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AU FIL DU TEMPS.

Renouant joliment les liens entre passé et présent, le galeriste Michele Seppia a installé ses meubles et sa collection d’objets des xxe et xxie siècles dans les murs patinés d’un palazzo d’Arezzo.

- Texte Marion Bley, photos Michele De Pasquale et Martina Maffini.

Le galeriste Michele Seppia s’est installé, lui, sa compagne et leurs collection­s de meubles et d’objets des xxe et xxie siècles, dans un palazzo du xviiie. Un art de vivre entre passé et présent.

Pour qui cherchait à l’époque à acquérir une propriété dans la petite ville d’Arezzo, en Toscane, c’était la perle rare. Situé dans une rue calme du centre historique (formule quasiment oxymore), ce palazzo datant du xviiie siècle offrait, à peine la porte passée, l’impression de se retrouver à la campagne. Le fait qu’il donne à la fois sur deux rues parallèles lui apportait un cachet spécial, un certain esprit romanesque. Ses grandes fenêtres ouvrant sur un jardin planté d’un cyprès séculaire, vue apaisante entre toutes, le nimbaient aussi d’une luminosité très particuliè­re, véritable bain de soleil intérieur. Il avait, malgré les années et les propriétai­res successifs, conservé sa structure ainsi que ses portes, ses sols et ses volets d’origine, tout comme sa belle rampe d’escalier forgée par un habile artisan à l’époque de sa constructi­on. Si ses murs étaient alors blancs, on devinait sous les écailles des nombreuses couches de peinture d’autres couleurs qui laissaient entrevoir d’excitantes possibilit­és chromatiqu­es.

Michele Seppia et sa compagne Daniela, qui cherchaien­t depuis longtemps une maison en ville, en tombèrent immédiatem­ent amoureux, et l’achetèrent sur-le- champ. C’était en 2011. Architecte d’intérieur et propriétai­re d’une galerie de design, la Nero Design Gallery, Michele sut exactement ce qu’il allait faire, ou pas, dans ces murs : ne toucher ni à la structure ni au plan d’ensemble, et retrouver au maximum l’esprit d’origine et les détails conçus par ceux qui avaient construit la maison. Il restaura donc les murs avec leurs fresques dans les tons de bleu passé, de rouge sang de boeuf et de rose pâle, chaula les autres murs et les plafonds, et nettoya les sols de carreaux de ciment dont il compléta les parties manquantes avec du béton ciré. Il apporta les touches de modernité là où elles s’imposaient, dans la cuisine et les salles de bains… et c’est tout.

Puis, avec Daniela, ils s’enthousias­mèrent à choisir le mobilier et les objets qui conviendra­ient le mieux à chaque pièce, en favorisant les rencontres entre les styles et les époques. De la même

Murs anciens et créations modernes, tons pastel et couleurs intenses… mais la confrontat­ion se fait en toute harmonie.

façon que, dans sa galerie ouverte en 2005, le couple avait commencé par présenter des designers italiens du xxe siècle (Giò Ponti, Osvaldo Borsani, Gino Sarfatti, Marco Zanuso, Gianfranco Frattini, Franco Albini, Angelo Mangiarott­i…) avant de mettre en avant, à partir de 2013, des designers contempora­ins dont ils produisaie­nt les créations, ils firent se croiser chez eux les maestri et les « giovani » , Ettore Sottsass et Duccio Maria Gambi, Marco Ferrari et Antonino Sciortino. Et Michele dessina lui-même les derniers meubles manquants – fabriqués par des artisans locaux, tel le remarquabl­e placard en laiton suspendu de la chambre, hommage à Giò Ponti.

Dans cette maison à la fois ancienne et contempora­ine, Michele et Daniela vivent aujourd’hui comme dans « une oasis de bonheur » , rentrant chaque soir, après leur journée à la galerie, avec le même plaisir intense.

DANS LE SALON, la table basse en béton et marbre noir Isometrico 01 est une édition limitée de Duccio Maria Gambi, 2016 (Nero Design Gallery). Dessus, un singe en céramique de la manufactur­e Zaccagnini, à Florence, années 1940, et un vase en verre de Cenedese, à Murano, années 1960. De g. à dr., une lampe

Zan-Zo de Marco Ferrari (Fontana Arte) datant de 1989, une oeuvre en laiton miroir de Michele Seppia, 2005, un fauteuil en velours de Lenzi, années 1950 et un cabinet Brosse d’Inga Sempé (Edra), 2002. Suspension Stilnovo des années 1950.

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2. UN CONCENTRÉ DE L’ESPRIT
DU PALAZZO règne dans cette pièce, autour de deux tables basses en marbre italiennes des années 1970, au mur, d’une céramique d’Ettore Sottsass, datant des mêmes...
� . MICHELE SEPPIA, galeriste et propriétai­re du lieu. 2. UN CONCENTRÉ DE L’ESPRIT DU PALAZZO règne dans cette pièce, autour de deux tables basses en marbre italiennes des années 1970, au mur, d’une céramique d’Ettore Sottsass, datant des mêmes...

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