MODERN REMIX
Au départ, une maison, petit bijou moderniste des années 1960, signée George Nelson et Gordon Chadwick. Après quelques péripéties, ici racontées, c’est dans une copie quasi parfaite que s’est installée l’architecte d'intérieur Lauren Rottet. Elle en a res
Richard fut bouleversé en découvrant à quel point la ma on avait été défidéfifigurée ! » Caroline Rob Zaleski, hi orienne en archite ure et auteur de l’ouvrage Long Island Modern m - , évoque ici la réa ion de Richard Johnson quand il vit les transformations e e uées par les nouveaux propriétaires à la villa qui avait appartenu à ses parents, Ethel et Rudolph Johnson. Il faut dire que laladite villa, située à Montauk, dans l’l’État de New York, était à l’origine un petit chef-d’oeuvre, signé George Nelson et Gordon Chadwick. Une maison étrange qui reprenait les codes du yle Shingle, propre aux coages nord-américains du siècle – à savoir une certaine robu esse dans l’assise, de la pierre massive, des murs extérieurs revêtus de bardage de bois, d’amples baies vitrées – mais en les réinterpréant en lignes et en angles modernes, sans la moindre courbe. Elle se cara érisait par ses pièces hexagonales aux plafonds de bois à motif concentrique, par ses meubles enca rés, ses hautes fenêtres ouvrant de toutes parts sur la nature… Elle comprenait aussi un passage couvert et un escalier extérieur permeant d’accéder à la cuisine sans avoir à traverser la maison.
Une deuxième naissance
Tout à sa contrariété, Richard Johnson eut alors cee idée, assez folle : faire recon ruire la villa. Il rencontra George Nelson – Gordon Chadwick était mort en – et en , apparut une nouvelle version, quasi-copie conforme, si ce n’e le passage couvert et quelques variantes de dimensions, conçue d’après les dessins et les plans de Chadwick. Richard Johnson, qui supervisa scrupuleusement cee renaissance, y vécut un temps, puis vendit la propriété à des arti es qui, eux-mêmes, la revendirent en à Lauren Roet, archite e d’intérieur de Hou on. C’e lors d’un séjour dans les Hamptons que cee dernière découvre le lieu¡: « Il fa ait fra , les fenêtres étaient ouvertes et l’impression d’ensemble était grandiose. La lumière était géniale et l’énergie, intense. Je ne m’éta jama sentie asi bien, j’en su tombée amouree. De toute façon, quiconque s’intéresse à l’architeure moderne ne peut qu’être fasciné par la façon dont les pièces et les volumes s’imbriquent ici. » Elle entreprend alors de re aurer ces ¢ m , tirant profit de l’illusion d’e¤ace que suscite cee conception tout en angles. Pas que ion d’intervenir sur le dessin et les volumes
– si ce n’est, à l’extérieur, l’aménagement d’une piscine d’eau de mer, d’un salon avec bar et d’un toit-terrasse surplombant l’océan. À l’intérieur, la décoratrice se débarrasse de la moquette en place pour la troquer contre un plancher de bois. Et prolonge l’esprit du lieu avec quelques pièces vintage – une crédence de Paul McCobb, une table McGuire, entre autres –, auxquelles elle a adjoint des meubles dessinés par elle. Une jolie sélection qu’elle a complétée avec des oeuvres d’artistes tels Kiki Smith, Larry Poons, Tauba Auerbach, Gavin Perry ou Alexander Calder. Une décoration présente mais discrète… pour ne pas gâcher une seconde fois la création originale de Gordon Chadwick et George Nelson. Ou plutôt son sosie. Traduction et adaptation de l’anglais Véronique Polo.