïdaux et de nouveaux moteurs.
Modernité : à chacun ses priorités
Sur le plan technique, et comme d’habitude avec les pick-up, différentes propositions s’affrontent en fonction de leur usage. Notre tout nouveau, tout beau L200 dispose ainsi d’une transmission permanente avec un différentiel central qui permet une utilisation routière quotidienne. Un atout sérieux, presque définitif pour la neige, la montagne, l’hiver ou simplement rouler à vide sur route mouillée. Cette transmission permanente Super Select 4WD II, enclenchable jusqu’à 100 km/ h, offre une répartition avant / arrière modulable de 60 à 40 %. Sur la neige, vous pourrez aussi opter pour la position 4HLc qui bloque ce différentiel ( 50 % du
couple pour chaque train) ou profiter en plus d’un réducteur (4LLc). En revanche le contrôle en descente n’est malheureusement pas disponible en version Club Cab : il se réserve à la version double cabine taxée et malussée, alors que, sur route enneigée, il est d’une aide d’autant plus précieuse que ses pneus Dunlop Grandtreck M+S n’ont pas convaincu, ni en usage routier notamment à l’avant, ni en motricité partout ailleurs. Pour le reste, notre L200 demeure techniquement classique avec pour son train arrière ressorts à lames et ses tambours de frein. Nos mesures montrent que sa distance de freinage est la plus courte – 34 m contre 37 m – en dépit de ce petit anachronisme technique.
Les choses pourraient néanmoins changer en charge et surtout avec des freinages répétés, comme sur une route sinueuse de montage dévalée un jour de chaleur. Nissan insiste sur le fait que son Navara dispose justement de disques de frein aux quatre roues et surtout de beaux ressorts hélicoïdaux à l’arrière pour offrir un plus grand confort à son pick-up. Les vieux baroudeurs rechignent à cette solution qui limite les débattements de suspensions et donc la motricité en franchissement hard, sauf que dans notre cas présent, l’inconvénient reste mesuré face au Mitsubishi. Il faut avouer aussi que le bénéfice pour le confort est limité. C’est logique car pour garantir une charge
utile de 1 165 kilos les ressorts sont nécessairement bien durs. D’ailleurs face au L200 qui emporte lui 1 120 kilos, mis à part une réduction des tressautements sur la tôle ondulée, notre Navara fait à peine mieux que son rival, et dispose d’une transmission-ultra classique sans différentiel central qui passe à côté de la sécurité de la transmission intégrale sur la route. Clairement, notre Nissan est un poil plus simple et sans se montrer plus efficace en franchissement, il se fait moins routier au quotidien, surtout à la montagne et sur la neige qui impose dans les faits une transmission plus évoluée. Néanmoins, le pont avant du Navara est enclenchable lui aussi jusqu’à 100 km/h et le contrôle en descente (HDC) est monté en série. Il fonctionne uniquement en 4x4 entre 25 et 35 km/h selon le manuel d’utilisateur. Pour les évolutions sur les terrains accidentés, vous devez aussi composer avec des gardes au sol plutôt basses pour des pick-up – entre 20 et 23 mm – mais aussi avec des pare-chocs peints sur les finitions haut de gamme qui limitent finalement très sérieusement les franchissements.
