Mémoire vive
C’est au coeur de la Ville éternelle, dans un immeuble ancien, que les antiquaires Roberto Giustini et Stefano Stagetti font défiler une certaine idée de l’Italie, faite d’Histoire et de belles références.
À Rome, les galeristes antiquaires Roberto Giustini et Stefano Stagetti ont fait d’un appartement classique l’écrin pour leur collection de meubles et d’oeuvres, très vintage.
C’est, dans le centre historique de Rome, en haut de la piazza di Spagna, une petite rue pavée bordée d’immeubles aux tons ocre, roses, orangés : la via Gregoriana. Derrière de hauts murs, on devine ces jardins secrets que renferme la ville, plantés d’orangers et de palmiers. L’immeuble, fin xviiie, appartient à la brillante famille lombarde Visconti di Modrone, et c’est un peu par hasard que Roberto Giustini et Stefano Stagetti sont tombés sur cette location, alors qu’ils cherchaient à rapprocher leur logement de leur galerie. La visite les séduit, depuis l’entrée de l’immeuble et son esprit à l’antique jusqu’à l’appartement, comme une sorte de loft à la mode romaine, minimaliste et tout blanc. Ils décident de s’y installer. Ces murs blancs justement, ce parquet au ton de miel auquel va faire écho, dans l’entrée, un très simple rideau en lin couleur senape, moutarde, seront le cadre parfait à leur collection.
Comme une mémoire italienne
Galeristes depuis le début des années 2000, spécialistes du design italien, les deux hommes installent leurs pépites, meubles et objets appartenant au répertoire des années 1920 à 1950, signés du designer Pietro Chiesa, de l’architecte Carlo Scarpa, de l’artiste Fausto Melotti… La table de la salle à manger, les bancs et le canapé du salon sont des créations de l’architecte Luigi Moretti, pièces uniques réalisées pour la villa La Saracena à Santa Marinella, ville balnéaire au nord de Rome. L’architecte italien, auteur notamment en 1936 du sublime bâtiment de l’Accademia di scherma au Foro Italico (l’académie d’escrime, transformée dans les années 1980 en tribunal pour les procès terroristes), avait conçu cette villa aux lignes révolutionnaires et désormais mythiques, construite entre 1955 et 1957. Et ainsi, dans cet appartement cultivé, chaque meuble ou objet appelle sa propre histoire : la sculpture imaginée par l’artiste Duilio Cambellotti pour un projet de fontaine, la Fontana dei Bovi, qui apporte force et sérénité à la salle à manger ; la toile colorée de l’artiste Manlio Rho placée en regard d’un fauteuil presque futuriste de Franco Albini ; les céramiques de Fausto Melotti, si belles et pourtant mal connues… On a envie de s’y installer, et d’écouter Roberto et Stefano raconter, encore et encore.