Le talent
L’Italien Andrea Tognon conçoit pour les plus grandes marques de mode des boutiques dynamiques autant que poétiques qui font la part belle aux jeux de matières, couleurs et textures.
Les plus belles marques de mode lui demandent de concevoir leurs boutiques : Andrea Tognon est vraiment la signature du moment.
Tout de noir vêtu, l’homme dégage un chic austère, mais non dénué de charme, à l’image de ses créations aiguisées mais pourtant délicates. En quelques années seulement, Andrea Tognon s’est imposé comme une référence dans l’architecture commerciale pour ses boutiques dédiées aux griffes phares du minimalisme de luxe, Jil Sander et Céline en tête. Pour la maison allemande, il a développé à Berlin de rigoureuses compositions graphiques de pierre et laiton doré tonifiées d’aplats bleu Klein. Chez Céline, il mixe en toute liberté, dans les boutiques parisienne, londonienne, vénitienne ou florentine, marbres colorés, béton brutaliste et résines aux tonalités acidulées. Passé maître dans les associations de matériaux hardies, Andrea Tognon développe une forme de radicalisme poétique. Son approche est instinctive, voire rêveuse : « Quand je travaille pour une marque, je m’attache à exprimer ce qui traduit son essence même. Je ferme les yeux et j’essaie de visualiser ce qu’elle représente : cela passe par des ambiances, des couleurs, des formes et bien sûr des matières. » →
Originaire de Padoue, Andrea Tognon a fait ses débuts dans l’entreprise familiale de mobilier avant de fonder, en 2002, son agence à Milan. « Enfant, j’aimais passer du temps dans l’usine, dessiner, flâner, jouer, je rêvais même d’y vivre… Inconsciemment, cela a peut-être influencé mon mode de vie actuel. » L’architecte vit et travaille, depuis 2010, dans le quartier de Bicocca, au nord de Milan, dans des bâtiments industriels des années 1950 longtemps abandonnés. Là, entouré de ses sept collaborateurs, il développe des projets, comme pour le siège social d’Omega, qu’il vient de livrer, ou les futures boutiques Jil Sander. « J’aime que parfois l’on recommence à travailler après le dîner, les choses sont déstructurées ici, on se sent un peu hors du monde. Nous avons la place pour développer des workshops, des espaces d’expositions… »
Un mobilier ultragraphique Depuis 2015, l’Italien décline également sa ligne de mobilier. Des pièces d’exception réalisées dans des matières nobles et éditées en séries limitées : des luminaires en métal, des tables où s’enchevêtrent avec une musicalité certaine des volumes géométriques de pierre et marbre. En avril prochain, il présente de nouvelles créations au Salon de Milan. « Des choses toujours un peu expérimentales mais volontairement atemporelles. Dessiner des meubles me permet d’exprimer mon univers propre. » Andrea Tognon oeuvre aussi à l’élaboration d’une villa. « Les gens me connaissent pour mes projets commerciaux, mais je suis également intéressé par les chantiers privés. J’en ai réalisé dans le passé, et c’est quelque chose qui m’excite tout particulièrement aujourd’hui. » p