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Fenêtres sur la ville

Christian Astuguevie­ille, créateur aux multiples talents, s’est aménagé loin de l’agitation parisienne une maison de ville dans le coeur historique de Bayonne. Un lieu pensé comme une oeuvre, où il vient pour se reposer et dessiner.

- Thibaut Mathieu RÉALISATIO­N Alexis Armanet PHOTOS Sophie Pinet TEXTE

Dans le coeur historique de Bayonne, le créateur Christian Astuguevie­ille a repensé sa maison de ville comme une oeuvre totale.

Le rendez-vous était donné sur la place des Gascons, là où le coeur de Bayonne, bordé par la Nive, bat au rythme de son marché couvert. On est loin de la galerie Vivienne où il n’est pas rare de croiser l’élégante silhouette de Christian Astuguevie­ille, souvent toute de noir vêtue. Et presque tout le temps signée Comme des Garçons, tel un clin d’oeil à cette maison dont il crée les parfums depuis toujours. Directeur de création pour la maison donc, mais créateur polymorphe surtout. Notamment de mobilier, exposé dans sa galerie du passage du IIe arrondisse­ment parisien, que les collection­neurs s’arrachent dans le monde entier, et qu’il vient souvent dessiner ici, dans la capitale du pays Basque. Comme convenu, Christian Astuguevie­ille apparaît au premier coup d’oeil, nous attendant pile à l’heure du rendez-vous à l’une des fenêtres qui rythment les façades élevées des immeubles du centre historique de la ville du Sud-Ouest et témoignant d’un type d’habitat unique en son genre : le logement sous deux clés.

Soit des logements bâtis au xviiie siècle sur des parcelles longues et étroites, dans lesquelles on trouvait un premier logement côté rue, et, derrière un puits de lumière éclairant un vaste escalier, un deuxième logement. Une architectu­re singulière que Christian Astuguevie­ille va découvrir par hasard. Plus habitué aux

charmes balnéaires de Biarritz, c’est à la recherche d’un lieu de villégiatu­re qu’il visite cet immeuble envahi par les plantes, qui accueillai­t jadis un grainetier. Il tombe immédiatem­ent sous le charme des volumes atypiques qu’il découvre derrière la façade discrète, et de cet escalier monumental, transformé au xixe siècle, qui occupe les deux-tiers de la maison.

À l’aide d’artisans expériment­és, il va alors s’atteler à un vaste chantier de 19 mois. « Au départ, je voulais habiller les murs de différente­s essences de bois, sur les quatre étages. » Finalement, seul le salon est habillé de planches de châtaignie­r non délignées, « à la manière d’une grange », tandis que son écriture imaginaire à l’encre de Chine habille d’autres murs, dont ceux de la cage d’escalier.

« J’ai travaillé dessus chaque jour de la semaine, pendant quatre mois.

Je ne savais pas où j’allais. » Une écriture qui ressemble à une gestuelle discipliné­e, créant parfois des répétition­s, et dont le résultat le surprend encore lorsqu’il pose ses bagages ici, pour de courts ou de longs séjours, bercé par le rythme de ce centre historique, qu’il a appris à connaître, puis à aimer. Aujourd’hui plus que jamais.

« L’écriture imaginaire » inventée par Christian Astuguevie­ille recouvre un pan de mur de la chambre.

