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RETOUR VERS LE PASSÉ.

De cette belle demeure des environs de Milan, le réalisateu­r Luca Guadagnino a fait le décor de son prochain film. Et, pour l’occasion, il a recréé de toutes pièces l’élégance intemporel­le d’une maison de famille.

- Réalisatio­n et texte Cédric Saint André Perrin, photos Alexis Armanet.

C’est une belle et ancienne demeure des environs de Milan que le metteur en scène Luca Guadagnino a choisi comme décor de son nouveau film. En lui donnant un style «maison de famille» élégant et intemporel.

Ctasmé. Depuis Visconti, le cinéma italien ne nous avait plus habitués à pareil raffinemen­t visuel. C’est à une heure de Milan, dans cette maison au coeur d’un parc boisé, que se déroule sa nouvelle intrigue. « Comme dans le roman, le film se passe dans les années 1980, explique le réalisateu­r. Je souhaitais traiter d’une époque où les identités sexuelles n’étaient pas aussi fixes qu’aujourd’hui mais plus flottantes – quelque chose de très éloigné de la culture gay contempora­ine. D’où ma volonté d’un cadre un peu hors du temps. » Après avoir passé quinze ans à Rome, Luca Guadagnino, qui vit désormais à Crema, une petite commune de Lombardie, souhaitait également évoquer dans son film la vie à la campagne. « Quand j’ai découvert cette maison, j’ai un temps flirté avec l’idée de l’acheter pour y habiter. On obtient parfois ce que l’on veut dans la vie, mais pas toujours comme on le pensait ; concernant cette maison, au lieu d’y vivre, j’y ai réalisé un film. »

L’édifice n’étant plus habité depuis de longues années, le décor de maison de famille a donc dû être reconstitu­é. Certains éléments, comme le piano à queue du grand salon, préexistai­ent, certes, mais l’élégant mélange d’antiquités et de mobilier de famille doit pour beaucoup au talent du chef décorateur français, Samuel Deshors, réputé pour ses collaborat­ions avec le réalisateu­r Christophe Honoré, et à la très chic architecte d’intérieur romaine Verde Visconti. « L’intrigue se déroulant dans la haute bourgeoisi­e, il fallait quelqu’un qui en connaisse le goût, capable de reconstitu­er le chic délabré intemporel si spécifique à ses demeures. Les protagonis­tes du film n’ont plus vraiment les moyens de vivre dans leur maison avec les fastes d’antan, � mais ils y demeurent attachés. Je crois que c’est ce qui fait toute sa poésie. » Pour dépasser le stade de la simple reconstitu­tion, le duo de décorateur­s s’est plu à tapisser les murs de la bibliothèq­ue de soieries à l’aspect élimé, à habiller le baldaquin du lit de la chambre des parents d’imprimé batik et à créer des panneaux de tapisserie­s japonisant­es dans l’escalier, des éléments décalés réalisés avec des tissus Dedar. « Ces touches textiles un peu surprenant­es insufflent une magie de l’étrange. » On croirait presque entendre un décorateur… Luca Guadagnino n’exclut d’ailleurs pas d’embrasser un jour cette carrière, mais le cinéma demeure pour l’instant sa principale activité. Alors que Call Me by Your Name sera sur les écrans dès la rentée 2017, il vient d’achever le tournage de Suspiria, le remake du film d’horreur de Dario Argento. omme figée par un instantané Polaroid des années 1980, cette belle demeure du xviie siècle des environs de Milan a la douceur des images floutées, rêveuses et hors du temps. Dans le salon, des livres s’empilent sur les canapés défraîchis recouverts d’indiennes, tandis que, dans la chambre du fils, traînent des cassettes de Duran Duran et un baladeur. Des lieux émane le charme propre aux maisons de famille, une élégance résultant d’objets accumulés sur plusieurs génération­s. Il s’agit pourtant là d’éléments de décor, celui du nouveau film de Luca Guadagnino, Call Me by Your Name. Tiré du roman d’André Aciman, ce long métrage raconte l’idylle estivale d’un adolescent et d’un jeune homme. Réalisateu­r réputé pour ses ambiances sophistiqu­ées, Luca Guadagnino, révélé en 2009 par son film Amore mettant en scène Tilda Swinton dans la Villa Necchi de l’architecte Piero Portaluppi à Milan, s’attache toujours à recomposer les images d’un passé fan-

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 ??  ?? � . LUCA GUADAGNINO dans le hall de la maison. 2. TOUT EN CAMAÏEUX DOUX, un détail de l’entrée de la maison, comme une compositio­n nostalgiqu­e, avec sa carte ancienne et quelques beaux objets, dont un buste des années 1930 et un vase en dinanderie.
� . LUCA GUADAGNINO dans le hall de la maison. 2. TOUT EN CAMAÏEUX DOUX, un détail de l’entrée de la maison, comme une compositio­n nostalgiqu­e, avec sa carte ancienne et quelques beaux objets, dont un buste des années 1930 et un vase en dinanderie.

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