Un rêve de collectionneur
C’est sur le Grand Canal de Venise que le décorateur Chahan Minassian et l’antiquaire Colnaghi ont orchestré cette déambulation parmi de sublimes pièces de collection. Ou comment célébrer l’art de vivre avec l’art.
Sur le Grand Canal de Venise, le décorateur Chahan Minassian et l'antiquaire Colnaghi ont orchestré une déambulation célébrant l'art de vivre avec l'art.
L’ histoire commence il y a un an à peine, avec Flora et Camillus, deux têtes du iie siècle qu’un marchand a fait monter, au xv1e siècle, sur un corps en marbre drapé d’albâtre. Les deux sculptures romaines atterrissent chez le grand antiquaire Colnaghi, où l’on s’affaire aussitôt à leur trouver un écrin digne de ce nom… Qui mieux que Chahan Minassian ? Et, en effet, le décorateur trouve d’emblée la solution : un somptueux mur sculptural noir en laiton et étain signé Pierre Sabatier en 1973. Quelques rendez-vous plus tard, l’ensemble trône déjà dans la salle à manger de l’ancienne abbaye San Gregorio sur le Grand Canal de Venise, petite merveille gothique transformée pour l’occasion en véritable fantasme de collectionneur. Entre les vedute italiennes, les céramiques d’Antoinette Faragallah, les lustres de Murano, les bustes romains, les fauteuils de Paul Evans e tutti quanti, l’association Chahan Minassian-Colnaghi n’a pas lésiné. Au total, environ 280 pièces, plus 130 oeuvres sur 1 500 mètres carrés.
Magnificence de la démesure
Et, après tout, pourquoi choisir ? Le décorateur l’avoue spontanément : « L’idée est, avant tout, de montrer un art de vivre et “comment on vit avec les collections”. Mes propres maisons sont toutes archi pleines, car lorsque j’aime quelque chose, je veux vivre avec, sans me poser trop de questions. Il n’y a pas de préméditation. » Un véritable exercice d’ensemblier pour le décorateur, qui ose les mélanges inattendus et introduit notamment les brutalistes français qui lui sont chers, tout en donnant au passage une nouvelle vie aux éléments anciens, jamais trop monumentaux. Il ne faut pas avoir peur des superlatifs chez Chahan Minassian : « Moi, je travaille pour l’effet waouh ! Ici, les sculptures sont volontairement posées sur des socles, il n’y a pas de rideaux →
Lustres de Murano, vedute italiennes, bustes romains, fauteuils de Paul Evans… vivent ici en toute harmonie.