 ??  ?? LA CAGE D’ESCALIER monumental­e, modifiée au xixe siècle, occupe un tiers de la surface de la maison, à la manière d’un patio fermé par une verrière au 5e niveau. Christian Astuguevie­ille a recouvert ses murs de son « écriture imaginaire » à l’encre de Chine.
LA CAGE D’ESCALIER monumental­e, modifiée au xixe siècle, occupe un tiers de la surface de la maison, à la manière d’un patio fermé par une verrière au 5e niveau. Christian Astuguevie­ille a recouvert ses murs de son « écriture imaginaire » à l’encre de Chine.
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 ??  ?? LE SALON, à gauche, ouvert sur la place du marché, a été habillé de planches de châtaignie­rs non délignées. À côté du bureau de la collection Bois & Forêts (Christian Astuguevie­ille) et d’une chaise ancienne en platane, un masque Baoule recouvert de corde de chanvre. À l’arrière- plan, on aperçoit la cage d’escalier.
DANS LE SALON TOUJOURS, en contrecham­p, des objets et des meubles du créateur : au premier plan, une chaise de la collection
Bois & Forêts devant un petit canapé de la collection Bric & Broc recouvert d’un tissu Pierre Frey. Contre le mur, deux tableaux fixés sous verre représenta­nts des danseurs. Au fond, une assise de la collection Bois & Forêts et une sculpture en corde de chanvre.
LE SALON, à gauche, ouvert sur la place du marché, a été habillé de planches de châtaignie­rs non délignées. À côté du bureau de la collection Bois & Forêts (Christian Astuguevie­ille) et d’une chaise ancienne en platane, un masque Baoule recouvert de corde de chanvre. À l’arrière- plan, on aperçoit la cage d’escalier. DANS LE SALON TOUJOURS, en contrecham­p, des objets et des meubles du créateur : au premier plan, une chaise de la collection Bois & Forêts devant un petit canapé de la collection Bric & Broc recouvert d’un tissu Pierre Frey. Contre le mur, deux tableaux fixés sous verre représenta­nts des danseurs. Au fond, une assise de la collection Bois & Forêts et une sculpture en corde de chanvre.
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 ??  ?? DANS LA SALLE À MANGER, Christian Astuguevie­ille a apposé ses écritures imaginaire­s à l’encre de Chine sur tout un pan de mur, recouvrant aussi les volets. Autour de la table à plateau en marbre, des chaises avec dossier en paille, le tout de la collection Bois & Forêts (Christian Astuguevie­ille). Sur la tablette en marbre, une partie de sa collection de vaisselle Creil Montereau.
DE LA CUISINE, on aperçoit, de l’autre côté, la salle à manger. Au premier plan, vaisselle Creil Montereau et cloches en verre.
DANS LA SALLE À MANGER, Christian Astuguevie­ille a apposé ses écritures imaginaire­s à l’encre de Chine sur tout un pan de mur, recouvrant aussi les volets. Autour de la table à plateau en marbre, des chaises avec dossier en paille, le tout de la collection Bois & Forêts (Christian Astuguevie­ille). Sur la tablette en marbre, une partie de sa collection de vaisselle Creil Montereau. DE LA CUISINE, on aperçoit, de l’autre côté, la salle à manger. Au premier plan, vaisselle Creil Montereau et cloches en verre.
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 ??  ?? DANS LA CHAMBRE, sur une commode recouverte de corde de chanvre, poignées en métal, une coupe en terre et pied en corde de coton (les deux Christian Astuguevie­ille), et gravure d’un guerrier de Nouvelle-Guinée.
CHRISTIAN ASTUGUEVIE­ILLE au rez-de-chaussée de sa maison, qui lui sert de galerie d’exposition.
DANS LA CHAMBRE, sur une commode recouverte de corde de chanvre, poignées en métal, une coupe en terre et pied en corde de coton (les deux Christian Astuguevie­ille), et gravure d’un guerrier de Nouvelle-Guinée. CHRISTIAN ASTUGUEVIE­ILLE au rez-de-chaussée de sa maison, qui lui sert de galerie d’exposition.
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 ??  ?? DANS LA CHAMBRE, le lit en châtaignie­r appartient à la collection Bric & Broc et la table de chevet est habillée de corde de chanvre (les deux, Christian Astuguevie­ille). Bougeoir en bronze du xixe et objets en ivoire. Au fond, entre les deux fenêtres, gaine en corde de coton peinte, surmontée d’une divinité recouverte de tissu blanc et d’un coquillage.
DANS LA CHAMBRE, le lit en châtaignie­r appartient à la collection Bric & Broc et la table de chevet est habillée de corde de chanvre (les deux, Christian Astuguevie­ille). Bougeoir en bronze du xixe et objets en ivoire. Au fond, entre les deux fenêtres, gaine en corde de coton peinte, surmontée d’une divinité recouverte de tissu blanc et d’un coquillage.

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