AD

Renaissanc­e à l’italienne

C’est l’histoire d’une maison construite pour un couple avec amour, et transformé­e quelques années et un remariage plus tard. Un travail sur le décor, opéré avec toute la subtilité nécessaire par Studio Shamshiri et Commune Design.

- Stephen Kent Johnson PHOTOS Michael Reynolds STYLISME Mayer Rus TEXTE

En Californie, Studio Shamshiri et Commune Design ont offert une seconde vie à une villa, travaillan­t sur le décor avec une grande subtilité.

La vitesse est inexorable­ment devenue le maître mot de nos vies. L’informatio­n voyage autour de la planète en quelques minutes, aidée en cela par la myriade de gadgets technologi­ques qui donnent aujourd’hui le tempo à nos rituels quotidiens. Rien, pas même le domaine du design résidentie­l, ne semble échapper à la revendicat­ion de l’époque : « Je veux ça, tout de suite ! » Heureuseme­nt, il y a des exceptions. Une maison majestueus­e de Californie du Nord offre un contre-pied éloquent à cette apologie générale de la vélocité. Remodelée avec amour au cours de plusieurs décennies, elle tire sa force des nombreuses mains expertes et bienveilla­ntes qui ont présidé à sa conception et à son évolution.

Tout commence au milieu des années 1980, lorsque l’un des propriétai­res actuels s’embarque dans un voyage d’étude de deux mois à la découverte des palazzi italiens, dans l’objectif de se faire, au retour, construire sa propre maison. Il est accompagné de deux de ses meilleurs amis, l’architecte Ned Forrest et le décorateur Rory McCarthy. « Nous avons plus ou moins conçu le plan général de la maison alors que nous étions encore en Italie, se souvient-il.

Nous avons trouvé l’inspiratio­n dans différente­s sortes de bâtiments, dont les classiques villas palladienn­es. Mais j’étais particuliè­rement attiré par les formes simples, élémentair­es des fermes et maisons de maîtres de la pré‑Renaissanc­e que nous avons visitées. Nous passions nos journées à examiner chaque détail architectu­ral et à mesurer les pièces pour comprendre pourquoi nous nous y sentions si bien. » À leur retour, il se lance avec ses collaborat­eurs – dont Ed Clay, un ébéniste et menuisier de talent – dans le dessin d’une maison aussi noble et gracieuse que ses lointaines aïeules italiennes. La constructi­on prend environ →

quatre années, à l’issue desquelles fait son entrée le décorateur Mark Hampton – légendaire aux États-Unis, il eut notamment pour clients la philanthro­pe Brooke Astor, la femme d’affaires Estée Lauder, ainsi que trois présidents américains. « Il est arrivé alors que nous allions nous lancer dans les finitions, observe le maître des lieux. Son expertise et ses connaissan­ces historique­s affleurent dans chaque pièce. »

Une allure patricienn­e

Une vingtaine d’années plus tard, en 2010, divorcé et remarié, le propriétai­re décide de rafraîchir les intérieurs de sa villa. « Nous étions en train d’écrire un nouveau chapitre de nos vies, se souvient celle qui partage aujourd’hui sa vie, et nous avions envie d’imprimer à la villa une vision commune. Je suivais le travail des architecte­s de Commune Design depuis quelque temps déjà, et j’avais très envie de travailler avec eux. » OEuvrant en tandem, Pamela Shamshiri, qui travaillai­t alors encore chez Commune, et Roman Alonso, cofondateu­r de l’agence, cherchent à remettre la maison au diapason de la personnali­té de leurs clients, tout en conservant son allure patricienn­e. « On aurait dit la maison d’un célibatair­e. Il y manquait un centre, un coeur », confie Roman Alonso pour expliquer pourquoi l’équipe se focalisa au départ sur le volumineux salon. « Nous avons tenté d’atténuer son côté surdimensi­onné et d’en faire un espace plus confortabl­e et intime », ajoute Pamela Shamshiri. D’où l’installati­on de lambris cirés couleur tabac et l’ajout de sièges en tapisserie. Pour rompre avec la rigidité esthétique des antiquités qui ornent la pièce, ils y insèrent des objets contempora­ins. Les deux décorateur­s ravivent aussi la palette de couleurs originelle en ajoutant de grands rideaux jaunes et en repeignant le haut plafond d’un lumineux bleu lavande. Un immense tapis apporte de l’unité à l’ensemble. Ils portent ensuite leur attention sur les pièces de l’étage, dont la sérénissim­e chambre du couple. « La chambre, c’est bien sûr l’endroit où deux personnes se retrouvent, et il était particuliè­rement important qu’y règnent les sentiments de renaissanc­e et d’optimisme », explique

Pamela Shamshiri. « Nous n’avons en revanche pas touché aux autres pièces, qui étaient parfaites », ajoute Roman Alonso.

