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Éloge du vide

C’est, dans la partie la plus méridional­e des Pouilles, un palais de famille xixe, tout de fresques et de vieilles pierres. Devenu, grâce à Francesco Petrucci, l’héritier du domaine, un lieu à la beauté très contempora­ine, conceptuel­le et épurée.

- Marion Bley TEXTE Sarah de Beaumont RÉALISATIO­N Alexis Armanet PHOTOS

Dans les Pouilles, Francesco Petrucci a fait de son palais du € e un lieu à la beauté épurée.

Dans les volumes incroyable­s de ce palais, chaque meuble, chaque objet prend une dimension théâtrale.

Au bout du bout de l’Italie, il y a les Pouilles, et au bout des Pouilles, le Salento, soit le talon de la botte. Et sous ce talon, à sa pointe méridional­e exactement, il y a Gagliano del Capo. Autant dire que l’on n’arrive pas par hasard dans cette petite ville d’une région agricole, solaire et isolée… Pour nous, la découverte se fit grâce à Francesco Petrucci et son amour de l’art contempora­in. On nous avait parlé de ce collection­neur ayant étudié et vécu à l’étranger, revenu sur les terres de ses ancêtres et installé dans le palais construit par le grand-père de son grand-père en 1861. D’une partie de la maison – alors séparée en deux ailes indépendan­tes – il a donc fait il y a quelques années son lieu de vie ainsi qu’un centre de culture reconnu, accueillan­t de nombreuses oeuvres des jeunes artistes Roberto Cuoghi, Nicolas Party ou Alexandra Karakashia­n. En 2014, le centre devient d’ailleurs le partenaire de la Villa Médicis dans le sud de l’Italie, hébergeant certains de ses pensionnai­res en résidence. En 2016, Francesco Petrucci récupère la seconde aile du palais, restée dans son état d’origine. Un peu perplexe devant cet héritage qu’il ne sait comment aborder, il sollicite ses amis Ludovica Serafini et Roberto Palomba, de l’agence d’architectu­re et de design milanaise Palomba Serafini Associati. Ensemble, ils élaborent une forme d’ « éloge de l’espace », faisant tomber certains murs, modifiant les intérieurs, ajoutant des salles de bains aux chambres et créant une continuité entre intérieur et extérieur avec un accès direct au jardin. Ils conservent toutefois les fresques des murs et des plafonds ainsi que les revêtement­s de sols aux motifs complexes, mais vident les pièces de leurs meubles dans une « sacralisat­ion de l’absence », selon leurs propres mots. En définitive, ils font de ce palais du xixe un lieu pour le xxie siècle, ni habitation ni villégiatu­re ni galerie, mais les trois. Une adresse que l’on se passe comme un secret, au bout du bout du bout de l’Italie.

Une simplicité monacale, mais tout en sensualité et détails sophistiqu­és.

Pour mettre en valeur les motifs des fresques et des sols d’origine, l’épure s’imposait.

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 ??  ?? LA CUISINE adopte une simplicité très travaillée, entre installati­on de casseroles et portrait de famille. Sur l’îlot central en inox, un plat Théâtre du Cap d’Ail, réédition de Jean Cocteau (Roche Bobois).VUE, DANS LE JARDIN, sur un minuscule pavillon dont l’intérieur arbore un décor mural peint.
LA CUISINE adopte une simplicité très travaillée, entre installati­on de casseroles et portrait de famille. Sur l’îlot central en inox, un plat Théâtre du Cap d’Ail, réédition de Jean Cocteau (Roche Bobois).VUE, DANS LE JARDIN, sur un minuscule pavillon dont l’intérieur arbore un décor mural peint.
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