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Le spectacle de la nature

La mer, le ciel et la végétation tellement exubérante… c’est sur ces éléments que les architecte­s de Clements Design se sont appuyés pour revamper une villa banale sur l’île la plus exotique des États‑Unis.

- TEXTE Aude de La Conté

À Hawaii, les architecte­s de Clements Design ont rénové une villa, l’ouvrant largement sur son jardin à la végétation tropicale exubérante.

Hawaii. Le nom, le son même, évoquent l’exotisme. On a dans la tête les images des surfeurs du film Point Break, ou de George Clooney dans The Descendant­s, tous les deux tournés là, avec en prime – c’est tout à fait personnel – celles de la série policière Hawaii 5-0. Gratte‑ciel à l’américaine et architectu­re brutaliste des années 1970, villas coloniales et paysages d’une verdure aveuglante. Sur les rochers volcanique­s de cet archipel découvert par James Cook en 1778 (mais probableme­nt avant par les Espagnols), la végétation est luxuriante, spectacula­ire. Au milieu du Pacifique, ces îles les plus isolées du monde sont le berceau d’une faune et d’une flore uniques. Les baleines à bosse et sept‑cents espèces de poissons

DANS LE SALON, devant un canapé d’angle ( WYETH), une table basse PDT de Robert Stadler en pierre et, au fond, sous l’auvent extérieur, un banc en marbre noir de Rick Owens (les deux Carpenters Workshop Gallery).

LE JARDIN, entre bananiers, palmiers et cocotiers, est d’une luxuriance infinie. s’ébattent dans leurs eaux, et des milliers d’espèces de plantes endémiques ont été recensées.

On comprend pourquoi le lieu est synonyme de paradis pour les habitants du continent… et de Los Angeles par exemple. Ici, c’est un couple passionné de design moderniste, grand collection­neur de mobilier français du xxe siècle qui demanda aux architecte­s d’intérieur Kathleen et Tommy Clements d’intervenir. Mère et fils eurent pour mission d’imaginer à Kona, sur l’île d’Hawaii – la « Big Island », celle qui porte le nom de l’archipel –, cette maison de famille et de vacances. Une première pour ces décorateur­s plus habitués aux villas de stars de Hollywood qui ne s’étaient jamais aventurés ici. Sur une structure datant d’il y a quinze ans, ils ont tout remis à plat : le plan, les matériaux. Ils virent rapidement pourtant le parti à tirer de la belle charpente de bois, de la dispositio­n de plain‑pied, de la proximité de l’océan, car la mer →

est là, au bout du jardin. L’idée fut donc de concevoir une maison totalement ouverte, à la fois intérieure et extérieure, ne faisant qu’un avec la nature.

Un jardin résolument foisonnant

Maison de vacances, certes, mais parfaite ! Une résidence à part entière. « La famille s’est totalement impliquée dans le projet, choisissan­t avec soin les matériaux, le mobilier. » Au milieu des travaux – qui durèrent quand même une année, « sur l’île, les choses prennent du temps », expliquent en riant les Clements… –, il paru évident qu’il fallait replanter le jardin, le rendre encore plus exotique, exubérant. Le paysagiste Mark Rios est alors intervenu, sachant faire écho aux meubles brésiliens déjà choisis. « Mais le mobilier français du xxe, avec sa sobriété, comme le fauteuil Chandigarh de Pierre Jeanneret, a aussi sa place ici », ajoute Tommy Clements. L’idée fut de donner une fraîcheur, une simplicité au lieu. Et pour ce faire, peu d’objets mais choisis avec soin : un tapis de Rosemary Hallgarten en fibres naturelles, des céramiques de la Californie­nne Mary Corse, une oeuvre de Cy Twombly de la fin des années 1960 et une autre du jeune artiste new‑yorkais Dean Levin. À Ingrid Donat, sculptrice vivant à Paris représenté­e par la Carpenters Workshop Gallery, ils n’ont pas hésité à commander spécialeme­nt une énorme bibliothèq­ue et des chaises de salle à manger en bronze. Ancienne élève de Sylva Bernt – la compagne d’André Arbus – elle fut encouragée dans les années 1980 par Diego Giacometti à créer des pièces de mobilier mais ne se décida que dix bonnes années plus tard. Elle est aujourd’hui une figure dans le domaine des arts décoratifs, alliant la sophistica­tion de la période Art déco à la force de l’art tribal. Une interventi­on contempora­ine qui est un élément capital de ce décor d’une grande sobriété dont seules les matières très étudiées apportent un aspect chaleureux. Tout élément superflu étant inutile devant le spectacle de la nature, du roulement des vagues et du bruissemen­t des feuilles dans le vent du soir.

Typiquemen­t hawaiienne avec son toit en bois, la chambre ouvre largement sur l’extérieur.

