Nos 15 envies du moment
Un canapé mythique de Gaetano Pesce, une jeune pâtissière pas comme les autres, la réouverture du musée Carnavalet… voici, entre autres, ce qui nous anime.
Les gâteaux baroques d’Andrea Sham
« Je vois des images, et instantanément je vois de la bouffe ! Mon inspiration est partout », s’esclaffe Andrea Sham. Après des études de naturopathie et d’anthropologie, cette jeune femme née au Vénézuela, de mère portugaise et de père chinois, qui se cherchait sans se trouver, réalise un jour que ce qui la mène, c’est sa gourmandise. Elle crée son entreprise de gâteaux sur commande et sur mesure, extrêmement créatifs et originaux, bons toujours, vegan aussi si besoin (elle l’a été un temps). Son objectif aujourd’hui, développer le côté événementiel de son entreprise. M.B.
instagram.com/andrea.sham
Une exposition à la Villa Kérylos
C’est la rencontre de l’une des plus incroyables villégiatures françaises et d’un créateur inclassable, le designer et scénographe de grand talent Hubert le Gall. Le second a imaginé pour la première, construite au tout début du xxe siècle dans un style inspiré de la Grèce antique, une trentaine de meubles qui se déploient de pièce en pièce, jouant avec nos fantasmes d’intemporalité comme avec nos rêves d’immortalité (en photo, dans la bibliothèque, L’Iliade est un moulage en bronze du livre phare de l’Antiquité, surmonté d’un mobile aérien). M. B.
Hubert le Gall, une fantaisie grecque, du 28 mars au 26 septembre à la Villa Kérylos, impasse Gustave- Eiffel, 06310 Beaulieu-sur- Mer.
Les nouveaux meubles du Louvre
« C’est la sculpture égyptienne du roi Khéphren assis sur son trône qui a inspiré les trois modèles de meubles proposés », raconte le designer Martin Szekely, qui signe les nouvelles assises du musée, fauteuil pour les gardiens, assis-debout et banquette pour les visiteurs. Cette dernière, en multiplis de chêne et acier inoxydable, se voit parfois agrémentée d’un coussin de cuir (en photo). « De part la simplicité et la dimension archétypale qui s’en dégage, les meubles s’intègrent avec l’environnement muséographique sans interférer avec les oeuvres exposées. » Musée du Louvre, rue de Rivoli, 75001 Paris, louvre.fr
Une boutique onirique
Dans ce petit espace au coeur du Paris chic de la mode, deux blocs de verre, tels des parois de glace, se font face entre des murs immaculés. Dans cette banquise stylisée, ainsi que sur des totems de fil de fer qui semblent y être piqués, sont présentés les bijoux aux allures de sculptures de la créatrice Charlotte Chesnais. C’est elle qui a demandé à l’architecte et artiste néerlandais Anne Holtrop de concevoir sa première boutique. Une ambiance onirique, entre futurisme et minimalisme, à découvrir. S. D. Charlotte Chesnais, 10, rue d’Alger, 75001 Paris.
