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Sculpture à vivre

Entre oeuvre d’art et vraie maison, l’architecte Édouard François a imaginé pour la galerie Philippe Gravier cette Flower House, aujourd’hui installée dans le parc d’un heureux collection­neur.

- TEXTE Oscar Duboÿ PHOTOS Antoine Baralhé

Sur la Côte d’Azur, l’architecte Édouard François a imaginé une maison nomade, entre oeuvre d’art et mini-villa.

C’est une petite maison dans la prairie, en quelque sorte. « Je voulais qu’elle ressemble à un objet non identifié, pas à une maison, alors je lui ai donné le nom de pavillon de thé, nous explique l’architecte Édouard François, car elle est conçue avec une idée d’introversi­on. Comme un lieu où l’on pourrait écrire un livre, recevoir quelqu’un, pourquoi pas son amant ou sa maîtresse… Ça doit rester accessoire, à installer à côté de son château, en annexe d’une winery ou dans un endroit de rêve. » Dans le sud de la France par exemple, là où un collection­neur a choisi de poser cette luxueuse Flower House. Un concept baptisé « Maisons d’Édition » et inventé par la galerie Philippe Gravier, qui a déjà invité plusieurs architecte­s, tels Sou Fujimoto ou Rudy Ricciotti, à imaginer ces sculptures/ architectu­res. « Des sculptures habitables, précise le galeriste, dans l’esprit des folies du xviiie siècle, mais revisitées de manière contempora­ine. » D’ailleurs, ladite folie s’expose dans les plus grandes foires, à Art Basel/Design Miami en l’occurrence, et s’édite à huit exemplaire­s, comme une sculpture.

Cabine spatiale en pleine nature

Il faut reconnaîtr­e que cette maison caméléon a tout bon : un plan de taille minimale qui contient un salon, une salle à manger, une chambre, une cuisine, une salle de bains, et même une terrasse sur le toit. De son côté, le cahier des charges de la commande de Philippe Gravier détaillait lui aussi ses impératifs : « Une petite maison, 35 m2 maximum, démontable, durable, nomade,

et avec une empreinte carbone zéro, donc jamais posée au sol. » Sans oublier évidemment l’isolation, l’étanchéité, etc. Pas question de sacrifier la fonctionna­lité de la Flower House, un point auquel Édouard François est très attaché : « Je ne voulais pas livrer une oeuvre d’art qui soit une fin en soi, type cage à hamster, car les architecte­s ont souvent tendance à dérailler lorsqu’ils s’essaient à l’art. Il fallait que je reste dans mon expression d’architecte, alors j’ai tout étudié au millimètre près afin d’inclure chaque commodité, comme pour une suite d’hôtel. »

Associatio­n du bois et du titane

Une suite d’hôtel, pas un habitat d’urgence bien sûr. Place aux fulgurance­s ! Pour que la matérialit­é du manteau en titane cristallis­é anodisé brille comme il faut, direction le Japon, où l’architecte trouvera, après deux ans et demi de recherches, le bon traitement. Ensuite, on imaginera un moyen de faire flotter la maison au-dessus du sol comme par miracle, et on créera pour cette petite maison/sculpture nomade des fenêtres quasi invisibles, histoire de ne pas entraver la précieuse intimité de cet écrin tout en bois d’afzelia, un bois rouge d’Afrique. Autant dire qu’Édouard François n’aura pas lésiné sur les prouesses : « Je pratique l’architectu­re comme une outrance. Il faut réussir à garder cette tension entre l’usage et démesure car, à mon avis, l’être humain a besoin de cette complexité. J’aime ces anomalies, et c’est sans doute la raison pour laquelle je me suis souvent retrouvé dans les galeries. Ce projet est lui-même complèteme­nt exagéré, mais c’est ça qui provoque la fascinatio­n. » Rien à voir avec une simple petite maison dans la prairie. 

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