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PHOTOS William Abranowicz
 ??  ?? DANS LA SALLE À MANGER, sur une longue table ovale en bois massif de Jose Zanine Caldas des années 1970, des assiettes en bronze de Rick Owens. Derrière, une armoire en bois et peuplier brûlé Artempo d’Axel Vervoordt voisine avec un torse d’Aphrodite en marbre (Galerie Chenel). DEPUIS LA PISCINE, les cocotiers se découpent sur fond de soleil couchant dans la mer.
DANS LA SALLE À MANGER, sur une longue table ovale en bois massif de Jose Zanine Caldas des années 1970, des assiettes en bronze de Rick Owens. Derrière, une armoire en bois et peuplier brûlé Artempo d’Axel Vervoordt voisine avec un torse d’Aphrodite en marbre (Galerie Chenel). DEPUIS LA PISCINE, les cocotiers se découpent sur fond de soleil couchant dans la mer.
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 ??  ?? DANS LE SALON, sur un banc en bois de Charlotte Perriand, une lampe boule sur support nickelé de Jacques Adnet et, sur les livres, une paire de sculptures en bronze patiné, L’Homme et la Femme Cariatides de Diego Giacometti (Galerie Vallois). Au fond, la bibliothèq­ue en bronze et chêne brûlé est signée Ingrid Donat (Carpenters Workshop Gallery).
DANS LE BUREAU OUVERT, sur un meuble Chandigarh de Joseph Dirand (Galerie Pierre Marie Giraud), une lampe boule, célèbre création de Félix Aublet de 1931 (Galerie Jacques Lacoste). Devant une photograph­ie murale de Wolfgang Tillmans, un fauteuil Présidence de Jean Prouvé (François Laffanour- Galerie Downtown).
DANS LE SALON, sur un banc en bois de Charlotte Perriand, une lampe boule sur support nickelé de Jacques Adnet et, sur les livres, une paire de sculptures en bronze patiné, L’Homme et la Femme Cariatides de Diego Giacometti (Galerie Vallois). Au fond, la bibliothèq­ue en bronze et chêne brûlé est signée Ingrid Donat (Carpenters Workshop Gallery). DANS LE BUREAU OUVERT, sur un meuble Chandigarh de Joseph Dirand (Galerie Pierre Marie Giraud), une lampe boule, célèbre création de Félix Aublet de 1931 (Galerie Jacques Lacoste). Devant une photograph­ie murale de Wolfgang Tillmans, un fauteuil Présidence de Jean Prouvé (François Laffanour- Galerie Downtown).
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 ??  ?? DANS LA CHAMBRE, au chevet du lit installé sur une estrade, une lampe de Jean- Michel Frank (Gallery BAC). Au- dessus, une oeuvre de Dean Levin, Redeux II (2017-2018). Autour d’une table basse en granit noir de Byung Hoon Choi de 1952 (Friedman Benda), deux chaises de Pierre Jeanneret et un tabouret chinois ancien. Au fond, sur une bibliothèq­ue de Charlotte Perriand, une sculpture précolombi­enne, une autre d’Océanie et un masque en céramique de Vallauris.
DANS LA CHAMBRE, au chevet du lit installé sur une estrade, une lampe de Jean- Michel Frank (Gallery BAC). Au- dessus, une oeuvre de Dean Levin, Redeux II (2017-2018). Autour d’une table basse en granit noir de Byung Hoon Choi de 1952 (Friedman Benda), deux chaises de Pierre Jeanneret et un tabouret chinois ancien. Au fond, sur une bibliothèq­ue de Charlotte Perriand, une sculpture précolombi­enne, une autre d’Océanie et un masque en céramique de Vallauris.
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 ??  ?? DANS LA SALLE À MANGER, autour d’une table de Jose Zanine Caldas, des chaises Mekano signées Ingrid Donat (Carpenters Workshop Gallery). Au mur, sur un cabinet en aluminium massif de Jean Prouvé, un vase cannelé de Jean Dunand, (DeLorenzo Gallery). Au mur, une oeuvre de Cy Twombly. Sur l’îlot de cuisine, une lampe de table WL8 d’Andrea Branzi. Sur la terrasse, table et chaises de Pierre Jeanneret.
DANS LA SALLE À MANGER, autour d’une table de Jose Zanine Caldas, des chaises Mekano signées Ingrid Donat (Carpenters Workshop Gallery). Au mur, sur un cabinet en aluminium massif de Jean Prouvé, un vase cannelé de Jean Dunand, (DeLorenzo Gallery). Au mur, une oeuvre de Cy Twombly. Sur l’îlot de cuisine, une lampe de table WL8 d’Andrea Branzi. Sur la terrasse, table et chaises de Pierre Jeanneret.
 ??  ?? LA MAISON vue du jardin et de la piscine redessinés par Rios Clementi Hale Studios.
LA MAISON vue du jardin et de la piscine redessinés par Rios Clementi Hale Studios.

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