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Classique pop

Beaucoup de liberté dans les couleurs, d’audace dans les associatio­ns des matières et des oeuvres d’art, voilà ce qui fait la force de ce pied-à-terre réalisé par l’architecte d’intérieur Rodolphe Parente.

- Philippe Garcia PHOTOS Nicolas Milon TEXTE

Pour ce pied-à-terre du quartier Bac-Saint-Germain, lorsque le propriétai­re donne carte blanche à l’architecte d’intérieur Rodolphe Parente – « Cette “boîte”, tu en fais ce que tu veux, en revanche je veux me sentir chez moi, pas chez quelqu’un d’autre » –, il lui demande également de lui dessiner plusieurs pièces de mobilier : le canapé, les têtes de lits, la table de salle à manger… Tout le jeu a donc consisté à se baser sur une partie des pièces et oeuvres que possède déjà ce collection­neur à l’oeil affûté – antiquaire dans l’une de ses nombreuses vies passées – et à amalgamer cette richesse de styles dans un projet où l’on vit avec les choses plutôt que d’en être spectateur.

Une (grande) part d’audace a donc présidé à l’ajout de nouvelles oeuvres d’art, à la volonté d’en conserver d’autres, puis dans la manière de les montrer : deux peintures alsacienne­s du xviie siècle qui, par leur accrochage en angle, bénéficien­t d’une relecture contempora­ine ; des céramiques de Jean-Marie et Marthe Simonet associées à d’autres de Pablo Picasso et à des pièces uniques du jeune éditeur Maison Intègre ; des oeuvres de l’artiste mexicaine Pia Camil, une photograph­ie de Walter Pfeiffer – dont ne voit d’abord que les couleurs avant de comprendre qu’il s’y passe quelque chose –, un triptyque de Laurent Grasso… Ce subtil mélange de choses qui n’ont a priori rien à faire ensemble tisse une histoire qui n’est pas datée dans le temps et dépasse la notion même de style, le tout dans une atmosphère purement parisienne parquet-moulures-cheminée.

La couleur étant apportée par l’art, murs et plafonds ont été travaillés dans une palette plus douce, du rose poudré au gris tabac, qui épouse les subtiles variations de la lumière dans cet appartemen­t traversant. Et puisque l’idée était de façonner un lieu facile à vivre – un « antimusée » –, des respiratio­ns ont été créées, des perspectiv­es utilisées grâce aux pièces en enfilade avec, dans une chambre, un élément violet – une oeuvre de Jacin Giordano – qui, à la façon d’un drap de scène, attire et intrigue par sa couleur, sa matière. Un jeu qui se poursuit dans le salon aux subtils tons de verts qui deviennent gris ; un canapé aux codes années 1930 dessiné par Rodolphe Parente multiplian­t les éléments de détail forts – tels son dos et son piètement laqués –, adoptant une forme contempora­ine qui juxtapose les styles. Dans la chambre, la tête de lit travaillée en laiton cognac émaillé est associée à une base en drap de laine, dans un mélange où tout se connecte, se répond, en strates. Comme le confie l’architecte, « cet appartemen­t est presque un projet autour de la juxtaposit­ion, entre ici une matière dure avec de la laine, là un tapis en tissage brut avec une assise seventies en plastique. Ce rapport de matières m’intéressai­t vraiment. » Avec aussi une place laissée pour le vide, la lumière seule protagonis­te dans ses reflets, dans la façon qu’elle a de s’accrocher sur un choix de couleurs, de pénétrer dans une pièce pour se réfléchir dans une lampe et créer un halo. Tout fonctionne dans une forme de nervosité : l’oeil se pose sur des impacts légèrement colorés, des jets de lumière et des reflets s’accrochent sur des surfaces mates, d’autres brillantes, dans des contrastes résolument graphiques. Une polysémie et un éclectisme traduisant la grande liberté et l’audace qui sont la marque des univers forts.

Les tonalités douces associées à des oeuvres colorées créent un style vivant, nerveux et maîtrisé.