Un Navara plus utilitaire, mais un L200 polyvalent
Si le Navara charge un peu plus lourd, il tracte aussi 500 kilos de plus et offre ainsi les 3 500 kilos maxi de la
réglementation. Pour le reste, il faut reconnaître que si sa benne est un poil plus grande de quelques centimètres, notre modèle d’essai de L200 disposait d’une protection de benne plutôt abordable (290 € en option). En revanche, le Nissan dispose de quatre crochets d’arrimage coulissants et super-pratiques à l’utilisation, mais aussi d’une caméra de recul avec vision panoramique de hauteur en option à 780 € sur notre N-Connecta. Sur le L200, la vision arrière est moins sophistiquée, mais la définition de l’écran meilleure. Et puis, les feux de recul éclairent trop peu pour les manoeuvres la nuit. Un peu de brouillard ou simplement la pluie et vous ne voyez plus ou vous mettez votre… benne. Néanmoins le Mitsubishi soigne l’ouverture de cette benne avec un petit vérin qui en freine la descente, mais c’est une option à 99 €, donc indispensable. Sous les capots de nos pick-up, les moteurs turbodiesel avouent pratiquement la même fiche technique. Le L200 propose un bloc turbodiesel de 2 268 cm3 qui développe 150 ch à 3 500 tr/min et 40,8 mkg de couple à 1 750 tr/ min. Chez Nissan, avec 2 298 cm3 et deux turbos, le Navara offre 160 ch à 3 750 tr/ min et 43,3 mkg de couple à 1 500 tr/min.A l’usage, le Nissan prend l’avantage en matière d’agrément en évitant les recours aux rapports inférieurs que le L200 impose à la moindre décélération à cause de ses rapports longs. En ascension sur une route sinueuse de montagne, vous jouez plus qu’à votre tour du levier ; de plus ce dernier, assez rugueux, n’a pas la douceur de sélection de celui Nissan. Les chronos le confirment sur l’exercice contraignant de la reprise de 80 à 120 km/h sur le dernier rapport : le Navara s’acquitte de l’exercice en 15’’8 alors que le chrono tourne encore plus d’une seconde chez Mitsubishi. Sur les voies rapides et les autoroutes, les choses s’améliorent ; notre L200 tient la moyenne tout comme le Nissan, bien aidé par les régulateurs de vitesse. Si ces moteurs tractent sérieusement, ils offrent tous les deux des performances tout à fait
classiques pour la catégorie et bien dans l’air du temps. La vraie performance est à trouver au rayon des consommations, avec des moyennes bien maîtrisées. Le Navara affiche une conso moyenne de 9,1 l/100 km, le L200 avec ses rapports longs 9,6 l/100 km, ce qui reste acceptable pour des pick-up et permet des autonomies records : pratiquement 800 kilomètres pour tout le monde.
Un L200 plus cossu
A bord, nos deux protagonistes se montrent assez similaires en matière d’agencement et d’équipements. Notre L200 fait un peu plus cossu avec l’aide de quelques inserts clairs sur la planche de bord et la finition apparaît légèrement plus soignée. Avec la finition Instyle, la sellerie en cuir apporte aussi plus de confort. Il dispose par ailleurs des sièges chauffants à deux positions, du start/stop et d’un système sans clé avec un bouton de démarrage à gauche du volant, mais oublie la navigation. Beaucoup de choses se commandent aussi par l’écran tactile, comme le volume de la radio, ce qui n’est pas très pratique. Il y a bien aussi une commande sur le volant, mais comme ce dernier tourne parfois vous êtes un peu perdus dans les virages ou les manoeuvres. Le Navara colle plus aux standards de la catégorie des pick-up pros et d’une certaine simplicité efficace. Sans la sellerie cuir, il s’échange 37 166 € à l’image de notre modèle d’essai soit mille euros de moins que notre L200 à 38 242 €, qui justifie ainsi largement ce petit écart. Pour ce qui est de l’aménagement des cabines approfondies, les assises relevables sont tout de même plus généreuses et épaisses sur le L200 que sur le Navara qui n’offre que deux strapontins. Nos deux pick-up partagent des demi-portes arrière antagonistes qui évitent le montant central et se manipulent assez facilement au quotidien. La poignée d’ouverture étant néanmoins plus facile à trouver sur le Mitsubishi.
A l’heure du bilan, et compte tenu des contraintes inhérentes au principe de la cabine approfondie, Le Mitsubishi apparaît effectivement nettement plus moderne, notamment grâce à sa transmission, soignée et sa vraie personnalité. A l’usage il manque malheureusement d’agrément en utilisation routière en imposant de fréquents rétrogradages. Le Navara, beaucoup plus classique par sa transmission et sa présentation intérieure et extérieure, est plus utilitaire avec effectivement des caractéristiques plus marquées dans cette optique. Donc pour faire votre choix, déterminez votre utilisation et hiérarchisez vos priorités.