Un chef-d’oeuvre du design brésilien
80 pièces de design brésilien ! Qui dit mieux ? Un collectionneur européen épris de voyages a traqué, au cours des dix dernières années, des sièges et des tables signés Joaquim Tenreiro, Sergio Rodrigues (en photo, Diz Armchair), Jorge Zalszupin, Jose Zanine Caldas… Afin de renflouer son entreprise, souffrant de la crise liée à la Covid, il lui faut, hélas, s’en séparer. La vedette du catalogue ? Une chaise tripode de Tenreiro, en bois exotiques, datant de 1947. L.M. Design international, le 29 avril chez Tajan, 37, rue des Mathurins, 75008 Paris. tajan.com
Une vente historique
Un nom synonyme d’élégance cosmopolite ; un appartement décoré par Jacques Grange ; une collection d’art contemporain, de design, de photographie, constituée avec une belle longueur d’avance… La vente de la baronne Marion Lambert, épouse d’un banquier belge, disparue en 2016, va faire parler d’elle. Une partie de ses trésors, dont un extraordinaire bijou de JAR, sont dispersés au profit de War Child, association défendant les enfants victimes de la guerre (en photo, un vase en céramique de Georges Jouve, La Poule Blanche, 1949). L.M. Black Sheep, Hommage à Marion Lambert, les 25 et 26 mai et vente en ligne du 11 au 27 mai, Christie’s, 9, avenue Matignon, 75008 Paris. christies.com
Le renouveau des salons Chanel
Le 31, rue Cambon, à Paris, est depuis plus d’un siècle l’adresse historique de Chanel. Là, la maison a demandé à Jacques Grange de revoir ses Salons Haute Couture. Murs blancs ou tapissés de miroirs, moquette en soie gris chiné, miroirs sorcières et tables d’appoint de Goossens, consoles en céramique émaillée blanche de Giuseppe Ducrot, guéridons en résine et verre de Marina Karella, canapés et fauteuils de toile blanche, suspensions en plâtre et bronze de Patrice Dangel, le décorateur a respecté l’esprit de Mademoiselle tout en lui insufflant sa propre poésie. M.B.
Salons Chanel, 31, rue de Cambon, 75001 paris.
Les plats coréens d’Antonin Bonnet
Le chef parisien de l’étoilé Quinsou tisse peu à peu sa toile dans le VIe arrondissement de Paris. Après La Boucherie Grégoire, dans la même rue, il vient d’ouvrir en ce début d’année Mamibaba by Quinsou, un restaurant entre street food chic et cuisine familiale coréenne, dont les plats bénéficient à la fois de l’expérience de l’équipe de Quinsou, des viandes excellentes de la boucherie, et du savoir-faire de l’épouse du chef, coréenne – dont Mamibaba est d’ailleurs le surnom. Témoin, ce Yughoe, tartare de boeuf au couteau relevé d’huile de sésame, poire nashi et feuille de shiso : un régal. M.B.
33, rue de l’Abbé- Grégoire, 75006 Paris. quinsourestaurant.fr
Le petit monde de Pierre Marie
Fidèle à sa passion pour le motif décoratif, le dessinateur ornemaniste expose ses dernières créations dans l’écrin de sa petite galerie du IXe arrondissement. Derrière la vitrine occultée par un paravent en vitrail où alternent soleils et entrelacs de rubans, on découvre un gracieux ensemble de sièges, miroirs et autres candélabres, théâtralement mis en scène devant un grand tapis au point plat d’Aubusson tissé à la main. Volutes et délicates arabesques ponctuent cette collection Lupara inspirée du palais du Louvre et d’un xviiie siècle fantasmé, librement réinterprétés dans une gamme de couleurs sourdes. Un univers décoratif qui renoue avec la tradition des ensembliers du xxe siècle. M.K.
La Galerie de Pierre Marie, 21, rue Victor- Massé, 75009 Paris.
Un canapé culte
« Lorsque je suis allé à New York pour la première fois, nota Gaetano Pesce, je l’ai trouvée pleine d’énergie, mais à ma visite suivante, j’ai senti que cette vitalité s’était affaiblie. J’ai pensé que c’était un signe de décadence. New York a certainement été la capitale du xxe siècle, mais [...] quelle ville sera celle du xxie ? » Pour traduire cette impression, en 1980, le designer créa le canapé Coucher de soleil à New York en mousse de polyuréthane. L’un des 42 exemplaires produits par Cassina jusqu’en 1992 surgit chez Artcurial, dans son tissu d’origine. L.M.
