RETOUR VERS LE PASSÉ.
De cette belle demeure des environs de Milan, le réalisateur Luca Guadagnino a fait le décor de son prochain film. Et, pour l’occasion, il a recréé de toutes pièces l’élégance intemporelle d’une maison de famille.
C’est une belle et ancienne demeure des environs de Milan que le metteur en scène Luca Guadagnino a choisi comme décor de son nouveau film. En lui donnant un style «maison de famille» élégant et intemporel.
Ctasmé. Depuis Visconti, le cinéma italien ne nous avait plus habitués à pareil raffinement visuel. C’est à une heure de Milan, dans cette maison au coeur d’un parc boisé, que se déroule sa nouvelle intrigue. « Comme dans le roman, le film se passe dans les années 1980, explique le réalisateur. Je souhaitais traiter d’une époque où les identités sexuelles n’étaient pas aussi fixes qu’aujourd’hui mais plus flottantes – quelque chose de très éloigné de la culture gay contemporaine. D’où ma volonté d’un cadre un peu hors du temps. » Après avoir passé quinze ans à Rome, Luca Guadagnino, qui vit désormais à Crema, une petite commune de Lombardie, souhaitait également évoquer dans son film la vie à la campagne. « Quand j’ai découvert cette maison, j’ai un temps flirté avec l’idée de l’acheter pour y habiter. On obtient parfois ce que l’on veut dans la vie, mais pas toujours comme on le pensait ; concernant cette maison, au lieu d’y vivre, j’y ai réalisé un film. »
L’édifice n’étant plus habité depuis de longues années, le décor de maison de famille a donc dû être reconstitué. Certains éléments, comme le piano à queue du grand salon, préexistaient, certes, mais l’élégant mélange d’antiquités et de mobilier de famille doit pour beaucoup au talent du chef décorateur français, Samuel Deshors, réputé pour ses collaborations avec le réalisateur Christophe Honoré, et à la très chic architecte d’intérieur romaine Verde Visconti. « L’intrigue se déroulant dans la haute bourgeoisie, il fallait quelqu’un qui en connaisse le goût, capable de reconstituer le chic délabré intemporel si spécifique à ses demeures. Les protagonistes du film n’ont plus vraiment les moyens de vivre dans leur maison avec les fastes d’antan, � mais ils y demeurent attachés. Je crois que c’est ce qui fait toute sa poésie. » Pour dépasser le stade de la simple reconstitution, le duo de décorateurs s’est plu à tapisser les murs de la bibliothèque de soieries à l’aspect élimé, à habiller le baldaquin du lit de la chambre des parents d’imprimé batik et à créer des panneaux de tapisseries japonisantes dans l’escalier, des éléments décalés réalisés avec des tissus Dedar. « Ces touches textiles un peu surprenantes insufflent une magie de l’étrange. » On croirait presque entendre un décorateur… Luca Guadagnino n’exclut d’ailleurs pas d’embrasser un jour cette carrière, mais le cinéma demeure pour l’instant sa principale activité. Alors que Call Me by Your Name sera sur les écrans dès la rentée 2017, il vient d’achever le tournage de Suspiria, le remake du film d’horreur de Dario Argento. omme figée par un instantané Polaroid des années 1980, cette belle demeure du xviie siècle des environs de Milan a la douceur des images floutées, rêveuses et hors du temps. Dans le salon, des livres s’empilent sur les canapés défraîchis recouverts d’indiennes, tandis que, dans la chambre du fils, traînent des cassettes de Duran Duran et un baladeur. Des lieux émane le charme propre aux maisons de famille, une élégance résultant d’objets accumulés sur plusieurs générations. Il s’agit pourtant là d’éléments de décor, celui du nouveau film de Luca Guadagnino, Call Me by Your Name. Tiré du roman d’André Aciman, ce long métrage raconte l’idylle estivale d’un adolescent et d’un jeune homme. Réalisateur réputé pour ses ambiances sophistiquées, Luca Guadagnino, révélé en 2009 par son film Amore mettant en scène Tilda Swinton dans la Villa Necchi de l’architecte Piero Portaluppi à Milan, s’attache toujours à recomposer les images d’un passé fan-