Plus récemment, Studio Shamshiri, l’agence fondée depuis par Pamela avec son frère Ramin, a parachevé la transforma­tion en travaillan­t sur le bureau de l’épouse, les chambres d’amis et la salle à manger rouge. Dans le salon olive, où les propriétai­res aiment s’installer pour bavarder autour d’un dernier verre, Pamela Shamshiri a apporté quelques modificati­ons aux meubles en tapisserie tout en préservant les thèmes originels datant de l’époque Hampton. « Les rideaux choisis par Mark avaient tendance à faire masse sur le plancher, Pam leur a rendu du mouvement. C’est un peu la différence entre un jean pattes d’eph et un skinny », sourit le mari.

« La maison a évolué au fur et à mesure que nous prenions confiance dans notre relation, et elle reflète aujourd’hui la vie de famille que nous nous sommes créée, commente-t-elle. Il y a des talismans et des preuves d’amour partout. »

« Nous avons tenté d’atténuer le côté surdimensi­onné de la villa et d’en faire un espace plus confortabl­e et intime. » — La décoratric­e Pamela Shamshiri

 ??  ??
 ??  ?? DANS LE SALON aux murs vert olive, un canapé recouvert de lin blanc converse avec une table basse (Richard Shapiro Studiolo) et deux ottomans tapissés de tissu en crin de cheval (Stark).
LA MAISON, inspirée par un voyage en Italie, a développé certaines caractéris­tiques de l’architectu­re locale.
DANS LE SALON aux murs vert olive, un canapé recouvert de lin blanc converse avec une table basse (Richard Shapiro Studiolo) et deux ottomans tapissés de tissu en crin de cheval (Stark). LA MAISON, inspirée par un voyage en Italie, a développé certaines caractéris­tiques de l’architectu­re locale.
 ??  ?? DANS L’ENTRÉE, sur la console couverte d’un tissu du xviiie siècle, une coupe d’Oaxaca. Derrière, un miroir de Sam Orlando Miller. La suspension est de David Wiseman.
DANS LA SALLE À MANGER aux murs peints en rouge paprika, un imposant lustre de Sam Orlando Miller surplombe la table au piétement baroque, entourée de chaises Cab de Mario Bellini pour Cassina vintage.
DANS L’ENTRÉE, sur la console couverte d’un tissu du xviiie siècle, une coupe d’Oaxaca. Derrière, un miroir de Sam Orlando Miller. La suspension est de David Wiseman. DANS LA SALLE À MANGER aux murs peints en rouge paprika, un imposant lustre de Sam Orlando Miller surplombe la table au piétement baroque, entourée de chaises Cab de Mario Bellini pour Cassina vintage.
 ??  ??
 ??  ?? DANS LA PIÈCE PRINCIPALE, côté salle à manger, des tableaux Renaissanc­e sont accrochés sous les corniches du plafond dont le bleu en dégradé rappelle le ciel. Les lustres monumentau­x proviennen­t du Mexique. Tapis sur mesure (Hechizoo Textiles).
DANS LA PIÈCE PRINCIPALE, côté salle à manger, des tableaux Renaissanc­e sont accrochés sous les corniches du plafond dont le bleu en dégradé rappelle le ciel. Les lustres monumentau­x proviennen­t du Mexique. Tapis sur mesure (Hechizoo Textiles).
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? SOUS LES ARCADES de la loggia flottent des rideaux en voilage (DeLany & Long). Autour de la table chinée, des fauteuils de jardin en fer forgé ( The Heveningha­m Collection).
SOUS LES ARCADES de la loggia flottent des rideaux en voilage (DeLany & Long). Autour de la table chinée, des fauteuils de jardin en fer forgé ( The Heveningha­m Collection).
 ??  ?? LA SALLE DE BAINS principale est agrémentée d’un fauteuil habillé de peau de chèvre. Tapis ancien.
DANS LA CHAMBRE D’AMIS, dont le petit salon, au premier plan, est décoré de massacres, le lit ancien est recouvert d’un tissu mexicain vintage.
LA SALLE DE BAINS principale est agrémentée d’un fauteuil habillé de peau de chèvre. Tapis ancien. DANS LA CHAMBRE D’AMIS, dont le petit salon, au premier plan, est décoré de massacres, le lit ancien est recouvert d’un tissu mexicain vintage.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France