Design italien, le 13 avril chez Artcurial, 9, rond-point des Champs- Élysées, 75008 Paris. artcurial.com
La vente AD chez Piasa
Une tradition, désormais, que la vente orchestrée par la maison de ventes et l’équipe d’AD. Une première session célèbre maison Liaigre, regroupant 80 meubles et objets sur le thème « Maison d’été ». Agréable manière de fêter le retour des beaux jours. La deuxième partie propose à la fois du mobilier ultra contemporain et des modèles « vintage » des années 1970, 1980, 1990. Parmi lesquels la console en marbre d’Ettore Sottsass que voici, prête à partir dans sa caisse sur mesure fabriquée par ESI, groupe français spécialiste de l’emballage et du transport d’oeuvres d’art. À remarquer, aussi, dans le catalogue, un ensemble cosmopolite de céramiques : vases épurés de Wouter Hoste et tables d’appoint signées William Coggin ou Rino Claessens. Autant de productions qui ont le vent en poupe. L.M.
Le 22 avril, Piasa, 118, rue du Faubourg- Saint- Honoré, 75008 Paris. piasa.fr
Les meubles bruts et précieux de Gianluca Pacchioni
À découvrir absolument, les créations de cet artiste autodidacte italien qui célèbre les formes de la nature à travers l’utilisation du métal, de la pierre ou du béton. Fruits de longues expérimentations dans son atelier milanais, ses objets poétiques jouent le contraste entre rugosité et préciosité, comme ces petites tables Cremino dont le plateau en travertin rouge se pare d’une fine couche de métal tandis que la face inférieure, laissée brute, se reflète dans une plaque polie miroir, ou ces grands panneaux de bronze Fossile qui s’ornent de l’empreinte de plantes cueillies dans son jardin. M.K.
Galerie Negropontes, 14-16, rue Jean- JacquesRousseau, 75001 Paris.
Le musée Carnavalet comme neuf
Fermé depuis 2016 pour restauration, le plus ancien musée de Paris, riche de quelque 615 000 oeuvres, rouvre ses portes. C’est une muséographie complètement transformée qui nous est désormais offerte, avec en particulier un travail de mise en valeur des period rooms – dont la chambre de Marcel Proust qui bénéficie d’une nouvelle présentation. Une ambitieuse politique de restauration des oeuvres a aussi été entreprise, comme pour le décor de la salle de bal de l’hôtel Wendel par José Maria Sert, que l’on se réjouit d’admirer de nouveau. En photo, l’escalier de Luynes et son décor de Paolo Antonio Brunetti, datant de 1747. M.B.
Musée Carnavalet, 16, rue des Francs- Bourgeois, 75003 Paris. carnavalet.paris.fr
Une nuit au cinéma
C’est un rêve de cinéphile : un boutique-hôtel quatre étoiles dont chaque chambre est équipée d’un vrai écran de cinéma. Depuis son lit, sa baignoire, ou carrément sa salle de projection privative ( pour les suites ou sur réservation), on regarde le film de son choix, sélectionné sur les meilleures plateformes de VOD. Au printemps, la terrasse aménagée permettra de visionner un film en plein air. Imaginé par Nathanaël et Elisha Karmitz, ce fantasme, directement situé au-dessus du cinéma MK2 Nation, à Paris, a été mis en scène avec une simplicité efficace par la décoratrice Alix Thomsen. S. D.
Hôtel Paradiso, 135, boulevard Diderot, 75012 Paris. mk2hotelparadiso.com
Une collection unique
Conservateur, historien de l’art, ancien présidentdirecteur du Louvre, académicien, Pierre Rosenberg est aussi collectionneur – et notamment de petits animaux en verre de Murano, activité plus inattendue sur laquelle il s’ouvrit à AD en avril 2010 ( cf. AD no 91). Il prête aujourd’hui cette collection, pas moins de 750 pièces, de l’hippopotame aux insectes en passant par les poulpes (en photo) aux Stanze del Vetro, institution vénitienne qui la montre in situ, mais aussi à travers une visite virtuelle gratuite disponible sur son site. M.B.
The Glass Ark. Animals in the Pierre Rosenberg Collection, à partir du 22 mars au Stanze del Vetro, Fondazione Giorgio Cine, île de San Giorgio Maggiore, Venise. lestanzedelvetro.org