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En lignes et en courbes

Dans une architectu­re spectacula­ire signée par l’agence Saota, l’architecte Thierry Lemaire a aménagé un intérieur sur mesure tout en fluidité. Une forme de modernité intemporel­le.

- Thibaut Mathieu RÉALISATIO­N Julien Oppenheim PHOTOS Oscar Duboÿ TEXTE

Sur les rives du lac Léman, l’architecte Thierry Lemaire a réaménagé un intérieur tout en fluidité dans une architectu­re contempora­ine spectacula­ire.

Non, nous ne sommes pas dans un James Bond. Et le méchant Goldfinger ne va pas surgir pour nous galvaniser. Il faut avouer que cette maison nichée au milieu des montagnes suisses aurait sans doute plu à Sir Ken Adam, le scénograph­e culte de la saga 007… Elle a été commandée à l’agence sud-africaine Saota par son propriétai­re, qui n’a pas été déçu. Mais encore fallait-il que l’intérieur soit à la hauteur pour rivaliser avec cette coque spectacula­ire. Arrivé sur place, l’architecte Thierry Lemaire a tout de suite saisi l’enjeu : « Il fallait travailler dans l’esprit d’un projet très contempora­in, une maison très belle qui n’a pas un seul angle droit. » Autrement dit, savoir s’adapter à ses immenses espaces ouverts sur l’extérieur et en préserver la fluidité, tout en imaginant la déambulati­on à travers ces centaines de mètres carrés avec quatre chambres, home cinéma, cave à vin, piscines indoor et outdoor comprises. Sans oublier une importante collection d’art moderne et contempora­in qui fait la fierté du maître de maison. Voici pour le cahier des charges, présenté au cours d’un entretien de quinze minutes entre deux avions. Thierry Lemaire confirme : « C’est quelqu’un qui aime monter des projets et voulait se faire plaisir en accrochant ses tableaux chez lui. Pour le reste, tout a été très simple : les validation­s ont pris une heure, c’était noir ou blanc, et heureuseme­nt l’équipe sur place était excellente. » Ainsi, au bout de six mois d’étude, le projet était fin prêt. « J’ai gardé le contraste bois pierre béton, explique l’architecte, pour rester dans les matières brutes et sobres, sans tomber dans les tendances de la décoration et surtout éviter le kitsch. J’aime cet esprit classique architectu­ral à la Mies van der Rohe car il est assez

intemporel, pas nécessaire­ment dans l’air du temps. Et puis, quand la boîte est belle, la suite est une évidence. »

Plutôt que de se limiter aux grands noms du marché de l’art, Thierry Lemaire a préféré se laisser guider par les lieux et dessiner sur mesure pratiqueme­nt les trois quarts du mobilier, créant des solutions d’aménagemen­t qui multiplien­t les effets de matière. Dès l’entrée, les cuivres se mélangent entre le vert et le rouge, tel un écho au quadrillag­e contempora­in du moucharabi­eh réalisé sur mesure pour la douche. Et s’il a fallu imaginer les choses en grand, comme ce canapé XXL qui enveloppe le grand salon, c’est dans le détail que Thierry Lemaire a voulu aussi faire la différence, du calepinage des sols à la mosaïque commandée à Béatrice Serre pour la cuisine. Quelques éléments chinés sont ensuite venus compléter l’ensemble, rythmés çà et là par une toile de Lucio Fontana ou un fauteuil d’Ignazio Gardella. Juste ce qu’il faut pour équilibrer les époques, sans se laisser vampiriser par les années 1950. Ou comment créer son propre espace-temps, au-delà des époques, comme nous l’avoue Thierry Lemaire : « J’espère que ce projet sera encore bien dans vingt ans. » Bel objectif.

Les formes fluides et aériennes du béton contrasten­t avec la géométrie des immenses baies vitrées.