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 ??  ?? AU MUR, UNE ÉTAGÈRE en Inox poli de Joëlle Ferlande des années 1970 voisine avec un dessin de Jean Cocteau. Devant, un fauteuil Sphère de Boris Tabacoff édité par MMM dans les années 1970.
TOUJOURS DANS L’ENTRÉE, sous une photograph­ie Untitled de Walter Pfeiffer, 2016 (Galerie Sultana), Bench, une oeuvre de Lea Mestres (Scène Ouverte). Lampe vintage 1970. Tapis en fibres naturelles.
AU MUR, UNE ÉTAGÈRE en Inox poli de Joëlle Ferlande des années 1970 voisine avec un dessin de Jean Cocteau. Devant, un fauteuil Sphère de Boris Tabacoff édité par MMM dans les années 1970. TOUJOURS DANS L’ENTRÉE, sous une photograph­ie Untitled de Walter Pfeiffer, 2016 (Galerie Sultana), Bench, une oeuvre de Lea Mestres (Scène Ouverte). Lampe vintage 1970. Tapis en fibres naturelles.
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 ??  ?? L’ARCHITECTE D’INTÉRIEUR Rodolphe Parente.
DANS LE SALON, sur une table basse en laque de Chine (Rodolphe Parente), un ensemble de trois bougeoirs La Bande de Lobi de Pia Chevalier (Maison Intègre). Derrière, un canapé en laque et velours de soie (Rodolphe Parente) et une lampe vintage 1970. Sur la cheminée, une sculpture Vis a vis de Marta Pierobon et Giovanni De Francesco. Au- dessus, un fusain sur papier Untitled de Lee Bae (Perrotin).
L’ARCHITECTE D’INTÉRIEUR Rodolphe Parente. DANS LE SALON, sur une table basse en laque de Chine (Rodolphe Parente), un ensemble de trois bougeoirs La Bande de Lobi de Pia Chevalier (Maison Intègre). Derrière, un canapé en laque et velours de soie (Rodolphe Parente) et une lampe vintage 1970. Sur la cheminée, une sculpture Vis a vis de Marta Pierobon et Giovanni De Francesco. Au- dessus, un fusain sur papier Untitled de Lee Bae (Perrotin).
 ??  ?? DANS LA CHAMBRE, sur une commode ancienne, une oeuvre en bronze Echo Lamp de Brendan Ravenhill,
2019 (Maison Intègre), deux céramiques rondes et un dessin de Pablo Picasso et une sculpture Polymorphe de Jean-Marie et Marthe Simonnet (Les Simonnet). À droite, devant la tête de lit (Rodolphe Parente), Lamp 251 de Tito Agnoli (Galerie kreo). Dans l’autre pièce, une chaise longue Tube Chair de Joe Colombo,
1969 (Galerie Yves Gastou), une lampe de Ferréol Babin et, au mur, Violet Night, une oeuvre de Jacin Giordano, 2008 (Galerie Sultana).
DANS LA CHAMBRE, sur une commode ancienne, une oeuvre en bronze Echo Lamp de Brendan Ravenhill, 2019 (Maison Intègre), deux céramiques rondes et un dessin de Pablo Picasso et une sculpture Polymorphe de Jean-Marie et Marthe Simonnet (Les Simonnet). À droite, devant la tête de lit (Rodolphe Parente), Lamp 251 de Tito Agnoli (Galerie kreo). Dans l’autre pièce, une chaise longue Tube Chair de Joe Colombo, 1969 (Galerie Yves Gastou), une lampe de Ferréol Babin et, au mur, Violet Night, une oeuvre de Jacin Giordano, 2008 (Galerie Sultana).
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 ??  ?? ENTRE SALON ET BUREAU, le rose poudré, l’orange pâle et le vert bronze se répondent. Derrière la porte, une céramique émaillée Bust Mask Ocre, de Pia Camil,
2018 (Galerie Sultana), à droite une Lamp 231 de Jacques Biny,
1957 (Galerie Pascal Cuisinier).
DANS LA SALLE À MANGER, sur une table en brèche et laiton (Rodolphe Parente), un vase Pacha de Jean- Baptiste Fastrez (Moustache). Autour, des chaises vintage de Willy Rizzo. Au mur un tryptique à la feuille d’or Studies into the Past de Laurent Grasso, 2017 (Perrotin). Sur la cheminée, une céramique de Pablo Picasso.
ENTRE SALON ET BUREAU, le rose poudré, l’orange pâle et le vert bronze se répondent. Derrière la porte, une céramique émaillée Bust Mask Ocre, de Pia Camil, 2018 (Galerie Sultana), à droite une Lamp 231 de Jacques Biny, 1957 (Galerie Pascal Cuisinier). DANS LA SALLE À MANGER, sur une table en brèche et laiton (Rodolphe Parente), un vase Pacha de Jean- Baptiste Fastrez (Moustache). Autour, des chaises vintage de Willy Rizzo. Au mur un tryptique à la feuille d’or Studies into the Past de Laurent Grasso, 2017 (Perrotin). Sur la cheminée, une céramique de Pablo Picasso.
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