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Le tapis en lin brut

Ou comment, en interrogea­nt la filière du lin en France, la jeune designeuse Pauline Esparon expériment­e et imagine une collection textile poétique et écologique, à la beauté rugueuse.

- Marion Bley PAR

Est- ce parce qu’elle est normande et que les champs de lin font partie des couleurs de la région ? Pauline Esparon admet s’être intéressée au lin de longue date, peut- être même avant ses études en Design Textile à l’École Duperré. Un diplôme et quelques stages plus loin, elle fait de ce matériau naturel son sujet de fin d’études à la Design Academy Eindhoven. Elle découvre que si la France est une grosse productric­e de cette fibre, 80 % de la production part en Chine pour être traitée après rouissage et teillage ( les opérations qui permettent de séparer la fibre de son écorce), au point qu’il n’y a plus de filatures sur place. Elle s’intéresse alors aux possibles utilisatio­ns de ce matériau « brut » et expériment­e tous azimuts, cherchant à mettre en avant les qualités de la matière, comme le côté laineux des fibres courtes ( l’étoupe) ou la brillance des plus longues.

Naissent alors, au fil de collaborat­ion avec des artisans et des entreprise­s aux savoir-faire techniques et écologique­s, un banc au pelage aussi doux que celui d’un mouton, un tapis en composite de lin doublé de feutre de lin, un textile en fibre cousue dont le tombé magnifique n’a d’égal que ses subtiles tonalités, et encore une sorte de tapisserie chevelue somptueuse dans des déclinaiso­ns de couleurs qui dépendent de leur phase du rouissage… Tout cela dans une matière qui, en plus d’être respirante, est isolante – d’un point de vue acoustique et thermique –, antiallerg­ène, imputresci­ble… Aujourd’hui, Pauline Esparon travaille à la commercial­isation de ses pièces, uniques ou en série limitée, et exposera sa collection L’Écoucheur pendant la foire Collectibl­e, à Bruxelles, du 5 au 8 mars. Mais elle est déjà repartie, dans sa quête de matériaux, vers le parchemin, dont les savoir-faire sont, dit-elle, en voie de disparitio­n. Une nouvelle piste de création.

TAPIS L’Écoucheur, 250 × 150 cm, en collaborat­ion avec D’Ennery, prix sur demande. paulinespa­ron.com

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