Partie de campagne
À Orvilliers, petit village des Yvelines, le décorateur Charles Tassin s’est aménagé une maison de week-end dont les couleurs douces et les associations de matières évoquent irrésistiblement les années Pompidou.
Dans les Yvelines, le décorateur Charles Tassin s’est aménagé une maison de campagne à l’élégance pompidolienne revisitée.
Si Orvilliers n’a jamais abrité de célèbre idylle ni servi de décor à une oeuvre majeure de la littérature française, il y règne néanmoins une atmosphère à la Renoir ou à la Maupassant. C’est un lieu où le vacarme de la ville semble bien plus lointain que la distance qui ne les sépare en réalité. Et c’est très certainement pour cette raison que les Parisiens ont fait de cette latitude un lieu de villégiature privilégié pour des parenthèses aussi vertes qu’enchantées. Parmi eux, il y eut Claude et Georges Pompidou qui, avant même de devenir un couple présidentiel, acquirent « la maison blanche » et choisirent de reposer à Orvilliers pour l’éternité. Le village est aussi souvent évoqué au sujet de The Other Side of the Wind
( De l’autre côté du vent), chef-d’oeuvre posthume du réalisateur Orson Welles, qui y tourna quelques scènes, et y vécut quelque temps avec son actrice principale et muse Oja Kodar. Nombreux seraient donc les chemins qui mènent à Orvilliers ? Oui, d’après le décorateur Charles Tassin, qui s’est aménagé avec sa femme Maylis, dans ce morceau de campagne qu’ils connaissaient bien, un refuge pour les week-ends, à l’ombre de l’église du village.
L’esprit d’une époque
La maison qu’ils ont choisie avait déjà vécu de belles années avant leur arrivée en 2012, notamment lorsqu’elle était la propriété de Michèle Arnaud. Celle par qui Gainsbourg est devenu célèbre, chantant ses premières partitions avant de le pousser sur scène,
trop convaincue de son talent pour le laisser se réfugier derrière sa timidité. Ils partageait une grande amitié qu’ils entretenaient volontiers à Orvilliers une fois les beaux jours venus. Le temps des hirondelles, celui où les habitants voyaient aussi Michel Drucker débarquer dans son petit coupé Peugeot, comme bien d’autres acteurs de cette époque, certes révolue, mais dont les fantômes semblent demeurer aujourd’hui ; l’esprit aussi.
Un hommage au style
« Les années 1970, c’est une période qui nous touche. Pour son style, mais surtout pour la créativité qui s’en dégageait », explique Charles Tassin, qui a ouvert sa galerie rue de Lille en même temps qu’il faisait abattre les cloisons de sa maison pour redessiner les volumes, recréer des perspectives. C’est donc un hommage que le couple a voulu rendre ici à ces années 1960 et 1970, marquées par l’opulence des matériaux et des couleurs, entre le velours qui habille certaines pièces de mobilier, les notes de laiton, et le mélanges des styles, qui naviguent du xviie siècle à des notes contemporaines, sans hiérarchie, sur fond de murs rouge brique ou bruns. Des associations sophistiquées qui bousculent volontairement les idées reçues et offrent un nouveau regard sur la maison de campagne.