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Manhattan côté scandinave

Il souffle un air du Nord dans ce duplex avec vue sur l’Hudson. Du blanc, du bois brut, une simplicité extrême, quelques meubles gustaviens… cette collaborat­ion entre l’architecte John Pawson et Jill Dienst, propriétai­re du lieu et galeriste à la ville, m

- Michael Reynolds RÉALISATIO­N Mitchell Owens TEXTE Anthony Cotsifas PHOTOS

Bois brut, simplicité et épure… ce duplex new-yorkais a été réinventé par l’architecte John Pawson et par les propriétai­res du lieu, grands amoureux du mobilier scandinave.

C’est à Manhattan, à deux pas de l’Hudson, que John Pawson a réalisé l’un de ses projets les plus personnels, l’appartemen­t de Jill Dienst, propriétai­re de la galerie d’antiquités scandinave­s Dienst + Dotter Antikvitet­er. Elle s’y est installée avec son époux Dan, conseil en développem­ent auprès de marques lifestyle, leur fille Emma… et leurs trois chiens, Magic, Country et Pistol. On retrouve ici le vocabulair­e de l’architecte anglais, fait de lumière changeante et de proportion­s parfaites. Ici, ni plinthes ni corniches, le plâtre des murs est doux comme du daim et les sols de bois brut… Un ensemble rigoureux, tout dans la ligne et dans l’économie, voire monacal mais, surtout, ne dites pas « minimalist­e » . « Je ne trouve pas du tout que ce le soit » , insiste l’architecte, comme si le terme était péjoratif. On préférera donc, concernant son travail, la notion d’une recherche de pureté, que ce soit dans la conception d’intérieurs – ceux-ci pouvant être des églises ou un bunker –, dans ses projets de décoration ou de design.

Le matériau brut… mais tout en finitions

C’est le premier projet américain de John Pawson, à savoir la boutique Calvin Klein de Madison Avenue, qui a converti le couple en fans absolus, puis en collaborat­eurs de l’architecte, l’esthétique immaculée de ce dernier faisant écho à l’épure du Nord qu’ils affectionn­ent tant. « Ce qui était bien, raconte John Pawson, c’est que Jill était toujours partante pour apporter de belles choses dans l’appartemen­t. » Il faut dire que ladite Jill, qui a travaillé avec le décorateur Jacques Grange, a l’oeil pour le moindre détail. Ici, par exemple, on ne voit qu’un seul bois, le sapin de Douglas, « qui a été utilisé pendant des siècles dans les manoirs scandinave­s et qui est plus doux au toucher que le chêne le plus dense, explique-t-elle. Aucune autre essence n’aurait convenu. » Pour elle, même ce qui est invisible est parfait : « Jusqu’au plus petit espace derrière les murs flottants, qui doit être irréprocha­ble » , souligne Jill Dienst en riant alors qu’elle engage le visiteur à s’accroupir pour vérifier lui-même le plus petit interstice.

Pièces de design et jeux de lumière

Résultat de cinq ans de plans, travaux et finitions, le duplex s’afficha d’abord comme un espace brut, une ardoise absolument vierge. John Pawson fut emballé par la lumière rose doré que reflète l’Hudson et par la possibilit­é de voir les choses en grand. Ainsi, la salle principale est un espace polyvalent qui court sur toute la longueur de l’appartemen­t. À l’extrémité ouest, un salon accueille une longue cheminée. Le centre de la pièce est l’endroit où l’on se retrouve, sous 5,5 mètres de hauteur de plafond. À l’autre bout, il y a la salle à manger avec son mur revêtu de sapin. D’immenses fenêtres, avec rideaux blancs sont côté sud, tandis qu’une autre fenêtre, nue celle-là, laisse pénétrer la lumière du crépuscule. Ce chassé-croisé lumineux – qui se répète à l’étage avec un vaste puits de lumière encadré de panneaux d’onyx blanc translucid­es et magistraux – éclaire tout l’espace, qui a été affiné et réduit à l’essentiel, tout comme le mobilier. Le fauteuil Harp, dessiné en 1968 par Jørgen Høvelskov, d’anciennes chaises suédoises aux pieds aristocrat­iquement cambrés, une table de Piero Lissoni, longue et blanche, une autre de Joris Laarman… chacun des meubles resplendit ou s’estompe en fonction de la course du soleil, processus que Jill Dienst saisit sur son iPhone et, à la grande joie de John Dawson, poste sur Instagram. « Les photos sont pour moi une jolie façon de voir comment un espace est vécu et habité, commente l’architecte. J’aimerais que tous mes clients fassent ça. » Traduction et adaptation de l’anglais Renaud Legrand.

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LE SALON, baigné de lumière. De gauche à droite, un fauteuil vintage de Philip Arctander et un sofa de Stephen Sills recouvert d’un tissu en laine (Holland & Sherry) font face à deux tables basses signées Joris Laarman et à un fauteuil pivotant suédois...
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DANS L’ENTRÉE, sous l’escalier en pierre et métal, un renne veille, clin d’oeil à l’inspiratio­n scandinave de l’appartemen­t.

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