Les lieux
Vincent Darré, Charles Zana ou Thierry Lemaire, les décorateurs inaugurent cette rentrée des espaces dédiés à leur mobilier d’exception. L’occasion pour le public de découvrir et d’acquérir leur travail.
C’est tendance ! Les décorateurs, tels Vincent Darré, Charles Zana ou Thierry Lemaire, ouvrent des boutiques, belles comme des appartements, où ils exposent leurs oeuvres.
Dans l’entrée, la table est dressée, prête à accueillir les invités. « Je reçois ici mes clients comme à la maison, autour de déjeuners et de dîners, explique Vincent Darré. Le repas est offert, mais de l’assiette à la table en passant par le canapé du salon, tout est à vendre ! » Le décorateur vient d’aménager, rue Royale, un appartement meublé de ses dernières créations d’esprit néo-Renaissance, mêlées à des antiquités, aux oeuvres d’amis comme le sculpteur Charles Serruya, ou encore à des rééditions de Kim Moltzer. « Cet endroit illustre mon univers bien mieux qu’une boutique », conclut-il.
Un nouvel élan porté par l’édition
Isabelle Stanislas, Elliott Barnes ou Bismut & Bismut… nombreux sont les créateurs qui éditent, depuis quelques années, des collections de mobilier d’exception élaborées avec la même exigence que les pièces réalisées sur mesure pour les besoins de leurs chantiers privés. S’ils présentent leurs oeuvres dans le cadre de manifestations comme AD Collections ou le
PAD, ils déplorent le manque de réseau de distribution dédié. Alors, nombre d’architectes d’intérieur inaugurent leur propre espace de diffusion. Christian Liaigre, India Mahdavi ou Bruno Moinard ont depuis longtemps développé des showrooms, mais les nouvelles ouvertures s’inscrivent plutôt dans l’esprit de la Dimoregallery milanaise, où Emiliano Salci et Britt Moran présentent leurs collections en appartement, façon intérieur privé. Un des premiers, Charles Tassin avait ouvert la voie en 2012, à Paris, en imaginant une boutique →
comme un salon, la galerie May, créée avec sa femme Maylis Queyrat. « Nous souhaitions nous démarquer des espaces minimalistes façon galerie d’art en vigueur dans le secteur pour renouer avec un décor très marqué, comme pouvait le faire David Hicks dans les années 1970 », assure l’architecte, qui réitère avec un second salon aux murs laqués kaki, sur le trottoir en face de sa galerie, rue de Lille toujours. « Notre chance a été de nous installer Carré Rive Gauche, assure Maylis Queyrat, car le quartier draine une clientèle de décorateurs anglais, sud-américains, russes ou moyen-orientaux avec qui nous avons tissé des liens étroits. » « L’édition de mobilier a donné un nouvel élan à ma carrière », reconnaît pour sa part Charles Tassin. Une vitrine des savoir-faire
À quelques pas de là, rue de Beaune, Thierry Lemaire, autre talent adepte d’un chic seventies revisité, inaugure un espace de 140 m2 divisé par un moucharabieh d’acier. À l’avant, côté vitrine, la galerie ; dans le fond, l’agence d’architecture. « Quand des clients entrent, c’est souvent moi qui viens à leur rencontre, admet l’architecte. Un lieu confirme une image, permet d’affirmer son style autant qu’il nous ouvre au monde. » Même configuration pour Charles Zana qui implante L’Annexe, espace dédié à ses meubles, au 13, rue
de Seine, sur rue, à l’avant de son agence. « J’ai la chance d’être installé dans un quartier qui vit autour d’événements, note le décorateur. Au moment de la Biennale des antiquaires, de la Fiac ou de Paris Photo, les rue grouillent de visiteurs. Il m’a semblé judicieux de m’aligner sur ces rendez-vous pour développer une programmation spécifique : je présenterai ainsi des boîtes africaines pendant le Parcours des mondes, dédié aux arts premiers, du 12 au 17 septembre. Plus qu’une boutique de meubles, j’ai voulu un lieu événementiel qui tienne à la fois du showroom, de l’espace de réception, voire du pop-up store pour présenter le travail de gens qui nous intéressent. »
Dans le Sentier, l’architecte, designer et collectionneur d’art Fabrice Ausset anime le Studiolo, sorte de cabinet de curiosités présentant son mobilier prospectif autant que les oeuvres de jeunes plasticiens. « Ce goût des mélanges et des découvertes demeure une spécificité française, reprend Charles Zana. En son temps, Jean-Michel Frank proposait des luminaires de Giacometti à côté de ses propres créations, dans sa boutique. » p à découvrir : Vincent Darré 13, rue Royale, 75008 Paris. Sur rdv au 01 40 07 95 62. Thierry Lemaire 18, rue de Beaune, 75007 Paris, tél. : 01 45 51 22 82. Galerie May 23, rue de Lille, 75007 Paris, tél. : 01 42 61 41 49. L’Annexe, Charles Zana 13, rue de Seine, 75006 Paris, tél. : 01 45 48 05 25. Studiolo, Fabrice Ausset 19, rue de Sentier, 75002 Paris. Sur rdv au 01 81 80 00 81.