LA POÉSIE ET L’ÉPURE.
Marbre et béton, laque et laiton… l’architecte designer Vincenzo De Cotiis a réhabilité un ancien hangar à bateaux pour en faire une maison de vacances. Sous le signe du brutalisme et de la sophistication.
D’un ancien hangar à bâteaux, en Toscane, l’architecte-designer Vincenzo De Cotiis a fait une maison de vacances. Rigoureuse, mystérieuse et élégamment inspirée.
À
quelques heures de route de Milan, les beaux jours venus, la commune de Forte dei Marmi attire tout le gotha italien. Dans cette station balnéaire huppée qui ne fut, jusqu’au milieu du xixe siècle, qu’un petit port de pêche, les restaurants en bord de mer, les plages privées et les night-clubs ne désemplissent pas. C’est ici que l’architecte designer Vincenzo De Cotiis a eu pour mission de transformer un ancien hangar à bateaux en maison de vacances : « J’ai souhaité que l’espace demeure le plus ouvert possible, qu’il soit aérien et fluide. Le grand volume du bâtiment, son immense hauteur de plafond m’a tout de suite interpellé. Même s’il s’agit d’une simple construction en brique, il émanait de ces lieux une impression de solennité et de majesté. »
Chargé de repenser l’architecture du bâtiment et d ’ imaginer son mobilier, Vincenzo De Cotiis a conçu le projet comme un tout cohérent : du monumental escalier en béton jusqu’aux vases en verre de Murano en passant par les tableaux, chaque élément a été dessiné ou choisi par ses soins. Comme il s’emploie pour son mobilier, édité sous la griffe Progetto Domestico, à redonner vie à des matériaux de récupération, Vincenzo De Cotiis a conservé des éléments préexistants au bâtiment, comme les murs en brique du salon à l’enduit décrépit. « Le contraste entre des traces du passé et les éléments contemporains est le pivot de mon travail. » Béton brut et marbre, fibre de verre et laiton doré, l’Italien se plaît également à confronter matériaux riches et pauvres, ce qui apporte une indéniable grâce à son travail. Il s’amuse à brouiller les pistes : « Dans les salles de bains, le marbre vert posé sur un piètement en fonte de laiton évoque plutôt un secrétaire qu’un lavabo. J’aime beaucoup bousculer les conventions. »
Chez Vincenzo De Cotiis, les références stylistiques s’entremêlent : si l’immense canapé laqué rouge du salon évoque les années 1970, le dessin des placards de la cuisine renvoie à celui des coffres Art déco ; autour de la table de la salle à manger, chaises de jardin fifties et poufs seventies font la ronde. « Dans la zone nuit, au premier étage, j’ai voulu insérer une tonalité chaude de bois pour évoquer le passé nautique des lieux, en l’accordant avec les précieuses plinthes en laiton. L’ambiance du bâtiment m’a constamment guidé dans son agencement. »
Des allusions Art déco, des meubles vintage, des créations personnelles et un esprit loft… tout le style De Cotiis.
Si, au rez- de- chaussée, Vincenzo De Cotiis a voulu un espace ouvert rythmé par de larges baies vitrées donnant sur le parc boisé, il a choisi une tout autre ambiance pour les trois chambres et les deux salles de bains à l’étage. Éclairés par des vasistas, ces espaces clos et intimes se font presque monacaux. Dans la chambre, au bois du bureau répond celui de la plateforme du lit. Plutôt qu’une lampe de chevet, le décorateur a conçu une grande boîte lumineuse encastrée dans la tête de lit. Ces éléments sculpturaux participent pour beaucoup à l’étrangeté sereine des lieux. « Le mobilier a presque toujours sa propre autonomie esthétique sur mes projets ; il possède une dimension artistique forte. »