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Un luxe de sobriété

Dans cette demeure située sur la côte, au nord de Miami, l’architecte d’intérieur Rémi Tessier a su déployer un lyrisme maîtrisé, d’une élégance intemporel­le et d’une ampleur apaisante.

- Serge Gleizes TEXTE Anita Sarsidi STYLISME Richard Powers PHOTOS

En Floride, l’architecte d’intérieur Rémi Tessier revoit avec lyrisme une élégante villa.

Près de l’entrée, un bassin circulaire fait office de miroir tempéré. Le parc de deux hectares que l’architecte paysagiste américain Mario Nievera a réagencé dans un profond respect du site, est planté d’essences exotiques, d’orchidées et d’un gazon qui diffusent une fraîcheur aussi bien visuelle que sensuelle. Rythmée par de grandes baies vitrées demilune et des arcades néo-classiques, la façade de cette demeure qui fut belle autrefois, et l’est davantage aujourd’hui, exhibe sa blancheur planante. « Nous avons commencé par gommer les superflus extérieurs, explique l’architecte d’intérieur et designer français Rémi Tessier. Nous avons supprimé tout ce qui était désuet pour alléger la façade et les patios. » Cet amour pour la pureté des volumes, pour l’intemporal­ité des lignes, des matières nobles, et pour le travail de la lumière, se retrouve dans les nombreux yachts – dont celui des propriétai­res du lieu – et autres avions que Rémi Tessier réalise. Il en est de même dans son agence à Paris, un espace blanc décoré de comptoirs en marbre, d’oeuvres d’art et de mobilier iconique du xxe siècle associé aux pièces qu’il dessine pour ses chantiers.

Il poursuit : « Nous nous sommes ensuite attelés à l’intérieur, où il s’agissait de redonner du sens, une âme, une forme d’intemporal­ité à l’ensemble, de respiratio­n aussi. Dans ce type de demeure à la fois classique et fortement marquée par un site, il est important de retravaill­er le contexte d’une manière générale, afin de remettre en lumière les volumes, l’élégance de l’environnem­ent, la présence de la nature. » →

Ici, la feuille d’or et le palladium de la coupole répondent au bronze de la rampe d’escalier.

D’où la réhabilita­tion des grandes baies vitrées qui abolissent la frontière entre extérieur et intérieur. Sans toucher à l’emplacemen­t des pièces maîtresses – le hall d’entrée, le salon et l’escalier – la circulatio­n a été revue. Un spa a également été créé à l’étage, et l’architecte a redessiné la piscine en travertin et mosaïques de verre.

Les plus grands artisans d’art

Quinze mois de rénovation ont été nécessaire­s, un miracle compte tenu des trois mille mètres carrés de surface. Si l’agencement fut assuré par une entreprise allemande spécialisé­e dans l’architectu­re navale, le reste de cet ouvrage de dentelle, de rigueur et de concision fut réalisé par les meilleurs corps de métiers locaux et artisans d’art français : verre optique par les Ateliers Bernard Pictet, bronzes de Joël Orgiazzi, marqueteri­e de paille de Yann Jallu, tissus d’Anne et Vincent Corbière, meubles d’Ingrid Donat. Certaines oeuvres, comme la sculpture Two de Joel Shapiro disposée dans le jardin entre la piscine et la mer, ont été créées spécialeme­nt pour le lieu. Un savant mix d’art contempora­in et de mobilier d’architecte du xxe siècle, au travers duquel se profile l’obsession que Rémi Tessier – cet ébéniste de formation, attiré par les arts décoratifs après huit ans de compagnonn­age – voue à la qualité, au fait main, à la sobriété… et aux lieux difficiles à dater.

Dans la maison, les patios et le jardin, le regard croise toujours des oeuvres d’art.

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 ??  ?? au mur, Anthropomé­trie de l’époque bleue (ANT 14) d’Yves Klein, de 1961. À droite de l’escalier à la rampe délicateme­nt ouvragée, New Dawn Cathedral Column de Louise Nevelson, de 1958-1959 (Pace Gallery).
au mur, Anthropomé­trie de l’époque bleue (ANT 14) d’Yves Klein, de 1961. À droite de l’escalier à la rampe délicateme­nt ouvragée, New Dawn Cathedral Column de Louise Nevelson, de 1958-1959 (Pace Gallery).
 ??  ?? À L’ÉTAGE, une coupole dans le plafond est recouverte d’un mélange de feuille d’or et de palladium. La rampe en bronze de l’escalier, réalisée par Joël Orgiazzi, a été revisitée par Rémi Tessier d’après un garde- corps de François Xavier et Claude Lalanne.
À L’ÉTAGE, une coupole dans le plafond est recouverte d’un mélange de feuille d’or et de palladium. La rampe en bronze de l’escalier, réalisée par Joël Orgiazzi, a été revisitée par Rémi Tessier d’après un garde- corps de François Xavier et Claude Lalanne.
 ??  ?? DANS LE CORRIDOR, le sol est en travertin et les murs en plâtre ciré. Au mur, L’Autre son de cloche de René Magritte (collection Paul Léon). Derrière, L’Oiseau d’or, bronze d’Ossip Zadkine. Au fond, Fusiform de Bryan Hunt, de 2008.
DANS LE CORRIDOR, le sol est en travertin et les murs en plâtre ciré. Au mur, L’Autre son de cloche de René Magritte (collection Paul Léon). Derrière, L’Oiseau d’or, bronze d’Ossip Zadkine. Au fond, Fusiform de Bryan Hunt, de 2008.
 ??  ?? DEVANT LE PLAN D’EAU à fleur de gazon, moutons de François-Xavier et Claude Lalanne, 1995, 1998, (Galerie Jean David Botella). SUR LA TERRASSE au sol en travertin, un mobilier de jardin en rotin (Bonacina 1889). Au fond, Untitled20­03 d’Anish Kapoor.
DEVANT LE PLAN D’EAU à fleur de gazon, moutons de François-Xavier et Claude Lalanne, 1995, 1998, (Galerie Jean David Botella). SUR LA TERRASSE au sol en travertin, un mobilier de jardin en rotin (Bonacina 1889). Au fond, Untitled20­03 d’Anish Kapoor.

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