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Paris pour toujours

Juste derrière le parc Monceau, à Paris, le collection­neur Emmanuel de Bayser s’est livré à une réinterpré­tation élégante et intemporel­le du style haussmanni­en.

- Thibaut Mathieu RÉALISATIO­N Christian Kain PHOTOS Nicolas Milon TEXTE

Le collection­neur Emmanuel de Bayser se livre à une réinterpré­tation raffinée du chic haussmanni­en.

Il occupait un appartemen­t rue Murillo, mais s’y sentait un peu à l’étroit. « C’était une ancienne suite d’hôtel, pas très pratique pour cuisiner ou recevoir. » Fondateur du concept store berlinois The Corner, Emmanuel de Bayser, « toujours entre Paris et Berlin, trois jours ici, quatre jours là », souhaitait une surface plus grande à Paris. Ayant toujours apprécié le quartier du parc Monceau qui représente ce qu’il aime le plus dans la capitale – du musée Nissim-deCamondo, à deux pas, aux commerces de la rue de Lévis, à peine plus loin –, une seule visite a suffi, le coup de coeur fut immédiat : « J’ai adoré. Souvent dans les appartemen­ts haussmanni­ens il y a des couloirs et trop de chambres, ici tout est agencé autour de l’entrée. J’ai tout de suite imaginé ce que je pouvais en faire. »

Un duo de blanc et de crème

Justement, s’il est souvent d’usage de tout casser afin de revoir les volumes, ici les structures ont été conservées. « L’architectu­re n’est pas exactement mon domaine d’activité, mais j’adore ça, et j’avoue qu’après plusieurs appartemen­ts puis mes boutiques à Berlin, j’ai beaucoup appris des différents corps de métiers. » C’est donc l’oeil sûr et aguerri que le nouveau propriétai­re des lieux a pris le parti d’accentuer ce qui fait le sel de cet appartemen­t : sa clarté, due à la belle hauteur sous plafond et à la lumière traversant­e dont les reflets évoluent au cours de la journée. D’où le choix d’un duo de blanc, pour les plafonds et les boiseries, et de crème pour la tenture murale, prévue uniquement dans la chambre au début du projet, puis déclinée dans toutes les pièces afin d’insuffler calme et sérénité. Seules répondent à cette tonalité neutre les touches de couleur des fauteuils de Morgan Lassen et de Jean Royère dans le grand salon et des chaises et de la table de Jean Prouvé dans la salle à manger. Des sculptures en métal doré de Lucio Fontana, posées sur la cheminée en marbre de la chambre, dialoguent avec ce camaïeu

« J’ai tenu à conserver l’esprit parisien des lieux, en y ajoutant des touches contempora­ines. » —— Emmanuel de Bayser

volontaire­ment sage. Dans l’entrée, une structure avec moulures et miroirs a été ajoutée sur la porte afin d’augmenter l’impression d’espace. Le parquet en chevrons a été poncé, dévoilant ses tons chauds et clairs sur lesquels des tapis jouent le contraste de leurs matières naturelles. Détail qui a son importance, toutes les ferronneri­es ont été déposées et de nouvelles réalisées dans le respect du style d’origine.

Des oeuvres d’art contempora­in

Fin connaisseu­r de la mode – c’est son métier –, grand amateur d’art – c’est sa passion –, Emmanuel de Bayser a fonctionné pour l’ameublemen­t et la décoration de sa nouvelle adresse parisienne comme pour ses boutiques berlinoise­s et ses appartemen­ts précédents : au feeling, à l’instinct. « Pendant un an j’ai choisi, déplacé, ajouté… pris le temps d’essayer. » À l’origine orienté sur les designers américains, son goût s’est, au fil des années et des projets, porté sur les créateurs scandinave­s, français, italiens… Désormais, il privilégie les objets et, ayant constitué une vaste collection de mobilier, s’est concentré sur les oeuvres d’art.

De l’art contempora­in, avec plusieurs Allemands, même s’il y a aussi des Français – Daniel Buren par exemple – dans une sélection où dominent les monochrome­s. « Je connais bien la mode, ses “must have” et ses collection­s : au bout de trois mois, on n’en peut plus, surtout les créations trop flash. » Emmanuel de Bayser a donc recherché des oeuvres qui durent, au contraire d’installati­on folles. Des oeuvres d’une modernité plus intemporel­le, complétées par des pièces figurative­s, bustes, visages, corps en mouvement, qui ponctuent l’espace et l’animent. L’appartemen­t semble donc avoir achevé sa transforma­tion, mais comme nous glisse son propriétai­re : « Ça ne doit jamais être fini un appartemen­t, sinon… »

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 ??  ?? DANS LA SALLE À MANGER,autour d’une table Granito, des chaises Standard de Jean Prouvé. Dessus, des céramiques de Kristin McKirdy. Au mur, sur une étagère de Charlotte Perriand, des céramiques de Georges Jouve et, à droite, une oeuvre d’Olivier Mosset. Au premier plan, sur un buffet de Jean Prouvé, une statue Fang du Gabon. DANS LE SALON,devant un canapé de Jean- Michel Frank, une table basse d’Alexandre Noll. Dessus, des boîtes d’Alexandre Noll et de Line Vautrin. À gauche, un tabouret de Charlotte Perriand et une table basse ronde de Francesco Balzano. Dessus, une lampe Étoile d’Alberto Giacometti, un galet de Georges Jouve, et une tête d’homme, siècle apres J.C. Au mur, à gauche, une oeuvre de Jannis Kounellis, Alfabeto, à droite, Untitled de Günther Förg. i- iie
DANS LA SALLE À MANGER,autour d’une table Granito, des chaises Standard de Jean Prouvé. Dessus, des céramiques de Kristin McKirdy. Au mur, sur une étagère de Charlotte Perriand, des céramiques de Georges Jouve et, à droite, une oeuvre d’Olivier Mosset. Au premier plan, sur un buffet de Jean Prouvé, une statue Fang du Gabon. DANS LE SALON,devant un canapé de Jean- Michel Frank, une table basse d’Alexandre Noll. Dessus, des boîtes d’Alexandre Noll et de Line Vautrin. À gauche, un tabouret de Charlotte Perriand et une table basse ronde de Francesco Balzano. Dessus, une lampe Étoile d’Alberto Giacometti, un galet de Georges Jouve, et une tête d’homme, siècle apres J.C. Au mur, à gauche, une oeuvre de Jannis Kounellis, Alfabeto, à droite, Untitled de Günther Förg. i- iie
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