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 ??  ?? DANS UN SALON, une table basse d’Armand Jonckers de 1979 jouxte un fauteuil Koumac habillé de peau de mouton ( Thierry Lemaire).
À L’ENTRÉE DE LA MAISON, la porte pivotante en cuivre bicolore a été imaginée par Thierry Lemaire.
DANS UN SALON, une table basse d’Armand Jonckers de 1979 jouxte un fauteuil Koumac habillé de peau de mouton ( Thierry Lemaire). À L’ENTRÉE DE LA MAISON, la porte pivotante en cuivre bicolore a été imaginée par Thierry Lemaire.
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 ??  ?? DANS LE SALON EN MEZZANINE, devant une banquette de Pierre Jeanneret, une table basse de Pia Manu et une paire de fauteuils de Theo Ruth, 1960 (Galerie Fradin- Labrosse). Derrière, un lampadaire Ioselliani (Giustini/Stagetti Galleria O. Roma), tandis que les rails et les spots sont de Thierry Lemaire. Au mur, une oeuvre de Laurent Grasso. Tapis (Manufactur­e de tapis de Bourgogne).
VUE SUR LE LAC dans le grand salon. Au- dessus du canapé et des tables basses, un lustre créé par Thierry Lemaire à partir de deux dalles de verre courbe de 1970 récupérées.
DANS LE SALON EN MEZZANINE, devant une banquette de Pierre Jeanneret, une table basse de Pia Manu et une paire de fauteuils de Theo Ruth, 1960 (Galerie Fradin- Labrosse). Derrière, un lampadaire Ioselliani (Giustini/Stagetti Galleria O. Roma), tandis que les rails et les spots sont de Thierry Lemaire. Au mur, une oeuvre de Laurent Grasso. Tapis (Manufactur­e de tapis de Bourgogne). VUE SUR LE LAC dans le grand salon. Au- dessus du canapé et des tables basses, un lustre créé par Thierry Lemaire à partir de deux dalles de verre courbe de 1970 récupérées.
 ??  ?? DANS LE GRAND SALON, face à deux tables basses de Christian Liaigre, un canapé en demi- cercle
( Thierry Lemaire). Au fond, sur le bar en ébène de Macassar et cuivre poli de Thierry Lemaire, deux sculptures d’esprit surréalist­e en résine laquée blanc signées DELLO, 1965 (Galerie Hervouet). À gauche, bas-relief en applique de Gianni Pinna, 1973 (Galerie Yves Gastou). Tapis (Manufactur­e de tapis de Bourgogne).
DANS LE GRAND SALON, face à deux tables basses de Christian Liaigre, un canapé en demi- cercle ( Thierry Lemaire). Au fond, sur le bar en ébène de Macassar et cuivre poli de Thierry Lemaire, deux sculptures d’esprit surréalist­e en résine laquée blanc signées DELLO, 1965 (Galerie Hervouet). À gauche, bas-relief en applique de Gianni Pinna, 1973 (Galerie Yves Gastou). Tapis (Manufactur­e de tapis de Bourgogne).
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 ??  ?? DANS LA CHAMBRE PRINCIPALE, devant un lampadaire Icarus ( Thierry Lemaire) et un fauteuil Digamma d’Ignazio Gardella, 1957 (Galerie Yves Gastou), une table basse Cammei de Piero Fornasetti et Gio Ponti (Galerie Jacques Lacoste). Au mur, un tableau de Pierre Soulages.
L’ARCHITECTE Thierry Lemaire.
DANS LA CHAMBRE D’INVITÉS, au premier plan, un canapé De Sede DS 600, 1990 (Galerie Déjà Vu). En chevet, une lampe Maison Jansen des années 1970 (Galerie Bazin).
DANS LA CHAMBRE PRINCIPALE, devant un lampadaire Icarus ( Thierry Lemaire) et un fauteuil Digamma d’Ignazio Gardella, 1957 (Galerie Yves Gastou), une table basse Cammei de Piero Fornasetti et Gio Ponti (Galerie Jacques Lacoste). Au mur, un tableau de Pierre Soulages. L’ARCHITECTE Thierry Lemaire. DANS LA CHAMBRE D’INVITÉS, au premier plan, un canapé De Sede DS 600, 1990 (Galerie Déjà Vu). En chevet, une lampe Maison Jansen des années 1970 (Galerie Bazin).
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 ??  ?? DANS LA CHAMBRE PRINCIPALE, un meuble bas en bois reconstitu­é ( Thierry Lemaire) semble compléter une bibliothèq­ue en acajou et tôle d’acier plié Nuage de Charlotte Perriand, Ateliers Jean Prouvé, 1958-1959 (Galerie Jousse). Fauteuil de Philippe Hiquily (Galerie Yves Gastou).
LA FAÇADE CÔTÉ LAC de la maison et ses larges baies vitrées.
DANS LA CHAMBRE PRINCIPALE, un meuble bas en bois reconstitu­é ( Thierry Lemaire) semble compléter une bibliothèq­ue en acajou et tôle d’acier plié Nuage de Charlotte Perriand, Ateliers Jean Prouvé, 1958-1959 (Galerie Jousse). Fauteuil de Philippe Hiquily (Galerie Yves Gastou). LA FAÇADE CÔTÉ LAC de la maison et ses larges baies vitrées.
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